L’actualité nous rappelle que le système financier, basé exclusivement sur le profit à court terme, n’est qu’une vaste arnaque !
C’est ce système qui exploite sans vergogne l’immense majorité des femmes et des hommes de notre pays.
C’est également lui qui, depuis plus de vingt ans, orchestre la mise en concurrence des services publics, relayé en cela par une Commission européenne définitivement acquise aux thèses de cet ultralibéralisme que nous appelons, dans la phase actuelle, turbocapitalisme. Souvent masquée derrière des partenariats public-privé ou des pâtés d’alouette, la marchandisation généralisée des activités humaines progresse.
Quelles sont aujourd’hui les conséquences de la privatisation des services publics ?
– La hausse des tarifs : après celle des tarifs bancaires, il suffit de voir l’évolution des tarifs du gaz pour s’en convaincre ;
– La concurrence faussée par des ententes : l’exemple le plus édifiant est la privatisation de France Télécom
– La désertification de nos campagnes : il n’est pas rentable, dans la logique du turbocapitalisme, de maintenir des services publics en milieu rural où la fréquentation est plus faible et les coûts d’exploitation plus élevés qu’en zone urbaine (c’est la même logique que pour l’abandon d’une desserte ferroviaire sur tout le territoire) ;
La privatisation de La Poste va sonner le glas des derniers services publics basés sur les fondements républicains et solidaires hérités du Conseil national de la Résistance (pensons à la Sécurité sociale de 1945 à 1967). Surtout, elle nous éloignera définitivement de la démocratie sociale et de la participation des usagers et des travailleurs à la gestion, ou du peu qu’il en reste…
Comment en est-on arrivé là ?
Ce sont bien les chefs d’Etat et de gouvernement qui ont décidé d’harmoniser les services postaux européens. La Commission s’est vu confier le soin de préparer une directive allant dans ce sens. Elle entre en vigueur en 2011. Elle prévoit la fin du monopole postal et, donc, l’ouverture au marché, mais elle n’impose absolument pas la privatisation des postes !
Il s’agit donc d’un choix idéologique de la part du gouvernement et des dirigeants de la Poste.
Lesquels avancent des arguments articulés autour du financement de la modernisation et du développement international de l’Etablissement public. Emprunter est incontournable ? En privatisant la Poste, les tenants de l’ultralibéralisme comptent disposer des « facilités » du marché boursier ! Cette prétention prend un singulier relief à l’heure de la crise des marchés financiers internationaux…
Pourtant, notre service public postal dispose des moyens que lui offre la Caisse des Dépôts et Consignations. Il lui faudrait y renoncer au motif que ce financement constituerait – ô horreur !- une aide de l’Etat ? Peut-on l’affirmer sans rire à l’heure où les Etats mettent en place des mécanismes de refinancement et de recapitalisation des banques privées ?
Analysons les premières conséquences de cette privatisation dans les pays voisins :
– en Allemagne, 1/3 des bureaux ont été fermés, surtout en milieu rural,
– suppressions d’emploi en grand nombre en Allemagne, aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, etc.
– et partout, volonté délibérée de conquérir de nouveaux marchés au niveau international en favorisant les « gros clients » au détriment des usagers !
Et comme il faudra bien assurer un peu de présence postale là où les bureau auront été supprimés, on sous-traitera à des commerce locaux (tabacs, débits de boisson, épiceries…) : c’est aussi la remise en cause de la confidentialité (car rappelons qu’un fonctionnaire prête serment).
C’est surtout la fin de l’égalité républicaine. Les familles en milieu urbain auront « La Poste » et celles qui résident en milieu rural les sous-traitants.
L’UFAL ne peut que condamner une telle dérive inégalitaire par la mise en place de deux catégories d’usagers.
L’UFAL exige le maintien du service public postal dans le cadre statutaire d’un établissement public où la représentation démocratique nationale tient les leviers de commande.
Plus généralement, l’UFAL est totalement partie prenante dans le combat contre le turbocapitalisme prédateur des droits fondamentaux des populations.