La « Journée burkini » organisée par l’association « Smile 13 » dans un parc aquatique pour des femmes des quartiers Nord de Marseille n’aura pas lieu. Dommage, ça s’annonçait bien :

Une bigoterie aussi effarante ramène la France plus de 3 siècles en arrière (Molière, Le Tartuffe, 1669 : « Couvrez ce sein, que je ne saurais voir »). En revanche, l’annulation de cette joyeuseté par le club aquatique avec l’aval du maire pourrait bien se retourner contre la laïcité !
La République garantit la liberté des réunions religieuses qui ne troublent pas l’ordre public !
Il s’agit d’une manifestation privée, dans un lieu commercial privé : la neutralité religieuse ne peut donc aucunement être invoquée (contrairement aux activités organisées par des personnes publiques). En accordant la liberté de culte, et en reconnaissant la liberté de religion((Par la signature, en 1974, de la Convention européenne des droits de l’homme, qui inclut (art. 9-1) la liberté d’exprimer sa religion en public, sauf restrictions légales, légitimes dans une société démocratique, et proportionnées à leur but (art. 9-2).)), la République a renoncé à se prononcer sur le contenu des croyances ou la qualité des pratiques, à condition que l’ordre public soit respecté. De même que les cathos intégristes peuvent célébrer des messes en latin avec prêtres en soutane et laïcs((Avec un « C », comme il convient, quand il s’agit des chrétiens non clercs. Les laïQUEs sont des partisans de la laïcité…)) en chasubles frappées de la croix, les bigotes musulmanes ont bien le droit de se réunir affublées comme elles le souhaitent. C’est une liberté fondamentale, c’est la République.
En l’espèce, les atteintes à l’ordre public (menaces et insultes) viennent des adversaires de la manifestation, non de ses organisateurs : elles ne peuvent donc être invoquées contre l’exercice d’une liberté publique. Le sénateur-maire des Pennes-Mirabeau a renoncé à interdire l’évènement – ce qui eût sans doute été jugé illégal. Mais l’annulation de la journée par le club aquatique, annoncée le 9 août en accord avec le maire, a tout d’une « discrimination pour refus de fourniture d’un service à raison de la religion », prévue et sanctionnée par le code pénal((Discrimination, art. 225-1 et 225-2, dont la sanction peut aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.)).
En revanche, Smile 13 doit jouer franc-jeu ! Car quand sa trésorière déclare au Monde : « Nous sommes une association culturelle et sportive, pas cultuelle. », elle joue sur les mots. Mais l’exemple vient de haut, puisque c’est ce que fait régulièrement… le Conseil d’Etat, pour autoriser le financement public de lieux de culte, ou de manifestations religieuses((CE, 17 février 2016, subvention de la région Rhône-Alpes à la cathédrale d’Annaba (Algérie ; 4 mai 2012 : subventions de la ville de Lyon, du département du Rhône, et de la même région à une manifestation de l’association vaticane « Sant’ Egidio ».)) ! L’objet de Smile est « d’encourager les femmes à s’engager dans des actions communes et à contribuer à leur épanouissement notamment sur la vie sociale et culturelle, les loisirs et les sports. Mais également pour favoriser l’entraide et la solidarité entre femmes. » Sauf qu’il ne s’agit pas de n’importe quelles femmes…
Car Smile est l’acronyme de « Sœurs Marseillaises Initiatrices de Loisirs et d’Entraide ». Or « sœurs » exclut les non-musulmanes – pour ne rien dire de l’obligation de respecter la « awra ». Quant au site de Smile, il commence ainsi ses annonces : « As salam ‘alaykum wa Rahmatulahi wa Barakatu ». Pour les dons, « mobilisation de la oumma » (communauté des croyants). Les références religieuses sont omniprésentes, jusque dans les activités proposées : atelier cuisine Ramadan, cours d’arabe du Coran à la mosquée, piscine avec « tenue adéquate » (décrite plus haut !) – « mais soyez à l’aise quand même (sic) on est là pour se détendre » (défense de rire !)… Bref, il s’agit d’une association religieuse fermée.
Oui, c’est du communautarisme prosélyte. Oui, c’est d’une bigoterie rétrograde et militante. Et pourtant, rien de tout cela n’est interdit par la loi ! Smile 13 a donc saisi le « Collectif contre l’islamophobie en France » (émanation des Frères Musulmans((Organisation internationale dont l’objectif, depuis 1928, est le rétablissement du califat, rappelons-le…)) ), qui n’aura aucun mal à démontrer devant le juge l’illégalité dont elle est victime. Résultat probable : une victoire de plus offerte au militantisme islamiste ?
