SLU soutient cette pétition.
À Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale
Les Arrêtés du 28 décembre 2009 réformant les concours de recrutement des enseignants du premier et du second degrés (J.O. du 6 janvier 2010) prévoient à compter de la session 2011, dans les épreuves orales, une évaluation de la compétence dite « Agir en fonctionnaire de l’Etat et de façon éthique et responsable », dont la définition est donnée dans l’annexe de l’Arrêté du 19 décembre 2006 (point 3 « les compétences professionnelles des maîtres »). Cette évaluation occupe en apparence une place mineure dans l’oral de l’Agrégation (4 points sur 20 de l’épreuve orale où elle s’insère), ou même dans l’oral du Capes (6 points sur 20), mais il est aussi prévu par les Arrêtés que lorsqu’une épreuve comporte plusieurs parties, la note zéro obtenue à l’une ou l’autre des parties est éliminatoire. Et il est par ailleurs annoncé que les jurys des concours pourraient, outre les membres (issus du corps de l’Inspection ou des corps enseignants) proposés par le Président du jury, « comprendre des personnes choisies en fonction de leurs compétences particulières ». En somme, les futurs candidats seraient supposés faire la preuve, au cours d’un entretien d’une vingtaine de minutes avec le jury (« exposé du candidat à partir d’un document fourni par le jury (dix minutes) et entretien avec le jury (dix minutes) »), de leur bonne moralité, cette évaluation pourrait être confiée à des personnes aux « compétences particulières », et une prestation insatisfaisante pourrait leur valoir une note éliminatoire.
Nous ne pouvons accepter qu’un certificat de bonne moralité – en vertu de quels principes, de quels critères ? – soit désormais requis pour accéder aux fonctions d’enseignant ; nous ne pouvons admettre qu’un jury puisse éliminer des candidats, en supputant dans le cadre d’une épreuve orale aux contours opaques leur incompétence en matière d’éthique et de responsabilité ; nous ne pouvons comprendre comment pourrait être suspecté le désir d’être un enseignant compétent et dévoué, s’agissant de personnes qui, au terme de plusieurs années d’étude exigeantes, et d’une ou plusieurs années de préparation spécifique, se présentent aux concours de recrutement de l’enseignement.
Enfin, cette disposition nous paraît des plus dangereuses car elle suggère une volonté de contrôle des consciences, étrangère à notre tradition républicaine. Les concours de recrutement ne sauraient évaluer que les compétences disciplinaires et les aptitudes pédagogiques des candidats. C’est pourquoi nous demandons solennellement à Monsieur le Ministre de l’Education Nationale que l’évaluation de la compétence « Agir en fonctionnaire de l’Etat et de façon éthique et responsable » soit retirée au plus vite de l’ensemble des concours de recrutement de l’Education Nationale, pour lesquels elle est actuellement programmée.
Voir aussi « L’Homme sans compétence » (La Rédaction)