L’Observatoire (gouvernemental) de la Laïcité (ODL) vient de publier le 12 mai 2015 un avis sur l’Alsace-Moselle. Confirmant une fois de plus qu’il n’est là que pour éviter toute loi nouvelle en matière de laïcité, l’ODL écarte toute remise en cause globale du régime « local » des « cultes reconnus » – pourtant attentatoire à la liberté de conscience.
Des mesures utiles, mais essentiellement optiques, pour ne pas toucher au statut des cultes !
L’UFAL a lancé les pétitions « Laïcité sans exceptions », contre les statuts dérogatoires à la laïcité, puis « Restons Charlie ! Abrogeons le délit de blasphème sur tout le territoire de la République ». Elle ne peut qu’approuver les propositions de l’ODL pour l’abrogation de ce délit, ou la fin de l’enseignement religieux obligatoire à l’école publique.
En revanche, l’UFAL dénonce la reprise par l’Observatoire de la fable identitaire de « l’attachement » des « populations concernées » (sic) au statut local des cultes, tache sur la laïcité et l’unicité de la République.
De ce fait, trois des membres de l’Observatoire (apparemment les seuls laïques de conviction), Françoise Laborde, Jean Glavany, et Patrick Kessel, ont fait savoir, tout en reconnaissant quelques avancées, qu’ils n’approuvaient pas l’avis du 12 mai en l’état, en regrettant notamment qu’il « n’étudie pas les propositions visant à une sortie concertée et progressive du régime concordataire, proposées par un certain nombre d’associations. » De quoi s’agit-il ?
Le rapport du Collectif laïque pour la sortie graduelle et concertée du régime des cultes d’Alsace-Moselle
Le 5 juillet 2012 à Strasbourg, vingt-cinq associations membres du Collectif laïque (qui se réunit au Grand Orient de France) ont présenté des propositions pour l’application de la loi de 1905 en Alsace-Moselle, de façon graduelle et concertée. C’est le fruit d’un travail mené avec les associations laïques alsaciennes et mosellanes, ainsi que plusieurs personnalités qualifiées.
Ce rapport a été depuis remis en mains propres à l’Observatoire de la laïcité le 10 février 2014, lors de l’audition de trois membres du Collectif laïques1). Que n’a-t-il été lu ! L’ODL y aurait trouvé des pistes raisonnables mais sures, pour mettre un terme définitif, sans conflits inutiles, à une insulte à la République. Evidemment, par la concertation et en faisant confiance au temps. On eût au moins aimé que mention fût faite de ce rapport, quitte à contester ses propositions…
Plutôt que l’avis de l’ODL, qui fait la part belle aux arguties antirépublicaines des défenseurs du « localisme » (dont l’Institut du droit local, les responsables des cultes unanimes, etc.), nos lecteurs soucieux de comprendre ce qu’est le statut local des cultes, et comment on peut en sortir, se reporteront au rapport du Collectif laïque, qui n’a rien perdu de son actualité depuis bientôt 3 ans.
Et nous n’oublions pas que deux propositions de loi existent (Antoine Karam, sénateur, et Gabriel Cerville, député) pour mettre fin au régime dérogatoire des cultes en Guyane (église catholique obligatoirement financée par le département) : il serait opportun de leur donner les suites parlementaires qui s’imposent !
- Charles ARAMBOUROU (UFAL), Martine CERF (EGALE), Jean-Michel QUILLARDET (Observatoire international de la laïcité [↩]