Amis laïques, manifestons, dénonçons, expliquons, donnons de la voix, mais ne permettons pas qu’on touche aux libertés publiques. Ne comptons pas sur la loi pour faire la chasse au communautarisme : il est à combattre, mais on ne peut l’interdire.
L’égalité hommes-femmes dans l’espace public n’est pas (encore) protégée par le droit !
Oui mais, que penser de l’image de la femme ainsi mise en avant ? Les activités proposées, loin de lui permettre de « se détendre », visent à l’enfermer dans des assignations sexuées à prétexte religieux (ignorées de la majorité des musulmanes en France), à l’interdire aux regards des hommes (sauf son mari), à la réduire à raser les murs et à s’exclure de la vie sociale voire professionnelle : tout esprit progressiste ne peut que se révolter au nom de l’émancipation et de l’égalité femmes-hommes !
Certes : mais il ne peut l’exprimer qu’à titre privé. Car aucune loi ne permet en la matière la mise en œuvre du principe –pourtant constitutionnel- de l’égalité entre hommes et femmes. Pire : le Conseil d’Etat a estimé que « le principe d’égalité des hommes et des femmes n’a pas vocation à être opposé à la personne elle-même, c’est-à-dire à l’exercice de sa liberté personnelle.((« Etude relative aux possibilités juridiques d’interdiction du port du voile intégral », adoptée le 25 mars 2010.))»
Position saluée par la CEDH, dans son arrêt du 1er juillet 2014 Sas c. France, relatif à la loi du 11 octobre 2010 dite « loi burqa » : « un État partie ne saurait invoquer l’égalité des sexes pour interdire une pratique que des femmes – telle la requérante – revendiquent dans le cadre de l’exercice des droits que consacrent ces dispositions, sauf à admettre que l’on puisse à ce titre prétendre protéger des individus contre l’exercice de leurs propres droits et libertés fondamentaux. »
On peut donc interdire à quiconque d’obliger une femme à se voiler, mais non empêcher celle-ci de le faire si elle dit le désirer. La question de savoir si ce désir est réellement sincère, libre et éclairé, ne sera évidemment pas posée : la « servitude volontaire » est ainsi protégée par le droit((De même que le droit de se livrer à des pratiques sadomasochistes – en privé, du moins. Mais si un individu était promené en laisse dans la rue par son/sa partenaire, même de son plein gré, bénéficierait-il de la même tolérance que les bigotes ensevelies ?)).
L’autre question taboue est celle de la pression ainsi entretenue sur les autres femmes, habitant les mêmes quartiers, ou supposés appartenir à la même communauté ethnique ou culturelle – autrement dit du prosélytisme militant que constitue cet affichage religieux extrême. Qu’il soit muet, de l’ordre du « passage à l’acte » ne change rien à l’affaire : l’objet est bien de concrétiser la oumma, par l’affichage collectif de signes auto-discriminants distinguant les « croyants » (supposés) des « mécréants ». La « liberté de religion » sert de paravent à une entreprise de monopolisation religieuse de l’espace social.
Or la CEDH, dans l’arrêt cité, n’a admis la « loi burqa » que de justesse, rejetant explicitement l’argument de l’égalité hommes-femmes (comme celui de l’ordre public), et ne retenant que « la préservation des conditions du “vivre ensemble” en tant qu’élément de la “protection des droits et libertés d’autrui” ». Ce « vivre ensemble » est une réponse bien faible((Comme l’ont fait observer les deux juges d’opinion dissidente (partisans, eux, d’une condamnation de la France).)) aux questions posées !
Citoyens des Etats signataires de la Convention, encore un effort pour être réellement féministes ! En 2016, au nom usurpé d’une « liberté de la femme de s’afficher inférieure » (et de chercher à l’imposer aux autres), on ne peut réaliser par la loi une véritable égalité hommes-femmes dans la vie sociale et l’accès à l’espace public((Au sens de la loi du 11 octobre 2010 : les voies publiques ainsi que les lieux ouverts au public ou affectés à un service public.)). Voilà un combat international à mener !
Protégeons d’abord la sphère publique, où même le comportement des usagers est réglementé !
Face à l’impasse du droit (car l’évolution des juridictions internationales, CEDH et CJUE((Cour de justice de l’Union Européenne, encore plus favorable à la liberté de religion que la CEDH.)) tend à privilégier la « liberté de religion »), que faire ? Certainement pas réclamer, comme le font la droite et l’extrême-droite, par pure posture politicienne, la multiplication des interdits et restrictions aux libertés – qui ne tiendraient pas cinq minutes devant un juge, même français.
