La protection sociale qui pèse d’un poids de 31,3% sur les richesses produites (PIB) se retrouve, comme les services publics et l’école, dans le collimateur des politiques régressives néolibérales. Malgré l’approfondissement de la crise dans la phase actuelle du capitalisme (le turbocapitalisme), la gouvernance mondiale accélère le rythme de ces politiques régressives bien qu’il soit patent que ces politiques n’ont d’intérêt que pour une minorité de privilégiés et sont contraires aux souhaits et aux besoins des couches populaires (53% d’ouvriers et employés sur les 92% de salariés) et d’une majorité des couches moyennes.
La privatisation des profits et la socialisation des pertes est à l’œuvre dans toute la protection sociale (assurance-maladie et dépendance, retraites, famille, accidents du travail et maladies professionnelles, assurance-chômage, personnes âgées et dépendance, handicap).
Reprenons : mission Yves Bur pour supprimer les cotisations patronales de la branche famille (environ 30 milliards d’euros, pour l’instant en stand by…), diminution relative des allocations familiales, contre-réformes régressives contre l’assurance-maladie de 1967 à la loi HPST de 2009, contre-réformes régressives sur les retraites de 1987 à la loi de 2010, mission Rosso-Debord sur la dépendance concluant à la privatisation accélérée de ce risque, et voici la convention assurance-chômage UNEDIC qui expire en mars 2011.
Pour lancer le débat, Pierre Méhaignerie (UMP), président de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, s’est permis de déclarer au Figaro que le montant et la durée de l’indemnisation des chômeurs étaient trop importants. Avec, bien entendu, l’argument classique de la droite chrétienne que cela pousserait les chômeurs à ne pas rechercher de travail. Avec, en sus, l’argument de la droite néolibérale que la France ne peut pas faire plus que ses voisins comme aide aux chômeurs !
Nous n’allons pas recommencer une énième fois à prouver la mauvaise foi de notre responsable de la droite chrétienne UMP quand on sait que c’est la politique du gouvernement qu’il soutient qui raréfie le nombre d’emplois, notamment par la suppression de toute politique industrielle, de recherche et d’innovation. Quand au deuxième argument, il ne tient pas plus la route que le pseudo problème démographique qui aurait obligé la contre-réforme des retraites. Une fois de plus, nous avons affaire à mensonge et compagnie !
En fait, la moyenne européenne quant aux prestations chômage est de 0,14 point de PIB par point de chômage. Les chiffres 2008 montrent que la France est dans cette moyenne, soit 0,15 point de PIB par point de chômage (1,17% de PIB pour un chômage officiel de 7,8%). Si on regarde le reste de l’Europe, on voit bien que l’Europe de l’Est et la Grande-Bretagne font moins bien que la moyenne européenne (4 fois moins bien en Grande Bretagne que la moyenne européenne, avec pire encore la Lituanie, la Bulgarie et la Roumanie), mais que les Pays-Bas financent 0,41 point de PIB par point de chômage, que le Danemark finance 0,37 point de PIB par point de chômage, que l’Autriche finance 0,3 point de PIB par point de chômage. L’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la Finlande font mieux que la France.
En fait, le modèle pour notre représentant de la droite chrétienne néolibérale, c’est le moins-disant social, sans solidarité, matiné sans doute de charité pour se donner bonne conscience. Combien de temps allons-nous accepter cela ? Combien de temps allons-nous tolérer une politique qui ne vise qu’à favoriser les élites néolibérales et à diminuer la cohésion culturelle, sociale et politique de la France ?