Suite aux dernières publications de l’UFAL sur le plafonnement des allocations familiales, de nombreux lecteurs ont réagi :
- Le plafonnement des allocations familiales, une grave remise en cause de la cohésion sociale entre les familles, par Olivier Nobile
- Avec la fin de l’universalité des allocations familiales, c’est la protection sociale solidaire qui est mise en danger, par Christian Gaudray
- Pourquoi l’UFAL s’oppose au plafonnement des allocations familiales, par Olivier Nobile
Voici une sélection de quelques courriers :
Commentaire de Yves Gueydon
J’ai lu avec intérêt votre article sur le plafonnement des allocations familiales.
Si les arguments que vous défendez en faveur du non-plafonnement peuvent très bien se comprendre, je reste néanmoins dubitatif ; vous parlez des classes moyennes et d’un risque d’aggravation de leur situation financière, eux qui paient déjà une grande partie des impôts ; mais qui sont véritablement ces classes moyennes ? n’y a-t-il pas parmi eux de grandes disparités, entre ceux qui gagnent plus de 10 000 euros/mois, voire beaucoup plus, et ceux qui plafonnent à 3000-3500 euros/mois (je parle de salaires) et qui sont la très grande majorité.
Pourquoi ne pourrait-on pas plafonner les allocations familiales, par exemple au-dessus de 4-5000 euros/mois ?
Quant à la redistribution des revenus qui doit passer prioritairement par le système de l’impôt progressif sur les revenus, je suis d’accord ; on pourrait commencer d’ailleurs par supprimer le quotient familial qui réduit les recettes de l’État de 15 milliards/an et qui bénéficie pour 45 % au dixième le plus aisée des familles (cf. revue alternatives économiques avril 2013) ; et cela permettrait d’augmenter les minimas sociaux qui restent exagérément bas : près de 10 millions de Français, au-dessous du seuil de pauvreté et ça ne cesse de grimper avec l’augmentation du chômage et de la précarité du travail, et des fins de droits !
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Commentaire d’Edwige Brun
Je suis complètement d’accord avec vous. Il s’agit de répartir entre ceux qui ont des enfants et ceux qui n’en ont pas pour un même revenu.
Certains continuent le raisonnement et projettent de rembourser la maladie selon les revenus. On cotiserait plus, mais on percevrait moins ! Qui acceptera ?
Je regrette qu’il n’y ait pas de proposition pour revenir à un impôt sur le revenu incluant tous les revenus et plus progressif (12 tranches).
Tous les revenus devraient être imposés pour tous y compris les politiques, les journalistes, les entrepreneurs, les majorations de retraites pour enfants.
Pourquoi plafonner le quotient familial des enfants et pas des conjoints qui ne travaillent pas !
Il est temps de poser la question de l’injustice des salaires des fonctionnaires et des impôts dans les DOM-TOM.
Il est temps aussi que les politiques se soumettent au même régime de retraite que les autres catégories.
Non aux paradis fiscaux et à tous les privilèges au lieu de saucissonner les réformes des prestations, de la fiscalité et des retraites au détriment des classes moyennes.
Merci pour vos analyses.
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Commentaire de Pierre Ruscassie (rédaction de Démocratie & Socialisme)
Je n’ai pas de désaccord de principe avec les deux articles d’Olivier Nobile qui s’opposent au plafonnement des allocations familiales évoqué par François Hollande. Mais, j’attendais une argumentation directe et simple pour expliquer pourquoi la démocratie sociale s’oppose à tout plafonnement et à tout conditionnement des prestations et allocations qui substitueraient la charité à la justice.
En effet, l’argumentation qui tente de justifier un tel plafonnement ou un conditionnement par le niveau de revenu des bénéficiaires, consiste à dire que les plus riches ont moins besoin ou n’ont pas besoin des mêmes prestations et allocations que les moins riches ou que les plus pauvres, puisqu’ils ont des revenus suffisants pour subvenir à leurs dépenses. Ainsi, il faudrait donner seulement à ceux qui en ont besoin et surtout à ceux qui en ont le plus besoin : ce serait justifié par la nécessité de redistribuer les richesses. Ce serait effectivement une forme de redistribution, mais ce serait de la charité. Ça permettrait de sortir la tête de l’eau, de ceux qui allaient se noyer, mais ce ne serait pas assurer le respect des droits universels reconnus. Ce serait redistribuer en accordant un accès inégal aux droits, ce ne serait pas respecter la justice et la dignité de chacun.