Si le principe de laïcité ne s’applique qu’à la sphère publique, c’est là qu’il faut le défendre ! Car tout le monde a affaire, un jour ou l’autre, aux autorités et aux services publics. Or, comme l’a admis la CEDH à propos de notre hôpital public, c’est « un lieu où il est demandé également aux usagers, qui ont pourtant la liberté d’exprimer leurs convictions religieuses, de contribuer à la mise en œuvre du principe de laïcité (…) ; la réglementation française « y fait primer les droits d’autrui, l’égalité de traitement des patients et le fonctionnement du service sur les manifestations des croyances religieuses »((Cour européenne des droits de l’homme, 26 novembre 2015, Ebrahimian c. France)).
Ah, que Mme Vallaud-Belkacem n’a-t-elle réfléchi de la sorte, à propos des adultes accompagnateurs de sorties scolaires, au lieu de proclamer que « l’autorisation des signes religieux est la règle, l’interdiction l’exception » – formule juridiquement inexacte((Parce que les activités scolaires publiques, constitutionnellement laïques, font justement « exception » à la liberté religieuse.)), mais qu’affectionne l’Observatoire de la Laïcité… Les « mamans voilées » vont-elles pouvoir accompagner les sorties scolaires à la piscine en « Jilbab de bain » même si leurs filles y restent interdites de voile ? On nage… dans l’absurdité.
Pourtant, quelle meilleure occasion « d’intégration » (pour qui croit que c’est la question posée((A tort : par exemple, la trésorière de Smile 13 est une Française convertie…)) ), que d’apprendre à ôter ses signes religieux le temps d’un accompagnement scolaire ? La laïcité, ce n’est pas « il est interdit de porter un voile », mais « vous pouvez remettre le voile à la sortie ! » ; c’est l’apprentissage d’une « gymnastique civique » entre l’espace réglementé du service public, et l’espace civil, libre. La loi du 15 mars 2004 réglementant le port des signes religieux par les élèves de l’école publique a contribué à cette pédagogie pour des milliers de jeunes filles : qui peut aujourd’hui le nier ?
Mais aussi, quel meilleur obstacle au développement de l’intégrisme à base communautariste (le califat dans certains quartiers ?) que la préservation rigoureuse de la laïcité des services publics, qui s’applique y compris aux usagers comme l’a rappelé le Conseil d’Etat lui-même((Etude du 19 décembre 2013 demandée par le Défenseur des droits)) : « Pour les usagers, qui ne sont pas soumis à l’exigence de neutralité religieuse, des restrictions à la liberté de manifester des opinions religieuses peuvent résulter, soit de textes particuliers, soit de considérations liées à l’ordre public ou au bon fonctionnement du service ». Restrictions que la Haute Assemblée applique explicitement aux « parents d’élèves qui participent à des déplacements ou activités scolaires » – passage caviardé par l’Observatoire de la laïcité, et ignoré par Mme Vallaud-Belkacem !
En résumé, au lieu de multiplier les interdictions dans l’espace civil (la loi « burqa » a marqué la limite), sachons utiliser pleinement les restrictions qui s’appliquent dans la sphère publique, y compris aux usagers – et, bien sûr, exiger des agents et des services la neutralité la plus absolue. Vigilance d’autant plus nécessaire que même cette neutralité des agents publics français pourrait un jour être contestée au nom de la directive européenne contre les discriminations((Directive 78/2000 du 27 novembre 2000, transposée (incomplètement) en droit français par la loi du 27 mai 2008. Voir allusion de l’avocate générale Sharpston devant la CJUE le 13 juillet 2016 dans l’affaire (pendante) Asma Bougnaoui (salariée voilée licenciée par une entreprise informatique française).))…
Quant à l’émancipation de la femme, elle n’a surtout rien à attendre des activités communautaristes qui visent juste à aménager sa prison. Au lieu de la formation des imams, c’est de la relance de l’éducation populaire tournée vers l’ensemble de la population, à commencer par les « quartiers », que devraient se préoccuper les pouvoirs publics – or les vivres ont été coupés aux associations de terrain pour motifs budgétaires. Et les partisans de l’égalité femmes-hommes ne devraient-ils/elles pas s’investir davantage((« Davantage », car bien des associations le font déjà, mais en nombre et avec des soutiens insuffisants.)) dans l’éducation populaire, et auprès des femmes qui en ont le plus besoin – voilées ou pas ? C’est dans les consciences individuelles que se perd ou se gagne le combat laïque.
18 commentaires
Et vous vous prétendez laïques!!!!
