L’UFAL exprime son horreur et sa sidération face à l’assassinat ignoble de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie qui exerçait au collège Le Bois d’Aulne de Conflans-Saint-Honorine. La République a été atteinte dans son cœur même : l’école publique. Un professeur a été assassiné pour avoir exercé sa mission : instruire ses élèves d’un principe fondamental, celui de la liberté d’expression.
En charge de l’Enseignement Moral et Civique, Samuel Paty était sur la ligne de front. Il a eu le courage d’expliquer à ses élèves que la liberté d’expression comprend le droit de caricaturer un prophète. Il a eu le courage d’illustrer son propos en montrant deux exemples de ces caricatures. Parce qu’il a eu ce courage, il est devenu une cible.
Ce courage est d’autant plus héroïque que l’institution elle-même ne l’a pas toujours eu. Pendant des années, elle a fermé les yeux ; même après les attentats de 2015, elle a continué à entretenir la culture du « pas de vagues ». Dans son rapport de 2004 sur Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires, Jean-Pierre Obin alertait déjà le ministère sur la prégnance de l’idéologie islamiste dans certains établissements. Ce rapport a été mis sous le boisseau par le ministre. Le « livret Laïcité » ministériel lancé sous Mme Valaud-Belkacem en 2016 refusait d’établir une hiérarchie entre savoir scientifique et croyances religieuses ; il n’a été corrigé qu’après protestations des laïques. Le ministère ne trouve rien à redire quand les activités scolaires menées à l’extérieur sont accompagnées par des bénévoles portant des signes religieux ostensibles.
Ces atermoiements ont largement contribué à l’autocensure des professeurs. Craignant de ne pas être soutenus par l’institution face aux contestations des élèves et des parents d’élèves, ils finissent par ne plus parler de ce qui fâche. Et l’obscurantisme a gagné.
Samuel Paty n’a pas cédé à l’autocensure. Il en a payé le prix fort. Son assassinat est une mise en demeure, pour l’institution, de clarifier une fois pour toutes son discours : de rappeler, avec fermeté et sans ambiguïté, qu’un professeur est en droit de montrer des caricatures de Mahomet en cours. En refusant de publier les caricatures danoises de Mahomet, les rédactions avaient fait de Charlie une cible ; en décourageant les professeurs de montrer ces caricatures à leurs élèves, le ministère transformerait en cibles ceux qui, comme Samuel Paty, oseront encore le faire.
Aujourd’hui, les professeurs ne risquent plus seulement de se voir empêcher d’instruire pour peu que les savoirs qu’ils enseignent heurtent la sensibilité religieuse de leurs élèves : ils risquent désormais d’être décapités dans la rue, pour peu que leur nom soit jeté en pâture sur les réseaux sociaux.
Cet assassinat montre en outre la porosité entre le communautarisme du quotidien (les parents d’élèves « choqués ») et le l’islamisme radical sous sa forme la plus violente. C’est un militant d’une organisation « humanitaire » islamique, qui a lancé la cabale menée contre Samuel Paty, provoquant le sinistre passage à l’acte d’un terroriste. L’islam politique est un tout et la République son ennemie.
Le Président de la République doit s’en souvenir : on ne peut en même temps dénoncer le séparatisme de l’islamisme radical, et construire un « islam de France » avec certains de ses inspirateurs idéologiques, fréristes ou salafistes : c’est de leurs discours radicaux que se nourrit le terrorisme.