On annonce une hausse en moyenne de 2 % à la caisse sur les produits alimentaires.
Si l’on s’en tient à ce seul aspect, que l’on met en face l’augmentation du prix des matières premières, cette hausse peut paraître justifiée.
Si l’on s’en tient au revenu des paysans, les vrais, pas l’agrobusiness, il pourrait paraître juste aussi de participer au maintien de leur niveau de vie.
C’est sans compter sur la faible part du coût des matières premières payées aux producteurs dans les prix hors taxe assumées par les consommateurs. Les intermédiaires industriels, logistiques, marketing et financiers représentent de 50 à 90 % du prix hors taxe final.
En effet, les choses ne sont pas si simples. Cela fait plusieurs mois que l’industrie alimentaire et la grande distribution négocient et nous préparent à cette hausse des prix à la consommation.
Cela s’est conclu par une rencontre tripartite : grande distribution – industrie agroalimentaire – gouvernement.
Les représentants des consommateurs en ont été écartés.
La rencontre se passe en milieu clos, entre gens d’un même monde : celui de la finance.
L’augmentation du coût des matières premières est tout de même due, pour la majeure partie, à la spéculation, c’est à dire à l’acquisition par les grandes firmes multinationales de surfaces agricoles à travers le monde pour :
- soit créer de la monoculture, et se positionner en entreprises monopolistiques de secteur dédié,
- soit pour réorienter ces surfaces vers des agricultures à destination de la production de carburants.
En tout cas le but est toujours le même : faire évoluer le prix des matières premières agricoles vers le haut pour toujours plus de profits : la spéculation. Notons au passage que si bon nombre d’entreprises de l’industrie agroalimentaire accaparent des terres agricoles, la grande distribution s’est lancée aussi dans cette frénésie d’acquisition.
Il faut noter l’exception dans ce schéma, pour l’instant, du prix du pain. Car si le prix du blé a subi les incendies de cet été en Russie et a presque doublé sur les 8 derniers mois, il ne représente que 6% dans le prix de la baguette.
Que fait le gouvernement ?
Le gouvernement dans ce contexte agite les bras, menace et monte le ton : « vous allez voir ce que vous allez voir ! Il y aura des sanctions ».
Mais ne soyons pas dupe : ce gouvernement, défendra la concurrence libre et faussée dans un monde dérégulé, préservera ces deux secteurs d’activités qui s’envoient pour l’instant des amabilités du genre :
Les distributeurs aux producteurs : « Vous profitez de la hausse mondiale des matières premières pour augmenter le coût de certains produits sans la moindre justification. »
Les producteurs aux distributeurs : « Pas du tout. C’est vous qui voulez préserver vos marges… à tout prix. »
Le résultat est connu d’avance, car ce gouvernement ne regarde pas l’intérêt des familles. Sinon la chose aurait été simple, il aurait suffi alors d’associer les associations de consommateurs à cette discussion et de demander aux producteurs et aux distributeurs de bien vouloir rendre publique l’évolution de leurs prix de revient et de leurs marges bénéficiaires respectives sur quelques produits alimentaires essentiels.
Que faudrait-il faire ? Le gouvernement dispose – certes maintenant avec des effectifs réduits – de tous les moyens de suivi et de taxation des prix et des marges, en France comme à l’importation. Ces pouvoirs sont encore accrus pour tous les produits vendus au grand public pour la vérification de la non-nocivité et de l’étiquetage au point final de distribution et tout au long de la chaine logistique.
Il n’est que de demander aux préfets et aux maires de réactiver ces dispositifs sur tout le territoire et de revenir à la publicité des marges, notamment sur le grand commerce.
Plus prés de nous, un tel système était appliqué aux médicaments par la sécurité sociale au titre de son rôle de prescripteur de soins et de médicaments pour en maitriser le cout des remboursements. C’est ainsi, qu’il y a peu, la France était le pays ou les grands groupes pharmaceutiques faisaient les plus faibles marges.
Comment se fait-il que les prix au détail des grandes surfaces soient plus élevés en France qu’en Allemagne ?
L’Etat fait pression à la baisse des salaires et des prestations sociales. Qu’il fasse pression sur les prix du panier de la ménagère et de tous les services maintenant privatisés !