Pour la deuxième fois en un mois, la Conférence des présidents d’Université vient d’adresser des propositions aux ministres maîtres d’œuvre de la réforme de la formation des enseignants. Pour la deuxième fois, la CPU a choisi de mettre en avant des recommandations qui, loin de remettre en cause les principes de cette « réforme », se présentent comme de simples ajustements des mesures annoncées dans le communiqué ministériel du 15 janvier. La CPU semble ignorer les raisons du mouvement massif de refus qu’a suscité le projet de réforme de la formation des enseignants et des concours de recrutement ainsi que l’ampleur de la mobilisation des universitaires contre ce projet. Ne doutons pas que les ministres sauront répondre favorablement à ces vraies-fausses préconisations pour mieux diviser la communauté universitaire sur cette question.
Les signataires de l’Appel du 8 novembre veulent rappeler ici que les propositions de la CPU ne peuvent en aucun cas satisfaire ceux qui ont décidé de ne pas entrer dans cette entreprise de démolition de la formation et du mode de recrutement des enseignants :
- Les signataires de l’Appel du 8 novembre seraient prêts comme la CPU à se féliciter de l’augmentation du nombre et du montant des bourses allouées aux étudiants qui se destinent aux métiers de l’enseignement s’il ne s’agissait dans le même temps de supprimer de fait l’année de stage en responsabilité durant laquelle les lauréats des concours perçoivent aujourd’hui un salaire et entrent dans les premiers échelons de leur carrière.
- Ils ne se félicitent pas des dispositifs mis en place par les ministères pour offrir aux étudiants de M2 des stages en nombre dans la mesure où ces stages morcelés ne sauraient apporter à la formation des étudiants ce qu’apportait l’ancienne année de stage en alternance. Ils désapprouvent encore plus l’idée d’étendre ces stages « au cursus de licence », car il est évident que le temps qui y serait consacré seraient pris sur les heures de formation disciplinaire Ils persistent à juger scandaleux qu’on parle de « gratifier » des étudiants de 3000 euros pour une charge horaire correspondant à six mois de salaire anciennement. Ils continuent d’être convaincus que les étudiants ne pourront à la fois consacrer leur énergie à ces stages, à l’approfondissement de leurs connaissances théoriques et à un travail de recherche.
- Ils ne demandent pas que des aménagements de calendrier soient accordés aux universités pour permettre aux unes de rendre des maquettes en 2009 tandis que d’autres pourraient les déposer en 2010. Non seulement c’est une complication supplémentaire dans un dispositif déjà mal conçu, mais En soi, ce procédé est dangereux car il relance une mise en concurrence entre les universités que les signataires de cet appel n’ont de cesse de dénoncer. Ils exigent un moratoire véritable afin que les principes et les modalités de cette réforme soient largement discutés par tous les acteurs concernés.
- Ils constatent que les effets certains les plus graves de cette « masterisation » restent volontairement ignorés de la CPU : mise en cause du statut de professeur fonctionnaire par la création d’une catégorie de titulaires du master d’enseignement mais non titulaires du concours, liée à des suppressions massives d’emplois ; mise en cause de l’existence de nombreux masters recherche du fait de la concurrence des filières enseignement ; dangereuse mise en concurrence d’un diplôme avec un concours ; diminution du nombre des épreuves au concours et dénaturation de leur nature, avec un appauvrissement scandaleux des contenus disciplinaires.
Ils appellent donc tous les universitaires et formateurs à continuer de refuser sans relâche la transmission de la moindre maquette de nouveau master d’enseignement et à mettre en œuvre, dans les universités ou ailleurs, tous les moyens qu’ils jugeront opportuns pour obtenir le retrait de cette réforme.