Ce texte à l’initiative de groupes mutualistes, publié par france info mardi 4 février et signé par plus de 1 500 personnes (mutualistes, scientifiques, responsables politiques, d’entreprises, d’associations [dont l’UFAL, NDLR]et de syndicats, agriculteurs, victimes de pesticides et de l’amiante, artistes, médecins et professionnels de santé), est un appel à l’action adressé au Premier ministre François Bayrou et au Président Emmanuel Macron. Il établit une comparaison entre l’amiante et les pesticides en soulignant les erreurs passées et la nécessité de ne pas les reproduire. Il insiste sur l’urgence sanitaire et environnementale, et appelle à une transformation profonde du modèle agricole et une meilleure prise en charge des risques.
Depuis un an, vingt groupes mutualistes protégeant plus de 6 millions de Français demandent au gouvernement d’agir pour la santé publique et planétaire. Ces demandes sont claires et suivent un principe simple : ne répétons pas avec les pesticides les mêmes fautes ayant généré plus de 100 000 décès à cause de l’amiante en France.
Nous ne pouvons que regretter qu’aucune réponse du gouvernement n’ait été apportée depuis un an. C’est pourquoi nous adressons aujourd’hui cette tribune au Premier ministre François Bayrou et au Président Emmanuel Macron.
Notre constat est le suivant :
- Il reste 200 000 tonnes d’amiante en place en France dont la gestion est défaillante.
- Les dégâts de la crise climatique et environnementale sont de plus en plus aigus, perceptibles et coûteux.
- Plus du tiers des émissions de gaz à effets de serre est lié aux systèmes agricoles et alimentaires (source : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture).
- Le nombre de nouveaux cas de cancers, de maladies neuro-dégénératives et autres maladies chroniques ne fait qu’augmenter, notamment à cause des pesticides disséminés dans l’environnement.
- Cette croissance constante des maladies chroniques menace la viabilité de notre système de soins.
- Une majorité de la profession agricole comme de la population générale souhaite une transformation profonde du modèle agricole, que les connaissances agronomiques. rendent aujourd’hui possible.
- 60 000 tonnes de pesticides sont épandues chaque année sur les cultures en France, provoquant maladies professionnelles, pollution des sols, de l’eau, de l’alimentation et imprégnation de la population, selon de nombreuses données scientifiques.
- Il est anormal que des pesticides non autorisés en Europe et en France soient utilisés dans des pays tiers et que leurs résidus soient retrouvés dans les céréales, fruits, légumes, fleurs exportés puis consommés en Europe et en France.
Il est temps de retirer de nos vies ces causes identifiées de maladies chroniques. Pour la santé des agriculteurs et des riverains des champs traités, pour la santé publique, pour la biodiversité et pour limiter le réchauffement climatique, nous devons créer un nouveau cap agricole. De nombreuses mutuelles sont prêtes et veulent prendre leur part à faire changer d’échelle les solutions.
En 1980, 7 millions de Français avaient signé une pétition initiée par des mutuelles en faveur d’une Sécurité sociale de haut niveau. Cette pétition avait été victorieuse. Nos aînés mutualistes ont hier réussi en agissant en
synergie avec une grande majorité du mouvement social et la mobilisation massive des citoyens. Pourquoi ne pourrions-nous pas réussir aujourd’hui ?
Voici les demandes des vingt groupes mutualistes pour un nouveau cap agricole :
1. Mettre en œuvre le scénario Inrae pour une France et une Europe 100% agro-écologique.
2. Appliquer la loi Egalim pour arriver aux 20% de bio minimum dans la restauration collective.
3. Appliquer la loi – jamais correctement mise en œuvre – portant sur l’évaluation de la toxicité des pesticides avant autorisation de mise sur le marché.
4. Aligner le Fonds d’indemnisation des victimes des pesticides (FIVP) sur le Fonds d’Indemnisation des victimes de l’amiante (Fiva), avec une indemnisation des riverains atteints de maladies liées aux pesticides.
Aussi, malgré l’interdiction de l’amiante obtenue, il y a encore beaucoup à faire sur ce sujet et nous demandons à :
5. Améliorer le suivi médical post-professionnel des travailleurs exposés à l’amiante.
6. Appliquer la loi sur les diagnostics techniques amiante et créer une base de données répertoriant la présence d’amiante accessible au public via internet.
Nous appelons aujourd’hui au soutien de la population et des organisations participant à la vie sociale, démocratique et économique de notre pays, pour que nous soyons enfin reçus par les plus hautes autorités du pays pour faire face à ces enjeux majeurs. C’est pourquoi nous vous demandons aujourd’hui de signer cette tribune.
Les mutuelles, union, groupe et fédération de mutuelles signataires des six demandes : Apivia Macif Mutuelle, Enio, Mutuale, Mutuelle Entrain, Fédération des Mutuelles de France, La Mutuelle familiale, Mutuelle de la Corse,Mutuelle Mutami, Mutuelle des Services Publics, Mutuelle de Bagneaux, Mutuelle du Groupe RATP, Mutuelle générale de Prévoyance, Mutuelle SMH, Mutuelle tutélaire, Nuoma Mutuelle, Union nationale Alternative mutualiste, 525e Mutuelle.
Pour aller plus loin :
- Le courrier envoyé le 13 novembre 2024 au Premier ministre
- Le courrier envoyé le 23 février 2024 au Premier ministre
- Le plan d’action 2025-2027 de l’association des Mutuelles pour la santé planétaire avec toutes nos tribunes
Signer notre Pétition