Enquête « Attitudes sociales britanniques, religion et convictions » publiée le 4 septembre 20171
Les dernières données sur l’appartenance religieuse de l’enquête « Attitudes sociales britanniques » du Centre National des Enquêtes Sociales révèlent que la proportion de personnes en Grande-Bretagne qui se décrivent comme n’ayant aucune religion est à un niveau plus élevé que jamais.
Plus de la moitié (53 %) du public britannique se décrit aujourd’hui comme n’ayant « aucune religion », contre 48 % en 2015. La proportion de non-croyants a augmenté progressivement depuis le début de l’enquête, en 1983, où elle s’élevait à 31 %.
Le déclin de l’Église anglicane se poursuit
Le déclin de l’appartenance religieuse frappe de façon particulièrement dure l’église d’Angleterre. Seuls 15 % des Britanniques se considèrent anglicans, soit la moitié du pourcentage de ceux qui disaient l’être en 2000.
La proportion de personnes se présentant comme catholiques est restée relativement stable — de l’ordre de 1 sur 10 — au cours des 30 dernières années. Environ 1 personne sur 20 (6 %) appartient à des religions non-chrétiennes.
Les jeunes abandonnent la religion
La chute de l’affiliation religieuse a été déterminée, au moins en partie, par les jeunes. En 2016, sept sur dix (71 %) des 18-24 ans ont déclaré n’avoir aucune religion contre 62 % en 2015.
Le déclin de l’affiliation religieuse s’est produit dans toutes les tranches d’âge entre 2015 et 2016, mais chez les plus âgés, ceux qui n’ont pas de religion sont en minorité. 4 personnes sur 10 des 65-74 ans disent ne pas avoir de religion, pourcentage qui tombe à 27 % chez les plus de 75 ans.
S’agissant de l’église d’Angleterre, les jeunes y sont particulièrement sous-représentés. Seuls 3 % des 18-24 ans se sont décrits comme anglicans, contre 40 % des plus de 75 ans.Selon Roger Harding, responsable des études d’opinion publique au Centre National des Enquêtes Sociales :
« Cette augmentation suit une tendance à long terme : nous sommes de plus en plus nombreux à ne pas avoir de religion. Les différences selon l’âge sont très claires et avec tant de jeunes sans religion, il est difficile d’envisager que ce changement s’atténue à court terme. La chute des affiliés à l’église d’Angleterre est la plus remarquable, mais ces chiffres devraient inciter tous les dirigeants religieux à faire une pause pour réfléchir.
Nous savons de l’enquête sur les Attitudes sociales britanniques que les croyants deviennent plus libéraux en matière sociétale, sur les questions comme les relations sexuelles entre personnes du même sexe et l’avortement. Vu la chute des effectifs, certains responsables religieux pourraient se demander s’ils ne devraient pas faire plus pour prendre la tête de l’adaptation de leur communauté à l’évolution de la société. »
COMMENTAIRE : une nouvelle qui réjouira les athées, attristera les croyants, mais laissera de marbre les laïques.
La laïcité n’a pas pour objet le déclin des croyances : celui-ci relève des processus historiques et sociaux de la « sécularisation » (ne pas confondre). En revanche, les laïques exigent que les incroyants et « non affiliés religieusement » soient traités à égalité absolue avec les adeptes des divers cultes. Ce n’est pas le cas en Grande-Bretagne, puisque la Reine y est le chef de l’Église anglicane — à laquelle n’adhèrent que 15 % des habitants du royaume ! Le chiffre annoncé confirme toutes les enquêtes menées en Europe : en moyenne, plus d’un citoyen sur deux se dit sans religion (avec des écarts : 75 % en Suède contre 40 % en Pologne).
Les tentatives des institutions européennes (art. 17 C du Traité de Lisbonne), de la Cour de Justice et de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, visant à imposer la liberté de religion comme devant l’emporter sur toutes les autres libertés sont donc, non seulement contraires aux droits fondamentaux, mais en retard absolu sur l’évolution des opinions publiques et des réalités sociales. Autrement dit : rétrogrades.