Nous SOMMES laïques. Donc nous défendons les libertés publiques et privées, dont la liberté de réunion et d’affichage religieux fait partie. Donc nous défendons AUSSI la nécessité de faire bouger le droit européen sur la question de la « servitude volontaire » des militantes du voile islamique et la pression qu’elles imposent aux autres femmes. Donc nous dénonçons le fait que la République ait abandonné les « quartiers sensibles » aux associations communautaristes, et retiré bien des subventions aux associations laïques. Que voulez-vous de plus ?
Les islamistes pratiquent la politique de tu me prête ta main je te prends le bras.
Leurs but est de banaliser une certaine rhétorique islamiste dans la société française, pour la transformer en douce.
Pas trop d’accord avec votre point de vue sur le fait qu’il s’agirait d’une manifestation privée. Certes, le lieu a été privatisé, mais la manifestation n’était pas privée, puisqu’elle ne se tenait pas sur invitations personnelles, mais était, au contraire, annoncée publiquement par des flyers, était donc sensée être ouverte à tous et annonçait un prix d’entrée. Indépendamment de la privatisation du lieu, il s’agissait donc bien d’un événement public, et non privé. Or, il existe les articles 225.1 et 225.2 du code pénal sanctionnant très exactement les discriminations annoncées ici : interdiction d’entrée aux hommes, notamment. Par conséquent, nous avions tous les éléments juridiques permettant d’interdire cette manifestation. Mais encore faut-il que ceux qui sont chargés de faire appliquer les lois connaissent ces lois. Encore faut-il ne pas fausser le débat et se laisser enfermer dans les faux procès en islamophobie dont le CCIF est un champion avéré. Accessoirement, ai-je le droit de privatiser un lieu pour y organiser un événement annoncé par des flyers et prévoyant un prix d’entrée, événement que j’interdirai, par exemple, aux Juifs, aux Noirs et aux Arabes (j’ai failli oublier les homos…), sous prétexte de ne pas heurter la sensibilité des autres participants ?
Permettez-moi de corriger deux erreurs de droit.
1) la manifestation est privée dès lors qu’elle se déroule dans un lieu privé, et que les conditions (financières et… vestimentaires) sont strictement énoncées (n’importe quel badaud ne peut pas y participer !). L’existence d’un prix d’entrée n’a que des conséquences fiscales éventuelles. Serait publique une procession ou une prière de rue, par exemple, car se déroulant dans l’espace public.
2) il n’y a strictement aucune discrimination à organiser un événement réservé aux femmes (ou aux hommes), comme l’énonce l’art. 225-3, 4° du code pénal, dont les interdictions ne s’appliquent pas : « 4° Aux discriminations fondées, en matière d’accès aux biens et services, sur le sexe lorsque cette discrimination est justifiée par la protection des victimes de violences à caractère sexuel, des considérations liées au respect de la vie privée et de la décence, la promotion de l’égalité des sexes ou des intérêts des hommes ou des femmes, la liberté d’association ou l’organisation d’activités sportives ; » Comme vous le voyez, ce ne serait donc pas le cas d’une manifestation interdite aux Juifs, aux Noirs, aux Arabes, ou aux homosexuels. En revanche, chacune de ces catégories est libre de constituer des associations fermées, au nom par exemple de la défense des victimes du racisme ou de l’homophobie.
Merci pour votre réponse. Je ne suis pas spécialiste du droit, et je constate seulement que tout le monde n’a pas la même position juridique sur cette question. Néanmoins, si vous avez raison, cela signifie que, dans ce genre de cas, nous ne pouvons agir que d’un point de vue « moral », et que donc, nous avons déjà perdu la bataille, car ils (les islamistes et leurs affidés »), n’en ont rien à « cirer », bien au contraire, puisqu’ils ne cherchent qu’à provoquer toujours davantage notre laïcité et que notre « morale » et nos valeurs républicaines les font bien rigoler (sauf quand il s’agit pour eux de les utiliser au profit de leur cause). Sauf sursaut rapide et adaptation de notre état de droit afin de combler toutes les failles dans lesquelles ces obscurantistes ont appris à se glisser, je crains donc que Michel Houellebecq n’ait finalement raison : La soumission nous guette.
Vous avez bien compris le problème. Je partage l’idée qu’il faut modifier notre état de droit, ou plutôt son interprétation, qui, sous l’influence du multiculturalisme et du relativisme anglo-saxon, tend à faire de la liberté de religion un tabou, un droit surplombant tous les autres. De même, il faut cesser d’avoir peur de caractériser le port ostensible et orchestré de tenues religieuses comme du prosélytisme contraire à la liberté d’autrui (les autres femmes supposées musulmanes d’abord!). La fable de Houellebecq (dont je ne partage pas les idées par ailleurs) est assez astucieuse.
