Editions de la Martinière 215 pages Février 2007 14,90 Euros
La laïcité pleine et entière nous permet de mieux vivre ensemble et de ne pas rester enfermés, voire prisonniers d’une communauté.
Sophia Chirikou, militante socialiste revient sur les principes inhérents à la laïcité pour les expliquer et développer sa conception.
C’est un apport original qui s’appuie à la fois sur une expérience et à la fois sur des définitions précises de certains concepts, le tout dans un style accessible.
L’auteure s’en prend à certaines notions galvaudées.
Elle refuse le » politiquement correct » et choisit d’attribuer aux mots leur véritable sens.
» Pour être pleinement citoyen, il faut pouvoir investir trois champs qui s’articulent : le champ juridique – posséder des droits et avoir des devoirs; le champ politique – les citoyens fondent le pouvoir politique; et le champ symbolique – les citoyens font corps au sein de la communauté nationale »
Refusant le républicanisme et le communautarisme, elle propose une autre voie qui » organise la diversité dans le cadre défini par la loi commune « …
C’est une approche intéressante qui va à l’encontre d’une laïcité dite ouverte.
Elle prône ainsi la reconnaissance des appartenances culturelles » dans le cadre d’une culture politique partagée « …
L’association de culture berbère qu’elle co-anime dans le 20ème s’adresse à toute la population locale, sans distinction d’origine.
L’intérêt général prime sur l’intérêt de groupe et la communauté d’appartenance ne mène pas au communautarisme, elle n’est qu’un ferment d’intégration.
Il s’agit non de défendre les intérêts d’une communauté » mais bien au contraire de tisser des liens pour mieux comprendre les identités à travers ce qui est commun à tous. »
Pour l’auteure, militante convaincue, la laïcité à géométrie variable conduit droit au mur. Si un coup d’arrêt n’avait pas été porté à l’offensive des intégristes ; Si la loi du 15 mars 2004 n’avait pas été adoptée, D’autres revendications auraient surgi : » la justification des mariages forcés par la coutume, la remise en cause du droit à l’avortement pour certaines communautés… »
L’auteure met en cause le culte de la différence » communautarisante » et l’identification » colorielle « .
Comme Gaston Kelman et quelques autres personnalités qu’elle interroge, elle ne veut plus que l’on parle de deuxième ou de troisième génération: » Il s’agit de faire comprendre que la couleur et le faciès ne sont pas des déterminants identitaires « .
Les racistes d’un côté et les » indigènes de la République » de l’autre en prennent pour leur grade.
La langue de bois est absente et l’auteure ne protège pas ses amis politiques, elle affirme son opposition au populisme et propose que l’on mène une politique claire visant à l’éradication de l’exclusion sociale.
C’est un livre grand public qui nourrit la réflexion et non un pensum philosophique pour initiés.