8 commentaires
Dans les écoles, à tous les niveaux l’État doit prévoir un enseignement raisonné et enrichissant du civisme qui ne se réfère plus aux narratifs mythologiques concurrents et contradictoires qui cohabitent sur les territoires nationaux, désormais arc-en-ciel. Ainsi, la génération montante trouvera dans la sociabilité et la volonté de donner le meilleur de soi-même au bénéfice d’autrui une raison de vivre et la source d’une appartenance. Une identité civique et culturelle, on y trouve ce qu’on y apporte. La solidarité qui la fonde et l’éthique qui l’anime sont l’essence même de la fraternité identitaire.
Je suis laïque et cette information ne me laisse pas « de marbre », sans doute parce que je suis aussi athée et anticlérical… Je persiste à penser que toute personne peut mener son existence sans croire à quoi que ce soit et que les religions ont toujours été un frein à l’émancipation des individus.
Mais vous avez parfaitement le droit de penser ainsi : c’est même la laïcité qui vous permet en outre de l’exprimer. Mon titre est simplificateur, volontairement : mais admettez-vous que l’on puisse être croyant ET laïque ?
Bonjour. Je réponds à votre question : bien évidemment, je reconnais, – je défends, même -, le droit de tout un chacun de croire en Dieu. Je ne me permettrais pas de critiquer le choix qu’a chaque personne d’adhérer aux idées qui la séduisent (nous avons cette chance en démocratie) et les propos que je tenais ne valent que pour moi.
Cette fois, Charles Arambourou fait un constat que j’apprécie mieux. Reste tout de même, et encore, cette volonté de ne pas considérer comme une nécessité à la fois sociale, politique et culturelle, l’idée d’interdire l’endoctrinement religieux des enfants mineurs. Nos société sont parvenues à poser des dispositifs législatifs pour protéger les enfants de la séduction sexuelle des adultes. Cela a paru un temps, impensable. N’est-ce pas un fait similaire qui se reproduit concernant la possibilité de soustraire les enfants à l’endoctrinement religieux, au vu des dégâts que cela produit ? Enfin, n’y a-t-il pas une nécessité à clarifier la laïcité par le rappel sans équivoque de l’usage privatif des comportements religieux des citoyens, à propos des rituels et des pratiques ? Le citoyen est-il inquiété au sens de la loi, si la même loi lui signifie qu’il est reconnu comme étant libre de ses croyances, et que la pratique de celles-ci ne peut s’exercer que dans l’espace privé de sa vie personnelle ? Le souci de la protection des enfants contre les effets désastreux des idéologies religieuses sur leur mental, leur psychologie, leurs rapports à la vérité, à la science, à la cohérence, et sur la société, n’indique-t-il pas quels chemins il serait sage de prendre ?
Il est souvent mentionné la Grande-Bretagne, voire même l’Angleterre, pour désigner le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord qui est le seul et unique nom officiel de l’ensemble du pays, dans les médias français. L’Angleterre et la Grande-Bretagne, qui comprend aussi l’Ecosse et le Pays de Galles, sont des régions du Royaume-Uni.
Au temps pour nous ! Nous corrigerons donc à l’avenir. Mais avouez que ce n’est pas très simple : comment appeler les habitants du Royaume-Uni ? Les Royaumuniens ?
La liberté des parents de guider leurs enfants dans leurs choix philosophiques et spirituels est un droit reconnu (Convention des droits de l’enfant, et divers pactes internationaux). On peut penser ce que l’on veut des religions, mais lorsque ce droit est bafoué (en France du XVIème pour les protestants, et du Moyen-Age, pour les Juifs jusqu’au XVIIIème ) par un Etat imposant une seule conviction (religieuse ou athée, d’ailleurs), c’est la pire forme de l’intolérance… à laquelle la laïcité a mis fin !
La religion est certes une affaire privée (la foi, du moins), et ses organisations des associations de droit privé. Elle n’a donc pas à interférer dans la SPHERE PUBLIQUE (l’Etat et les collectivités et services publics). En revanche elle peut s’exprimer dans l’ESPACE PUBLIC (l’espace accessible au public : rue, magasins, parties de service publics accessibles, etc.), exactement comme n’importe quelle autre opinion (licite, bien sûr !) à condition de respecter l’ordre public et les droits et libertés d’autrui
Le souci de protection des enfants est le fondement de l’ECOLE PUBLIQUE, D’où la dangerosité de la multiplication des alternatives à celle-ci, lieux d’endoctrinement : écoles privées, enseignement à domicile.