Nous sommes tous innocents d’exister. Tous sans exception. Cette absence de responsabilité concernant l’initiation de notre existence implique l’innocence de tous nos actes pendant notre existence.
Nous sommes tous innocents de l’existence de notre corps. Nous sommes tous innocents des constituants de notre corps. Nous sommes tous innocents de la dimension de notre cerveau. Nous sommes tous innocents du fonctionnement de notre cerveau. Etc.
http://chandicapant.blogspot.fr/2016/07/linnocent-et-lobligation-dexister.html
Ça ne vous dérange pas d’insulter ces femmes en les traitant de « bigotes » et autres insultes rabaissantes? Quand vous dites « que penser de l’image de la femme ainsi mise en avant ? », comment pouvez vous oser vous arroger le droit de les juger sur leurs croyances?
La laïcité, ce n’est pas respecter les religions en tant que telles, c’est respecter le droit de chacun d’user de sa liberté de croire ou non, de pratiquer les rituels ou les pratiques qui lui conviennent, de vivre sa vie comme ça lui chante, dans le respect des lois et de l’égalité prévues par la Constitution.
Iriiez vous traiter les naturistes d' »exhibitionnistes décadents » parce qu’ils se balladent tous nus? J’ai entendu ce genre de réflexions quand j’allais dans des camps naturistes, privés et fermés aux non-naturistes.
En tant que femme française, libre, vivant dans un pays laïque, je ne vous reconnais pas le droit de m’insulter en insultant ces femmes ni de nous expliquer – à nous, les femmes – comment nous devrions nous comporter pour vous plaire.
Je n’ai pas à plaire à M. Charles Arambourou (si c’est votre vrai nom) et mes amies musulmanes, juives, hindouistes ou catholiques non plus.
Et quand vous écrivez : « On peut donc interdire à quiconque d’obliger une femme à se voiler, mais non empêcher celle-ci de le faire si elle dit le désirer. La question de savoir si ce désir est réellement sincère, libre et éclairé, ne sera évidemment pas posée : la « servitude volontaire » est ainsi protégée par le droit », permettez à la juriste que je suis de vous faire remarquer que vous parlez ainsi avec une autorité toute masculine au nom des femmes que vous considérez comme trop sottes, trop croyantes, en bref trop inférieures à vous, cher mâle qui sait ce qui est bien pour nous mieux que nous, les femmes.
Votre billet pue le mépris des femmes et la haine de la différence. C’est un billet de fanatique qui prétend détenir la vérité. Ça n’a rien de laïque.
Dominique, libre-penseuse
Chère Madame,
Vous donnerez acte à l’UFAL, je pense, que votre mail insultant n’a pas été censuré. Mieux, j’y réponds –moi qui m’appelle bien Charles Arambourou, nom à consonance non française dont je suis fier.
1 – Vous-même, en revanche, avez quelques lacunes en français puisque vous considérez le terme « bigotes » comme « jugeant la croyance » –erreur que normalement un élève de 1ère commet plus s’il a étudié Le Tartuffe ou l’Imposteur de Molière (1669). Car « bigot/bigote » désigne, depuis le Moyen-Âge (1155 selon Robert), non pas un croyant, mais un personnage manifestant « une dévotion outrée et étroite » et donc suspect d’hypocrisie : « Cy n’entrez pas, hypocrites bigots… » (Rabelais). Et écoutez donc « Les bigotes », de Brel.
Le terme est certes dépréciatif, mais les croyants sincères ont toujours été les premiers à l’utiliser pour distinguer la vraie foi des pratiques ostensibles, qui se prévalent de la religion pour mieux s’en prendre à autrui et le dénoncer comme « mécréant » s’il est discret et ouvert. Le Tartuffe de Molière visait effectivement les bigots POLITIQUES de la Compagnie du Saint-Sacrement… qui l’ont fait interdire : la pudibonderie « outrée » (« Couvrez ce sein… ») sert de couverture à un escroc manipulateur.
CE QUI HEURTAIT MOLIERE (libre-penseur, sans doute) AU XVIIEME SIECLE, DE LA PART DU PARTI DES BIGOTS CATHOLIQUES, VOUS NOUS PROPOSEZ DE L’ACCEPTER AU XXIEME QUAND LA BIGOTERIE EST MUSULMANE ?
2 – Vous avez de plus mal lu (ou mal compris) mon article, puisque j’y défends comme vous le droit, pour ces bigotes, de se réunir entre elles dans un lieu privé –exactement comme les cathos intégristes que j’évoque (je n’ai cité que des hommes, cela vous aura aussi échappé ?).
