La logique qui ordonne la succession des réformes, contre lesquelles nous prenons position, est très claire : il s’agit de soumettre l’école à l’emprise de la société. L’enseignement disciplinaire est remis en question au profit de l’acquisition de compétences interdisciplinaires, voire « trans-disciplinaires », définies par le « socle commun ». Les programmes seront désormais conçus, non en fonction de connaissances précises et articulées de façon progressive, mais de compétences qui sont supposées déterminer « l’employabilité » de l’élève quand il entrera sur le marché du travail. Ce sont ces compétences (notion importée du monde de l’entreprise) qu’il s’agira, désormais, d’évaluer. Il s’agit ensuite de renforcer « l’autonomie des établissements », c’est-à-dire de laisser la possibilité aux chefs d’établissement de déterminer les enseignements en fonction des « besoins » locaux. Il s’agit, enfin, d’en finir avec les examens nationaux, réputés trop coûteux, en renforçant le contrôle continu.
Non seulement cette logique est néfaste car elle nivelle l’enseignement par le bas (puisqu’elle supprime les humanités), mais elle sape l’école républicaine, en la sommant de se régler sur autre chose qu’elle-même, à savoir les demandes de la société. Son effet patent est de l’affaiblir : les parents d’élèves ne s’y trompent pas et recourent de plus en plus massivement à l’enseignement privé, supposé maintenir un haut niveau d’exigence et garantir les règles de discipline sans laquelle l’apprentissage est impossible. Cette logique, enfin, accentue les inégalités scolaires et, par conséquent, les inégalités sociales.
Proposition 16
Rétablir la gratuité de l’enseignement jusqu’au secondaire, y compris celle des manuels scolaires, des transports scolaires, des matériels pédagogiques et des sorties pédagogiques.
Proposition 17
Abroger les mesures anti-laïques des lois scolaires Debré, Guermeur et Carle pour revenir au principe que seule l’école publique doit bénéficier du financement des fonds publics.
Proposition 18
Réhabiliter les vertus politiques et sociales du modèle de l’instruction républicaine en revenant sur la réforme du collège.
Proposition 19
Garantir l’indépendance de l’école publique vis à vis des intérêts privés, des préférences communautaires et des opinions. Parce que l’école s’interdit de propager quelque croyance que ce soit, parce qu’elle n’est pas un lieu où l’on cherche à capter les esprits ou à obtenir une quelconque adhésion, mais, bien au contraire, où l’on convoque la pensée à une position critique, l’école est au service des humanités : elle privilégie la confrontation de la pensée à des œuvres singulières, y compris religieuses. L’enseignement distancié de l’histoire des religions trouve sa place dans l’enseignement de l’histoire-géographie, du français et de la philosophie, notamment. Il n’y a donc pas lieu de lui adjoindre un « enseignement du fait religieux ».
Retrouvez les autres propositions de l’UFAL à l’adresse : ufal.org/elections2017