Ce dimanche 23 janvier, une manifestation dite « pro-vie » avait lieu à Paris, avec des cars venus de province et avec le soutien de 25 évêques catholiques, d’une missive papale et d’associations catholiques comme les A.F.C., Associations Familiales Catholiques.
Nous ne laisserons pas imposer une vision religieuse sur le corps des femmes. Ni une vision politique liberticide : l’I.V.G. est un droit, les « pro-vie » ont-ils conscience que ce n’est pas une obligation ? En tout cas, nul doute qu’ils doivent se souvenir qu’en 1942, sous Pétain, l’avortement était un « crime contre l’État » passible de la peine de mort.
Rappelons que la loi sur l’I.V. G. peine à être appliquée, malgré ses trente-six ans d’existence, rappelons que les délais d’attente s’allongent parce que les centres de Planning Familial sont trop peu nombreux, certains supprimés ou trop éloignés donc inaccessibles en régions, parce que de moins en moins de médecins acceptent de pratiquer ces actes peu rémunérateurs et que la plupart des cliniques privées renvoient les femmes vers les hôpitaux publics ( 74% des actes), davantage encore depuis la contre-réforme de l’hôpital public.
De plus, contrairement à ce que prévoit la loi, les règles de gratuité et de confidentialité ne sont pas toujours respectées pour les mineures.
Rappelons également que les études médicales ne consacrent que deux petites heures de cours sur les sept années…
Les femmes en sont aujourd’hui à devoir aller à nouveau à l’étranger, ce que voulait justement éviter la loi Veil.
Quelles régressions !
Ce scandaleux constat est fait à la fois par les femmes elles-mêmes, par les associations de défense des droits des femmes et par l’IGAS dans son rapport 2010. Parmi les associations, le Planning Familial, la Cadac (Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception) et l’Ancic (Association nationale des centres d’IVG et de contraception), viennent d’adresser un recours gracieux près du premier ministre François Fillon…. pour qu’il fasse respecter la Loi… Il a deux mois pour répondre, faute de quoi c’est le Conseil d’État qui sera saisi.
Extraits du rapport 2010 de l’IGAS :
« Huit ans après l’adoption de la loi de 2001, le contexte français demeure paradoxal (…) le fonctionnement réel des dispositifs contredit trop souvent la volonté affichée de donner la priorité à une approche préventive. Ainsi les obligations légales concernant l’éducation sexuelle dans les établissements scolaires ne sont que partiellement et inégalement appliquées. Les jeunes peuvent recourir de façon gratuite et anonyme à la contraception d’urgence et à l’IVG, mais pas à la contraception régulière, sauf dans les centres d’éducation et de planification familiale, dont l’accessibilité demeure limitée. » (…)
« la loi doit être mise en oeuvre, et il importe de maintenir une impulsion politique forte sur les questions relatives à la maîtrise de la fécondité, qui suscitent de réelles préoccupations et qu’on aurait tort de croire résolues. Elles doivent se voir attribuer un niveau de priorité élevé dans la définition et la mise en oeuvre concrète des politiques ayant trait notamment à la santé publique, à l’organisation hospitalière, à l’éducation, à l’action sociale et aux droits des femmes ».
C’est grâce à plusieurs mois de mobilisation du collectif unitaire parisien, des associations et de certain-es élu-es que le centre IVG de l’hôpital Tenon vient de rouvrir. Nous devons transformer l’essai au niveau national et contraindre le pouvoir à faire appliquer la loi.