En revanche, vous prétendez m’interdire le droit de critiquer les comportements religieux ? Or cette liberté est aussi fondamentale que celle de pratiquer un culte : vous êtes une « libre-penseuse » bien étrange ! Je vous conseille d’ailleurs de fréquenter, outre les adeptes des différents cultes que vous citez, des athées, des agnostiques, des pastafariennes, des indifférentes, … et même des libres-penseuses (cela vous changera).
3 – Vous affirmez être juriste (sans doute l’êtes-vous autant que libre-penseuse ?). Auquel cas je vous mets au défi de trouver dans mes propos le moindre écart par rapport au droit en vigueur, interne et européen. Quant à votre contestation de mon approche (« la servitude volontaire ») par des considérations ad hominem (ou plutôt, ad virum), vous devriez savoir qu’elle n’est recevable ni en droit ni en philosophie ! Depuis quand l’appartenance à un genre (que l’on ne choisit pas…) disqualifierait-il quiconque pour s’exprimer sur la liberté des êtres humains ?
4 – C’est bien votre propre propos qui charrie le mépris des femmes et la haine de la liberté. La religion n’est qu’un prétexte. Vous voulez ignorer que dans le monde, des millions de femmes sont soumises à la dictature patriarcale qui les oblige à s’ensevelir, à se cacher sous des voiles, qui leur impose les mariages forcés, qui les punit de mort (crimes d’honneur, adultère, viols subis), qui les excise et les infibule pour leur interdire tout accès au plaisir, etc. Que le motif invoqué soit « la coutume » (ah, que c’est beau « la différence » qui permet d’exciser les petites filles !) ou « la religion » (dans ses versions les plus rétrogrades), ces croyances servent bien la domination masculine : encourager les femmes à y adhérer, et sous leurs formes les plus extrêmes (Smile 13), c’est perpétuer cette servitude en la rendant volontaire.
Que faites-vous donc de toutes les femmes, de plus en plus nombreuses, qui se battent pour s’arracher à cette domination (et arracher le voile, notamment), pour contester cette infériorité forcée ? Jusqu’à certains hommes qui, en Iran, se mettent à porter le voile pour protester contre l’infériorisation sociale de leurs compagnes… C’est simple, vous les insultez, du haut de votre confortable relativisme culturel (tout occidental) ! Evidemment, vous ne risquez rien, sans doute trop éloignée de l’enfer communautariste : mais je voudrais vous y voir, soumise aux injonctions des mâles des quartiers et de leurs complices bigotes. Vous changeriez certainement de point de vue pour réviser votre féminisme allégué.
5 – A l’UFAL, nous avons le souci de l’émancipation de tou.te.s, et nous considérons qu’il y a matière à éducation populaire pour ces femmes (« voilées ou non », je l’ai écrit !) des quartiers nord de Marseille. C’est même un défi pour la République. Or avec les associations de type Smile 13, c’est au contraire l’enfermement communautariste dans les pratiques les plus étroites, les plus ridicules, et les plus sectaires, qui leur est proposé. Qu’elles n’aient pas d’autre choix que de s’exclure de la société et de pratiquer la bigoterie doit nous interpeller.
L’interdiction dans l’espace public (voire totalement privé visible de l’extérieur) de toute manifestation ostensible de son appartenance religieuse par le port de tenues ou de signes me convient parfaitement!
En effet, et à la demande des musulmans, l’interdiction d’être torse et cuisses nus (surtout pour les femmes) se répand même sur les plages non surveillées jusqu’en Bretagne.
Actuellement, la mairie de Montpellier refuse toujours de me faire part de ses restrictions vestimentaires, y compris dans les terrains, piscines, balcons-terrasses et pièces totalement privées visibles de l’extérieur alors que la répression de « l’exhibitionnisme sexuel » , selon sa propre qualification, des torses et cuisses est la première priorité du parquet.
Or, dans ce genre de parc, les « clients » sont forcément visibles de l’extérieur!
Aussi , je ne comprends pas pourquoi ces femmes pourraient s’y exhiber en tenue religieuse au vu de l’extérieur, alors que je ne peux toujours pas « exhiber sexuellement » mon torse et mes cuisses ni sur ma terrasse, ni dans mon jardin, ni dans ma piscine car mes voisins des immeubles alentours peuvent m’y voir et me dénoncer aussitôt au parquet!!!
La manifestation de son appartenance religieuse dans l’espace public (rue, magasins) est une liberté fondamentale (Convention européenne des droits de l’homme, art. 9-2). Elle ne peut être limitée que par des considérations tenant à l’ordre public, à la sécurité, à l’hygiène, et aux libertés d’autrui (dont le « vivre ensemble » selon la CEDH…). Voilà ce qui convient parfaitement à un Républicain (mais on a le droit de préférer les interdits visant une seule religion…).