En revanche, la justice exige l’égalité des droits et elle assure la redistribution des richesses par des contributions fiscales et des cotisations sociales progressives ou, au moins, proportionnelles. En conséquence, l’argumentation que j’attendais, en faveur d’allocations égales pour tous, se résume à : « les droits sont égaux, pour être universels ; les devoirs sont inégaux, pour être redistributifs ».
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Commentaire de Hugues Beyrand
Je me présente : salarié de 55 ans ayant eu des mandats interne à mon entreprise et externe. Père célibataire avec 2 enfants en garde partagé (19 et 16 ans).
Votre démarche est clairement jusque boutiste. Je m’explique, vous remontez au CNR c’est super et montrez votre culture sincèrement bravo. Avant de vous donner mon avis avez-vous pris en compte les 14 millions de pauvres de notre pays ?
- 1) salaire unifié, pouvez-vous le défendre encore ? Dans mon entreprise du secteur de la recherche 50 % de la population ont un contrat CDI de chantier donc intérimaire et + 65 % d’ingénieurs. Oui vous lisez bien des « tâcherons » ingénieurs. Leur vie un contrat de 14 mois et ensuite ? Pour conclure pendant 14 mois. Au cours des discussions bien souvent ils sont suivis du chômage.
- 2) Oui, le MEDEF veut annuler toutes ces cotisations sociales c’est pas nouveau et de plus les pouvoirs politiques leur donnent raison… Mais le rapport avec le plafonnement pas plus que cela.
- 3) La sécurité sociale est attaquée depuis 1995 et si nous voulons la pérenniser c’est clair au niveau de notre pays, mais aussi au niveau européen. Et là vous avez un rôle à jouer en tant qu’association si nous voulons réussir une nouvelle couverture sociale des SALARIÉES cela se gagnera au niveau de l’EU.
- 4) Vous ne pouvez plus dire cela. L’IR est un système loin de redistribution comme vous le dites. Mais aussi les AS peuvent y participer.
- 5) Arrêtez de défendre « les privilégiés » et j’en fais partie. Je m’explique, à cette heure ceux qui ont un vrai CDI ont de la chance. Nous devons aider au maximum les citoyens précaires. Et les aider avec un plafonnement des Aloc Familiale MAIS avec répartition immédiate aux salariés plus démunis. Je vous dis oui avoir un salaire supérieur a 2500 € par mois sur 10 ans on fait partie des riches… venez discuter dans les entreprises. Je vous trouve populo en prenant en exemple le salaire des footeux. Montrons le salaire des patrons public aussi des régimes spéciaux des parlementaires et de certains HAUTS fonctionnaires…
- 6) Ce qui divise en premier les Français c’est le travail en avoir avec visibilité à long terme ou pas.
À mon avis se battre contre le chômage est plus utile pour défendre notre système de prestation sociale. Que de vouloir faire un combat d’arrière-garde pour garder un privilège pour un pauvre % de salarié bientôt a la retraite. Que laisserons-nous aux générations futures…
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Commentaire de Corinne Garnier
Pourquoi je suis pour le plafonnement des allocations familiales :
Si un ménage perçoit un revenu important, il peut faire des choix en faveur de ses enfants que ne pourront jamais faire d’autres familles voire des choix que l’UFAL ne devrait apprécier (inscrire son enfant dans une école privée par exemple). L’UFAL ferait mieux de défendre les familles monoparentales. Je vous donne un exemple. J’élève seule mon fils depuis 16 ans. Il est cette année, en internat en lycée public pour un choix d’option (coût : 1400 pour l’internat + 500 pour le train). Mon salaire est de 2000 € nets et je perçois 88 € d’API. Je n’ai pas de bourse et pas d’autres aides à par 150 € annuels d’aide de la commune pour les trajets. Il arrête l’internat l’an prochain, je ne peux pas payer.
