Février 2009 verra la fin d’un cycle d’étatisation et de privatisation de la santé et de la Sécu ouvert par les ordonnances de 1967 (voir texte 1). Quarante-deux années pour remplacer le principe de solidarité par le couple « sélection par le risque pour le plus grand nombre et charité pour les plus faibles ». Quarante-deux années pour voir surgir le nouveau système de santé et de sécurité sociale mêlant bonapartisme social et privatisation accélérée du secteur. Quarante-deux années pour observer cette fin de cycle ponctuée par les trois évènements 2008-2009 : le PLFSS 2009 reprenant les protocoles des 24 et 28 juillet 2008, la réorganisation de la Fédération nationale de la Mutualité du 12 décembre, et la loi bonapartiste au service du privé appelée loi « Hôpital, Patients, Santé, Territoires » (HPST).
Si la crise du capitalisme (voir la vidéo sur le site www.ufal.org, en bas à droite) a opéré, dans un premier temps, un freinage sur certaines privatisations telles que La Poste (bien que non abandonnée !), elle a pourtant entraîné une accélération de ce processus et de la marchandisation dans les secteurs « stables » : l’école, la santé et la protection sociale. Comme le soulignent les prédateurs capitalistes : « Même en période de crise, on souhaitera toujours l’école pour ses enfants, et la santé, et la protection sociale pour toute la famille » !
Ajoutons que cette dernière période a été marquée par un nouveau système d’alliances. Si la grande partie des politiques néolibérales a été portée par la droite, force est de constater que l’union de la gauche mitterrandiste a accompagné ce mouvement de façon sociale-libérale (arrêt des élections à la Sécu par le gouvernement Rocard, forfait hospitalier, consultations et lits privés dans l’hôpital public, etc.), mais constatons aussi que la gauche plurielle jospinienne n’a pas démonté la contre-réforme Juppé et à ajouté à l’édifice néolibéral la transformation du Code de la mutualité solidaire en Code assurantiel. Sans oublier le retour de la droite en 2002 qui a été fatal au système de santé et de sécurité solidaires.
Mais c’est surtout la Fédération nationale de la mutualité française qui est devenue le principal soutien des politiques néolibérales en matière de santé et de sécurité sociale. Elle a réussi à s’inviter dans la cogestion de l’Assurance maladie et se positionne, avec ses partenaires de l’UNOCAM et de l’hospitalisation privée, dans le marché du dépeçage de la Sécurité sociale et de l’hospitalisation publique.
Quant à l’industrie pharmaceutique, elle a conservé et amplifié sa prégnance et son lobbying sur les décisions prises par les pouvoirs publics.
Au stade où nous en sommes, nous ne pouvons que constater les dégâts : toutes les digues ont cédé. Le pacte social et républicain de 1945 n’est plus. C’est pourquoi il est temps de construire un nouveau système solidaire de santé et de sécurité sociale, et temps de fonder une nouvelle alliance idéologique, sociale et politique.
Pour cela, il convient de préparer la « longue marche », car c’est un champ de ruines que nous observons sur le plan des pratiques sociales. Les forces, qui ont exhorté le pacte social et républicain de 1945, ont abandonné le principe de solidarité pour prôner à la place un discours de la compassion, de la complainte et du communautarisme social tout en accompagnant le mouvement néolibéral, mais sans jamais proposer une alternative en termes de ligne politique et de stratégie d’ensemble. Rappelons-nous que Maurice Kriegel-Valrimont avait déclaré, lors du 60e anniversaire du Conseil national de la résistance (CNR), que « le cœur du projet alternatif du CNR était la protection sociale solidaire », et tout le reste fut construit autour.
Hors, aujourd’hui la protection sociale solidaire devient la vingt-cinquième roue du carrosse de la militance politique et sociale. Et quand on voit le niveau de discours, de pratique sociale et de mobilisation des organisations de la gauche politique et sociale, il y a loin de la coupe aux lèvres ! Combien de responsables politiques ne savent plus que le budget de la Sécu est près de plus de 20 % au-dessus du budget de l’Etat, tous ministères confondus, et que la protection sociale, c’est près de 30 % du PIB et représente la première préoccupation des assurés sociaux ? C’est alors que l’un des grands divorces entre les préoccupations du peuple (et principalement des couches populaires), et les discours des élites politiques et sociales deviennent flagrants !
C’est pourquoi, armé du manifeste alternatif des Etats Généraux de la Santé et de l’Assurance Maladie (EGSAM) (voir le manifeste des EGSAM), l’UFAL a engagé avec ses partenaires syndicaux, mutualistes et associatifs un gigantesque programme d’éducation populaire tourné vers l’action (voir texte 4) et basé sur le triptyque « réunion publique d’éducation populaire – stages de formation des formateurs locaux – mini réunions dans chaque canton ». Il n’y a pas d’autres voies pour engager la refondation solidaire de la république sociale pour le XXIe siècle.
Que ceux, militants, organisations, qui veulent participer à ce grand chantier d’éducation populaire, tant dans la production du discours que dans l’animation des évènements, se rassemblent !