En revanche, chaque citoyen est également libre de manifester sa désapprobation avec les manifestations religieuses envahissantes et ostensibles, de tourner en dérision ces pratiques (attention ! sans s’en prendre aux personnes…), voire de « blasphémer » : c’est une autre liberté fondamentale.
Il est faux de prétendre qu’il existerait sur les plages de Bretagne des interdits sur l’exhibition du torse et des cuisses, surtout pas « à la demande des musulmans » (dont la majorité s’en moque). Quant à Montpellier, vous n’êtes pas suffisamment explicite : chacun a a priori le droit de se baigner en slip dans sa piscine privée, ou de bronzer en maillot dans son jardin, et le regard des autres peut au contraire constituer une atteinte à la vie privée. Il est en revanche, c’est vrai, interdit dans un certain nombre de villes de paraître torse nu dans l’espace public, notamment la rue et les magasins.
Mais il ne s’agit en aucun cas de la même chose avec les tenues vestimentaires des extrémistes musulmanes. Rien n’interdit en effet d’être trop vêtu et de cacher son corps (à l’exception du visage, loi du 11 octobre 2010). Il n’y a pas atteinte à l’ordre public. Je regrette que sur ce point le droit et surtout son application ne protègent pas mieux la liberté des femmes, l’égalité hommes-femmes, et hésitent à caractériser le prosélytisme que représente le port ostensible des tenues religieuses outrées.
« le regard des autres peut au contraire constituer une atteinte à la vie privée. »
Ce n’est pas du tout la position de la « justice » à Montpellier, où même la prise et la diffusion de photos est autorisée, voire en France!
« Il est faux de prétendre qu’il existerait sur les plages de Bretagne des interdits « ,
j’ai précisé les plages non surveillées! (ce qui est encore plus stupide car plus fréquentées)
« surtout pas “à la demande des musulmans” (dont la majorité s’en moque). »
C’est pourtant un musulman qui a tout déclenché pour moi en 2000 en se plaignant de ma tenue de bain sur un parc littoral….
Depuis, çà n’a pas cessé de s’aggraver!
« Rien n’interdit en effet d’être trop vêtu »
Alors pourquoi les chrétiens ont-ils été « défroqués » en France!?
En quoi la Convention européenne des droits de l’homme est-elle laïque!?
A part les musulmans, tous les croyants respectaient partout la laïcité avant en France. Encourager l’exhibitionnisme religieux en public est un grand pas en arrière qui explique l’affrontement actuel à mon avis.
En tout cas, moi je n’ai jamais été libre de porter ma tenue et maintenant je n’ai même plus le droit de me baigner en maillot de bain même dans ma propriété privées de Montpellier (alors qu’ailleurs si!)!!!
Je rappelle que nous sommes conçus et naissons génitalement nus et pas en burqa!
Vous faites des allusions trop imprécises à des situations que je ne connais pas, que ce soit en Bretagne ou à Montpellier. Je vous suggère de nous envoyer des décisions, articles, ou actes administratifs, précis directement sur le site de l’UFAL : je serais vivement intéressé d’en prendre connaissance. En tout cas, les faits tels que vous les rapportez me paraissent juridiquement très contestables !.
Bigotes musulmanes ….
Avec un tel titre, j’ai eu très envie de lire … Digne de Brel ou Rabelais …Quel style et quel fond ! De quoi lever le voile sur de fichues questions bel et bien d’actualité !
– Oui, je retiens d’autant mieux la conclusion de cet article qu’elle pose bien la question difficile de la conjugaison de la Liberté et de la laïcité, voire de l’« éducation à la citoyenneté » des femmes dans notre République.
Les femmes qui proposent l’épanouissement de leurs semblables dans de telles circonstances et activités ne sont pas dupes du prosélytisme qu’elles y développent.
Quant à celles qu’elles séduisent, le chemin qu’elles suivent n’est autre que celui du communautarisme, frein essentiel à leur épanouissement au sens où le revendiquent les femmes qui se mobilisent depuis tant d’années sur ces questions.
-Oui, l’émancipation de la femme n’a rien à en attendre !
Ni juriste, ni écrivain, juste militante des droits et libertés des femmes depuis toujours, je vous invite à admirer cette merveilleuse photographie intitulée « Disparition », la yéménite Bushra Almutawakel voulait montrer en 2009 que les femmes sont condamnées à la noirceur et à l’invisibilité, étape par étape…..
