L’UFAL accueille très favorablement le dernier rapport de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) sur les évolutions nécessaires du congé de paternité, notamment le scénario de réforme dit « volontariste ».
Ce scénario, qui n’est pas retenu par l’IGAS dans ses conclusions ((l’IGAS prend partie pour le scénario dit de renforcement qui porterait le congé paternité à 4 semaines, avec une semaine obligatoire et un coût estimé à 331 millions d’euros)), préconise d’augmenter la durée du congé paternité de 4 semaines, en le portant à 6 semaines1, tout en le rendant obligatoire.
Ce scénario nous semble correspondre aux attentes et aux besoins des familles et ouvre la perspective d’un renforcement de l’égalité femmes/hommes.
L’augmentation de la durée permettrait aux pères d’être présents plus longtemps au cours des premières semaines après la naissance de l’enfant et donc de prendre une place plus importante et de mieux soutenir leur famille.
D’une part ces premières semaines sont primordiales, notamment pour la répartition des tâches au sein du foyer : on sait que cette répartition, qui s’installe rapidement, sera pérennisée et qu’actuellement elle est très défavorable aux femmes. Une présence plus longue du père devrait permettre d’aider à résorber ce déséquilibre.
D’autre part, nous savons qu’une partie de l’écart salarial des femmes et des hommes au sein des entreprises est dû à l’anticipation des employeurs du « risque » d’absence pour naissance. Pour le dire plus simplement, embaucher une femme, pour un employeur, c’est prendre, de son point de vue, un risque supplémentaire par rapport à un homme, à cause de l’absence en cas de grossesse, et cela conduit soit à préférer une candidature masculine (à l’embauche ou pour une promotion interne), soit à intégrer le risque sous forme de baisse de salaire. Rendre le congé paternité plus long, permettra de limiter ce calcul sexiste.
Ce qui rendrait ce calcul encore moins prégnant serait de rendre ce congé paternité augmenté obligatoire. En effet, porté à 6 semaines et rendu obligatoire le congé paternité se rapprocherait des 8 semaines incompressibles du congé maternité (dont 6 semaines après l’accouchement). Le rendre obligatoire permettrait également à tous les salariés de le prendre sans risque vis-à-vis de leurs collègues et employeur. Cette absence de pression sociale sera d’autant plus bénéfique aux salariés les plus précaires : le rapport nous apprend que seule la moitié des salariés en CDD prennent effectivement un congé paternité actuellement de peur de perdre leur emploi contre plus de 80 % pour les salariés en CDI (plus de 90 % pour les fonctionnaires). Rendre le congé paternité obligatoire garantirait une égalité des droits sociaux entre l’ensemble des salariés et contribuerait à limiter les effets de la précarisation grandissante de l’emploi dans un pays où la majorité des création d’emplois se font à durée déterminée.
Le rendre obligatoire, c’est aussi s’assurer d’une entrée dans les mœurs beaucoup plus rapide de ce droit, sans avoir à attendre une ou deux décennies pour qu’il soit banalisé.
Le coût de ce progrès social est estimé à 1,2 milliard d’euros par l’IGAS, coût qui serait à la charge, en très grande partie, de la Politique familiale. Ce chiffre est à mettre en regard des 4 milliards d’euros annuels de réduction des prestations des Caf et des dispositifs fiscaux décidées sous l’ère Hollande à cause des différentes réformes, lesquelles ont contribué à la baisse sensible de la natalité constatée ces dernières années. Par ailleurs, ce progrès social est tout à fait supportable pour les finances publiques puisque les comptes de la Sécurité sociale sont d’ores et déjà à l’équilibre et que le gouvernement entend ponctionner les futurs excédents de la Sécurité sociale pour créer de nouvelles exonérations non compensées de cotisations sociales.
Il nous paraît donc avant tout nécessaire de sortir de la politique d’austérité subie par les familles pour garantir le bien-être des enfants et de leurs parents.
L’UFAL soutiendra donc pleinement, auprès des pouvoirs publics ce congé paternité augmenté à 6 semaines et rendu obligatoire.
Nous en profitons pour mentionner la pétition initiée, en octobre 2017, par le Journal féministe « Causette » sur le site Change.org :
Extrait : « Onze jours pour accueillir un enfant, c’est dérisoire. Raison pour laquelle Causette, soutenue par des hommes, des pères ou des futurs pères, réclame que le gouvernement s’empare du sujet et envisage, contrairement à ce qu’il a annoncé, une réforme de ce congé paternité. »
- note : actuellement le congé de est de 14 jours, 3 jours de congés de naissance et 11 jours de congés de paternité [↩]