Après avoir investi les entreprises, les coachs sont au chevet des lycéens. Une méthode plébiscitée cette année par les candidats au bac. Même si elle coûte cher à leurs parents.
INCROYABLE et vrai. Installé sur une chaise, Arthur, 18 ans, observe les dizaines de figurines posées devant lui. « Lesquelles te représentent ? », interroge Jean-Philippe Riant. Pour le présent, l’élève de terminale S, jean large et cheveux mi-longs, attrape un personnage gris, incarnant un jeune dilettante, mains dans les poches et sourire en coin, parce qu’« il en a marre de tout, du lycée, et qu’il veut changer ». Dans le futur, Arthur se verrait bien en petite statuette de cosmonaute. « Que fait le jeune pour changer d’ici au bac et se transformer en cosmonaute qui réussit tranquillement ? », interroge le coach, Riant. Car aussi surprenant que cela puisse paraître, Arthur révise le bac. Et, c’est sa séance de coaching scolaire qui vient de s’ouvrir, à une semaine du début des épreuves. Pour la dixième fois depuis janvier dernier, Jean-Philippe Riant, codirecteur de l’Institut européen de coaching étudiant (IECE), aide l’adolescent à atteindre son but : obtenir le bac pour s’inscrire en fac de médecine. Depuis sa création en 2004, l’IECE, qui a déjà accueilli 3 000 jeunes, voit les demandes d’inscription doubler chaque année. À l’heure où le nombre d’entreprises privées de soutien scolaire est en pleine expansion (+10 % chaque année), générant 600 à 800 millions d’euros annuels selon une étude de l’Institut national de recherche pédagogique, le coaching scolaire est le dernier-né de l’aide aux élèves. Et, du même coup, le nouvel entraînement en vogue chez les candidats au bac.
«Un grand frère neutre»
Loin des cours particuliers de maths ou de français, cet accompagnement d’un nouveau genre se concentre sur la gestion du stress, la désorganisation ou la démotivation des collégiens, lycéens et étudiants. En quelques séances, les coachs, généralement consultants en ressources humaines, chefs d’entreprise, formateurs, sociologues ou psychologues, proposent un accompagnement sur mesure aux 15-25 ans. L’objectif ? Mieux se connaître pour s’épanouir, progresser et choisir une voie adaptée à sa personnalité. À coups de techniques et d’outils inédits, de fiches de planning révolutionnaires, de figurines, de tirelires, et autres lancers de dés destinés à mesurer sa propre résistance au stress. Le tout pour des sommes variant, suivant les organismes et les formules, de 100 euros pour une séance à 500 euros pour une aide plus approfondie. « Nous nous attaquons aux causes de l’échec scolaire, qu’elles soient psychologiques ou organisationnelles, précise le directeur de l’IECE. Le coach que je suis est un intermédiaire entre les jeunes et l’extérieur, avec un langage d’ado mais une apparence et un discours d’adulte. J’écoute et je conseille, sans juger ni imposer. Un peu comme un grand frère neutre qui guide vers la maturation. »
Arthur, lui, semble avoir trouvé le déclic : « Avec un conseiller d’orientation, c’est une corvée. Là c’est plus informel, plus ludique. » Ses résultats se sont sensiblement améliorés. « Maintenant, je sais au moins que, quand je travaille, je ne m’en sors pas trop mal ! Je m’organise mieux et je comprends au moins l’intérêt des cours. Du coup, l’atmosphère s’est détendue à la maison, le sujet scolaire n’est plus tabou entre mes parents et moi : avant, ils passaient jusqu’à une après-midi à me faire cracher une note ! »
Gare pourtant aux arnaques. Non réglementée, la profession laisse la porte ouverte à des intervenants peu scrupuleux. En l’absence de tout diplôme d’État, n’importe qui peut s’autoproclamer coach scolaire. Histoire d’éviter ces écueils, mieux vaut choisir un coach formé et certifié. « Il faut vérifier que le prestataire a reçu une formation longue et adaptée, bénéficie d’une expérience dans le secteur et d’une démarche thérapeutique de plusieurs années, prévient Jean-Louis Cressent, de la Société française de coaching, l’une des quatre associations destinées à structurer et moraliser la profession. L’idée est d’éviter l’emprise de personnages mal intentionnés sur des jeunes particulièrement influençables.