Une militante …
@ Charles Arambourou
Je regrette de ne plus avoir la possibilité de vous répondre à votre commentaire sur l’article précédent : « Ne pas sacrifier la laïcité sur l’autel du terrorisme ».
Je ne doute pas que ce commentaire m’était adressé car il suivait immédiatement le mien .
Pour reprendre vos propos : « La théorie du complot fait décidément des ravages . Donc il n’y a pas eu d’attentats et les 85 morts de Nice sont bien vivants (enlevés sans doute par des extra-terrestres). Il existe bien des athées stupides .
Pour qui roulez-vous dans la réalité Mr Arambourou ?
1/Athées stupides ? Tenteriez-vous d’opposer cette catégorie contre celle de croyants intelligents et érudits ?
2/ Pour ma part , je n’ai jamais prétendu dans mon commentaire que ces 85 morts n’existaient pas .
3/ Quelle différence faites-vous dans votre apparente érudition des méandres politiques , de ces morts victimes d’une orchestration politique avec la complicité de barbouzes , comme par exemple ceux de la gare de Bologne en Italie en 1980 qui fit également je crois 85 morts et où ensuite la complicité des services secrets italiens a été avérée par la justice .
Croyez-vous que la politique française soit exempte d’utiliser de telles méthodes pour aboutir à ses buts ? Croyez-vous encore qu’elle fut à travers toute son histoire ,un exemple de probité ?
Il n’y a que « certains » français pour croire de telles légendes , plus enclins à faire preuve de cécité chronique au nom de quelques intérêts personnels ou de quelques miettes de pain sous la table .
Enfin ,croyez-vous que les politiques qui ont prévalu sur cette planète depuis des siècles et dont les pays occidentaux ont une grande part de responsabilités , croyez-vous qu’elles soient l’apanage serein des peuples qui la composent majoritairement . Non , elles sont toujours le chaos et le mal invétérés , orchestrés par les mêmes oligarchies depuis des siècles .
J’avais coutume de suivre régulièrement votre site , mais depuis votre commentaire « intelligent » , je pense qu’il m’appartient d’être un peu inquiet sur la sincérité de certains membres et sur le présent et le devenir de l’UFAL .
Quant à penser que vous publierez ce commentaire , j’ai trop l’habitude d’être censuré pour me faire quelques illusions inutiles et stériles .
Cordialement
A l’UFAL, on ne censure pas, vous en avez la preuve ci-dessus !
A vrai dire, mon commentaire visait moins votre message que celui de la dame qui vous précédait, lequel me paraissait relever des délires de la théorie du complot et affirmait l’athéisme de son auteure, auquel faisait allusion ma mention des « athées stupides » (citation du pasteur James Anderson, 1723).
Il se trouve que pour des raisons qui m’échappent (peut-être une mauvaise manipulation de ma part ?) mon commentaire a été posté sous le vôtre.
Je n’ai pas plus que vous la naïveté de croire que notre politique étrangère et nos services secrets soient sans reproche. Daesh, ne l’oublions pas (tout comme les Talibans beaucoup plus tôt), est une création de la politique étatsunienne, un « produit fatal » des manipulations tentées pour contrôler, ou plus vraisemblablement déstabiliser durablement des régions entières. L’effet boomerang nous frappe à notre tour, ce n’est pas faux.
Cela dit, le terrorisme actuel en France est sans rapport avec les « années de plomb » italiennes, et dépasse de très loin nos manipulations de politique interne. Mais je ne pense pas, contrairement à vous, que les « oligarchies » (lesquelles ?) soient « les mêmes depuis des siècles » : justement, elles ont changé.
Ne vous inquiétez donc pas pour la sincérité des membres de l’UFAL.
Cordialement
Merci d’avoir rectifier le tir et d’avoir eu le courage de ne pas me censurer ; ce qui par les temps actuels est assez rare pour être souligné .
Désolé d’avoir eu la dent un peu dure avec vous , mais cette dureté de ton n’a d’égale que les atteintes croissantes au bon sens couramment rencontrées sur différents sites Internet .
Quant aux oligarchies , je maintiens qu’elles n’ont pas changé et gravitent toujours autour du Dieu POGNON .
Quelque soit le siècle , les hiérarchies religieuses , toutes confessions confondues (avec la complicité sous-jacente des monarchies et des aristocraties) ont toujours le vent en poupe pour la déstabilisation et l’intensification du marasme mondial aux détriments de tous les peuples .
Les « processions » traditionnelles au Vatican de nos hommes politiques de tous bords ne peuvent malheureusement que confirmer la très probable implication et ingérence de la religion sur la scène politique non seulement nationale mais aussi internationale .