Nous sommes révoltées devant la folie meurtrière des intégristes islamistes qui a fait une nouvelle fois rage dans le quartier « d’El Haicha » à Hassi-Messaoud, ville pétrolifère du Sud de l’Algérie. Nous n’avons pas oublié la nuit funèbre du 13 juillet 2001 au cours de laquelle près de cinquante femmes ont vécu le martyre dans ce même quartier. En effet, cette nuit-là, plusieurs centaines d’individus déchaînés suite au prêche d’un imam s’étaient armés de matraques, de couteaux et de sabres pour s’attaquer aux travailleuses et à leurs enfants.
Jusqu’où ira la barbarie ? Près de dix ans après l’expédition punitive de 2001 le scénario de l’horreur se reproduit encore ! A nouveau le sabre, le couteau, la hache et le bâton contre des femmes sans défense. Elles sont agressées, torturées, violées, assassinées. Depuis plusieurs semaines, le terrorisme fait de nouveau rage et les femmes, toujours et encore elles sont les boucs émissaires d’agresseurs qui tentent d’imposer leur ordre à la société.
Malgré les dépôts de plainte au commissariat, la police s’est figée dans une inertie totale. Les plaintes sont classées sans suite. Aucune mesure n’est prise pour juguler le climat de violence. Dans cette zone sous haute protection, cela signifie-t-il qu’aux yeux des pouvoirs publics algériens la sécurité des bases pétrolières est plus précieuse que les vies humaines !!
Évidemment, cette situation gravissime est le corollaire de toutes les dérives scandaleusement baptisées «rahma», «concorde civile», «réconciliation nationale» mais qui en fait, au nom de « l’amnistie nationale » banalisent voire légalisent le crime, le viol, le kidnapping et menacent l’avenir de l’Algérie sur l’autel du compromis avec l’islamisme politique.
Ces dispositifs n’ont jamais assuré la protection des victimes de la terreur islamiste, elles n’ont pas rendu justice aux familles des victimes, ni aux victimes elles-mêmes et en particulier les survivantes des massacres de HASSI MESSAOUD. Au contraire, ce sont les victimes qui doivent se cacher, se taire, se résoudre à la fuite, au silence, quand ce n’est pas à l’exil.
Ces évènements tragiques mettent une nouvelle fois à l’ordre du jour la nécessité d’abroger le Code de la famille qui ravale les femmes au statut de sous-citoyennes et cultive dans les esprits un obscurantisme d’un autre âge.
L’État algérien a failli à sa première mission qui est d’assurer la sécurité de ses citoyens et citoyennes.
L’Initiative Féministe Européenne IFE-EFI est aux côtés des féministes algériennes pour appeler toutes les forces démocratiques à manifester leur solidarité avec les femmes de Hassi-Messaoud et exiger :
- la cessation du climat de terreur qui règne contre les femmes à Hassi-Messaoud et la fin de toutes les exactions,
- la mise en place d’une protection immédiate et exceptionnelle pour garantir la sécurité, l’intégrité physique de ces femmes et leur droit au travail,
- la reconnaissance publique par les autorités locales et territoriales des actes de terrorisme dont elles sont victimes,
- la mise en place de poursuites judiciaires contre tous ceux qui ont été confondus de crimes à leur encontre,
- la mise en œuvre d’une procédure de justice destinée à mettre un terme à l’impunité des actes de vandalisme et de terrorisme.
La Coordination Européenne de l’IFE-EFI
15 avril 2010