Pourquoi aider les familles monoparentales :
parqu’il faut être présent pour tout ; le ménage, les repas, l’entretien du linge, les papiers administratifs et démarches, les réparations petites et grandes (wc bouchés, pneu de vélo crevé, fuites…), courses, relations avec les artisans pour les travaux, voiture au garage, 24h/24 et 7j/7 et surtout être présente pour mon fils, je suis épuisée et je n’ai pas la possibilité de prendre quelqu’un pour m’aider, car je n’ai pas droit à des allocations. Alors, penser que mes impôts ou cotisations servent à aider des personnes qui peuvent partir en vacances, s’offrir le restaurant, le cinéma ou autres alors que je ne peux plus faire face et que partir en vacances me serait bénéfique m’irrite au plus haut point. Je n’oublie pas non plus les réductions faites aux familles (l’enfant gratuit pour 2 adultes payants). De plus des mères peuvent choisir le congé parental ou travailler à temps partiel, mais une mère ou un père en situation de monoparentalité n’ont pas ce choix et en plus sont à 200 % à la maison. On pourrait leur octroyer des points pour la retraite en fonction des années en monoparentalité ce qui est facile à calculer, il suffit de vérifier le nombre d’API perçu.
J’espère donc que l’UFAL pensera à nous.
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Commentaire de Liliane B.
Merci pour cet article qui précise les principes, le sens et les modes de création des Allocations familiales. On comprend alors ce qui est mis en cause par le projet de modification et de plafonnement lié aux ressources. Le problème dans les informations généralement diffusées est l’absence de référence à l’origine et à la fonction sociale des droits sociaux mis en oeuvre par le Conseil National de la Résistance. Il y a beaucoup de confusions dans ce que l’on entend dans les médias, ce qui sert le mouvement néo-libéral actuel par ce qui semble à première vue du bon sens : toucher moins d’allocations quand on gagne plus.
Merci encore et j’espère que les 70 % de personnes reviendront sur leur jugement comme je viens de le faire.
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Commentaire de Pierre Dusch
L’article expose en long et en large des considérations philosophico-économiques de mesures mises en place dans le contexte d’après-guerre.
Quelqu’en soit le bien fondé en son temps, nous sommes 60 ans après…
La réalité, que cela plaise ou pas, a changé, et rapidement des 10 dernières années, avec la place prise par de grandes zones économiques nouvelles, Chine, Brésil, Inde, Russie.
C’est, depuis 30 ans, le système que vous décrivez, et qui est globalement déficitaire. Il consiste à vivre à crédit, au-dessus de la richesse produite, et à laisser ces dettes à nos enfants…
À part être pour conserver ce système (qui en dit long sur le sens de la famille de l’UFAL), que proposez-vous ?
Pourquoi continuez vous à employer des éléments de langage ridicules, comme des notions de cadeaux aux entreprises, le travail et le capital, etc. alors que la plus grosse part de la richesse est produite par des PME et TPE ! Vous les classez dans votre schéma dans la case capital ou travail ? Méchants patrons ou esclaves travailleurs ?
C’est surtout sur ces gens qui travaillent dur, souvent seuls à leur compte et pas forcément bien payés, que toutes ces ponctions reposent, pour en faire bénéficier une masse de gens qui ne contribuent pas à produire de richesses (notamment une fonction publique devenue pléthorique avec une organisation ubuesque, des épouses d’immigrés se transformant bizarrement ensuite en femmes seules avec enfants…).
En quoi votre MEDEF, surtout votre employeur devrait payer indirectement en fonction du nombre de vos enfants ? Les gens qui ont des enfants travaillent plus ou produisent plus ?
Oui il y a désormais besoin d’équité, et donc laissons les gens gagner leur vie en rémunérant leur travail, salariés, mais aussi petits patrons, commerçants, etc.,
et que ceux qui peuvent vivre encore largement avec un peu moins le fassent y compris avec moins d’allocations familiales, et arrêtent de donner des leçons de morale alors qu’ils vivent avec de l’argent des autres.
En étouffant l’activité du pays, c’est la récession, il restera alors encore moins à redistribuer…