Le ZABU est un animal mythique dont les ravages sont redoutables. Il rampe dans l’ombre et s’attaque à la cohésion sociale. Il dégage une odeur nauséabonde de calomnie. Ces effluves hallucinogènes étourdissent les hommes, estompent les réalités et érigent des fictions vis-à-vis desquelles se focalise l’insatisfaction de la foule.
Le ZABU ne se chasse que sur les terres du voisin. En meute. Au sein de laquelle on peut échapper à ses propres responsabilités et, dans la dénonciation et la poursuite du bouc émissaire, rejoindre le groupe des justes et des responsables.
La chasse au ZABU est déclenchée par quelque bateleur qui harangue la foule, la détourne du rationnel et la lance dans l’âpre bataille contre les moulins à vent. Le bateleur aime le pouvoir. En se désignant comme le champion de la vertu et en organisant la lutte contre le vice, il subjugue la population et l’asservit.
Outre les bénéfices qu’ils espèrent en tirer sur le plan électoral, les détracteurs de la protection sociale collective saisissent toutes les occasions pour la présenter comme un encouragement à l’irresponsabilité.
Quand ils ne sont pas des fraudeurs, le chômeur, le malade, le pauvre sont réputés parasites, victimes de leur faiblesse et accusés de mettre en danger la collectivité des braves gens.
Tout ceci relève de l’imposture.
Dans son rapport sur la Sécurité sociale en 2010, la Cour des comptes estimait que les fraudes à la Sécu représenteraient 1 % de la totalité de sommes versées.
En réalité, dans l’assurance maladie, en 2008, les redressements consécutifs à des fraudes représentaient 0,1 % des prestations servies. Encore faut-il savoir que la majorité de ces redressements étaient imputables à des établissements hospitaliers et à des professionnels de santé.
En matière d’allocations familiales, les fraudes détectées en 2010 s’élevaient à 0,15 % des prestations servies.
Les fraudes existent. C’est indéniable. Il faut les éradiquer. Mais elles sont marginales. Les abus eux sont importants, notamment dans un appareil de production des soins dépourvu de régulation où le consommateur (le malade) a une très faible influence. Pour y remédier, il faudrait une profonde réforme du système en conférant à la santé le statut de service public.
Mais pour en revenir à la fraude et s’y attaquer avec efficacité, ne serait-ce pas le moment de s’intéresser au travail dissimulé dont l’ACOSS (gestion financière de la Sécu) a évalué le coût annuel entre 15 et 18 milliards de cotisations sociales évaporées… ?!
Avis au bateleur qui espère trouver quelques millions d’euros dans la répression de ceux qui sollicitent l’indemnisation d’un arrêt du travail souvent nécessaire à leur santé, et favorable à leur pleine capacité d’agents économiques.