Un rapport de décembre publié dans la revue médicale internationale The Lancet1 et signée par 120 auteurs issus 35 institutions a mis en évidence l’impact du changement climatique sur la santé, en particulier pendant les épisodes de canicule.
En effet, « ces vingt dernières années, chez les personnes âgées, la mortalité associée à la chaleur a progressé de 54% globalement » ce qui se traduit par « 296 000 décès imputés à la chaleur chez les plus de 65 ans (en 2018) » et par un coût représentant « 1,3% du revenu intérieur brut ».
En outre, « l’impact de la chaleur et de la sécheresse et des incendies » provoquera la migration estimée « d’ici la fin du siècle de 565 millions de personnes » nonobstant que ce même réchauffement favorisera « la diffusion de maladies infectieuses mortelles comme la dengue et le paludisme ».
Les auteurs soulignent que « la vulnérabilité de la France quant aux effets sanitaires de la chaleur est parmi les plus importantes du monde » et que « la richesse des pays ne protège pas des effets sanitaires d’une élévation de la température globale de 1,2°C ».
Ces constats ne font que corroborer les conclusions du GIEC2 quant à l’impact du changement climatique : aridité et sécheresse au niveau du bassin méditerranéen3 quels que soient les modèles utilisés, augmentation de l’intensité des phénomènes extrêmes4 dont les canicules, stress hydrique et alimentaire créant une modification de l’agriculture5 et une baisse patente de la biodiversité6, etc.
Il est évident qu’à effet de serre anthropique grandissant, le changement climatique se précipite. Au lieu de décarboner l’économie de toute urgence en se battant pour l’égalité sociale, de préparer nos systèmes de santé, de soin, d’éducation et de recherche à amortir les chocs, voire à les ralentir, les Gouvernements successifs s’emploient au contraire à les désintégrer davantage au nom de la sacro-sainte idéologie néolibérale. En effet, nul ne niera qu’il manque cruellement de budgets et de politiques volontaires pour les services à vocation solidaire et universelle.
Les directions politiques d’aujourd’hui enfoncent nos sociétés dans le monde d’hier : celui du libre-échange « à tout va » qui externalise les coûts carbones comme si les gaz à effet de serre émis à l’autre bout de la planète n’étaient pas préjudiciables au reste du monde.
Il est grand temps que l’on pense l’avenir de l’humanité en préservant l’écosystème planétaire au lieu de suivre la doctrine de l’école de Chicago qui ne fait que le détruire !
Pour contenir la hausse de la température terrestre7 , il faut substituer au modèle ultralibéral les économies sociales et solidaires favorisant les circuits courts et, dans l’esprit universel de Philadelphie de 19448 qui voulait prémunir l’humanité de conflits géopolitiques et sociaux majeurs, substituer à la consommation effrénée, la sobriété réglée par l’égalité sociale.
- https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/62989/WHO_EHG_96.7.pdf) et https://www.lequotidiendumedecin.fr/la-france-parmi-les-pays-les-plus-exposes-aux-risques-sanitaires-lies-au-rechauffement-climatique [↩]
- Groupe Intergouvernemental Etude Climat https://www.ipcc.ch/languages-2/francais/ [↩]
- IPCC 2014-18, 5ème rapport ou GIEC résumé tome 2, p 9 fig A: Evolution régionale des températures 2016/2042 par rapport à la moyenne 1986/2005 & p10 fig C : Projection en 2100 entre deux scénarios : bas carbone (RCP2.6) et haut carbone (RCP 8.5). Evolution de l’humidité des sols même période. On peut aussi se reporter au tome 1 p6 fig.2 pour mesurer l’évolution des températures entre 1901 et 2012. [↩]
- GIEC 2014 / RID tome 2, p13-14 § IV [↩]
- GIEC 2014 / RID tome 2, p14 § III et page 18 comparaison des rendements agricoles suivant les scénarios d’émission de GES. [↩]
- GIEC 2014 / RID tome 2, p14 § VIII et page 15 fig. RID 5, page 16 impact sur les océans. [↩]
- GIEC RID 2014 / RID tome 1, p28 fig 10 : températures (par rapport à 1861/1880) en fonction des émissions de CO2 en GTEqCO2 [↩]
- https://www.lesutopiques.org/la-declaration-de-philadelphie-de-1944-de-loit-et-son-actualite/ et Alain Supiot, « l’esprit de Philadelphie. La justice sociale face au marché total », Seuil, 2010. [↩]