Dans un monde perpétuellement en mouvement, de moins en moins institutionnalisé et dans lequel le numérique s’est largement invité, les jeunes (si tant est qu’ils représentent une catégorie homogène !) comptent avant tout sur leur parents pour devenir adultes. De quoi donner des crampes d’estomacs à leurs parents issus des générations soixante huitardes. Pourtant plus de la moitié des adolescents pense que ce ne sont pas les adultes les mieux placés pour leur apporter la confiance en eux-mêmes. Et si les relations familiales semblent apaisées c’est, semble-t-il au détriment de l’école contre laquelle se cristallisent les réminiscences. Le développement des réseaux sociaux a contribué à apporter une réelle autonomie aux jeunes. Mais ces mêmes réseaux brouillent aussi leur analyse du monde qui se développe moins à partir des informations livrées par les médias que par des échanges entre pairs. Leur grille de lecture est différente de celle des adultes et, par manque de filtres, comporte des risques dans l’approche de la vérité.
Les jeunes sont trop souvent perçus par leurs aînés de manière négative et comme une menace qui pourtant, et c’est une constante dans l’humanité, est une opportunité et une ressource inépuisable. Les médias contribuent majoritairement à ce déséquilibre de perception. La situation économique et sociale presse les jeunes qui privilégient la lutte pour le quotidien au détriment de la réalisation de leur être. Les politiques ultralibérales renforcent ce manque de confiance dans l’avenir et ce besoin d’être sécurisé. Alors que la jeunesse était annoncée comme une priorité du quinquennat, 23 % des jeunes de 18 à 25 ans vivent sous le seuil de pauvreté contre 14% de l’ensemble de la population. Trouver le sens de sa vie devient alors difficile d’autant lorsque l’on est discriminé, marginalisé voire stigmatisé. Ces failles sont des leviers naturels exploités par les forces extrémistes et intégristes. Le sentiment d’appartenance à une collectivité nationale égalitaire et solidaire laisse la place à celui d’une adhésion totale à une communauté identitaire qui les valorise.
Par définition, la jeunesse est synonyme de mouvement. Contrairement à la doxa, celle du 21ème siècle est aussi mue par le désir de se rassembler pour construire. Ses conceptions, ses terrains d’expérimentations, ses repères spatiotemporels, ses outils, ses modes d’emploi sont différents. Ah, ma pauvre dame, mon bon monsieur, rien n’est plus pareil. C’était quand même mieux avant ! Et pourtant… En sommes-nous si certains ?
Contrairement aux idées reçues, Les jeunes continuent de s’investir fortement dans le tissu associatif. Cet engagement se décline aujourd’hui sous des formes nouvelles qui viennent bousculer les cadres traditionnels et institutionnels de participation. Leur motivation n’est plus tant menée au nom de principes d’un idéal politique qu’au nom d’une morale de la proximité. Les jeunes tendent à privilégier des actions plus concrètes, plus ponctuelles, avec une mesure immédiate de l’efficacité.
Plus d’un jeune sur cinq est concerné par le bénévolat associatif. Mais ils rencontrent des freins : un rapport consumériste au service associatif, un manque de confiance en eux pour mener certaines tâches, le poids des difficultés personnelles, le manque de disponibilité, la précarité sociale, leur multi appartenances qui rend difficile un engagement continu, des formes d’engagement plus ponctuelles, leur manque de confiance envers les institutions.
C’est dans ce contexte brossé rapidement, mais ce n’est pas l’exercice, et pour tenter de répondre à la désaffection pour le mouvement familial des familles jeunes que s’est créée la commission jeunesse de l’UFAL pendant l’Assemblée Générale 2016 de l’UFAL.
Depuis 2016, un représentant UFAL participe aux travaux de la commission jeunesse du Cnajep et depuis 2013 à ceux du dialogue structuré, initiative de l’Union Européenne. Les contributions de l’UFAL, notamment en matière de laïcité, lui ont donné une légitimité d’association familiale non familialiste tournée vers l’éducation populaire. L’UFAL est régulièrement citée comme contributeur dans les différents documents édités par le Cnajep.
Des actions de terrain ont été développées par l’UFAL en partenariat avec d’autres associations ou structures de jeunesse. Au début de l’année, c’est sur Evry (91), que nos efforts se sont concentrés. Les bénéficiaires de la garantie jeunes ont particulièrement apprécié le jeu des 6 familles. Avec le printemps, ce sont les jeunes de l’UFAL Saint Joseph qui ont présenté une exposition sur l’esclavage.
A l’automne, une rencontre à la maison des lycéens d’un établissement de Champs sur Marne (77) a engagé un débat sur l’engagement des jeunes. En novembre, l’UFAL 77, relayant le projet Provox sur le thème « comment faire société ensemble ? », a organisé une rencontre entre des étudiants de l’Université de Marne la Vallée, les élèves de l’Ecole de la Deuxième Chance et E. Rihan-Cypel, député de Seine et Marne. Les échanges portaient sur une discussion sur les propositions émises par les jeunes tout au long du processus du dialogue structuré. Un budget ayant été attribué par le Cnajep, les débats ont été filmés. La synthèse présentée par un jeune de l’E2C a été exploitée pour le montage d’une vidéo qui, après avoir été remise au Ministre de la jeunesse, des sports et de la ville, a été diffusée sur la toile et les réseaux sociaux. L’UFAL s’est ainsi payé une visibilité tant auprès des institutions que des jeunes. Enfin, en décembre, dans le cadre d’un partenariat avec le réseau « échanges de savoir de Sénart » (77), l’UFAL 77 a mis en œuvre une formation laïcité pour une douzaine de jeunes lycéens de Moissy-Cramayel. A partir de l’exposition « laïcité tout simplement » et le quiz, les jeunes ont construit leur intervention auprès de leurs pairs collégiens ou lycéens.
Même trop peu nombreuses, ces actions démontrent qu’il est possible de mobiliser les jeunes. Pour être rassembleuse et crédible, la participation des jeunes doit d’abord permettre de leur donner la parole et de les écouter, de renouveler les pratiques et le fonctionnement, d’inscrire l’action des jeunes dans le parcours d’engagement au sein de l’association, de prendre en compte l’intérêt de la personne engagée, de reconnaître l’engagement, d’acter les résultats, de donner de la visibilité, d’offrir du sens à la démarche d’engagement.
L’apport de la commission jeunesse s’est également concrétisé par la réalisation du livret d’accompagnement de l’exposition « laïcité tout simplement ».
Pour 2017, il est indispensable de promouvoir les échanges (sur jeunesse@ufal.org) des contributeurs à la commission autour des questions concernant la jeunesse. Mais à moins de parler une nouvelle fois en son nom et, pour la plupart d’entre nous, à partir de souvenirs (et de regrets ?), il est urgent de se rapprocher des jeunes et notamment des jeunes familles. Un de ses projets de terrain est inscrit dans le programme de l’UPL, l’étude d’une adaptation sur le fond d’Agorapolis et sous une présentation numérique en fait partie.
« Aux jeunes, ne traçons pas un seul chemin, ouvrons-leur toutes les routes. » Les propos de Léo Lagrange seront toujours d’actualité.