A l’issue de Cop 15 à Copenhague, nous avions émis le souhait que les prochains sommets sur le climat ne soient plus les mêmes. En disant cela nous exprimions le souhait que les choses s’améliorent et débouchent sur des solutions.
Le sommet de Cancún (Cop 16) aboutit à un résultat catastrophique pour tout ce qui concerne les règles pouvant régir le climat et les incidences humaines qui interagissent sur celui-ci. Cela va même au-delà du raisonnable puisque le protocole de Kyoto, le seul accord un peu viable concernant la justice climatique et la réduction des gaz à effet de serre, est lui-même remis en question, même s’il a été sauvé in extremis au moment de la déclaration finale.
Dans la mesure où le protocole de Kyoto, qui engage près de 40 pays industrialisés à réduire leurs émissions de GES de 5,2 % en dessous de leur niveau de 1990 à l’horizon 2008-2012 (à noter que les États-Unis n’ont jamais ratifié ce traité), est la cible des pays capitalistes, cela signifie que les choix économiques faits au niveau mondial sont incompatibles avec la préservation de la planète, d’autant plus quand nous apprenons que la conférence de Cancún prévoit de transférer la gestion du fonds vert mondial à la Banque mondiale ! Même si ce fonds vert mondial doit comporter un conseil d’administration avec représentation équitable entre pays développés et en développement, le texte de Cancún prévoit au passage que la Banque mondiale servira d’administrateur intérimaire durant trois ans. L’avenir seul jugera, mais le risque est grand.
Si tel est le cas de figure, alors il faut envisager de détruire ce schéma économique dominant, car au-delà de la destruction de la planète, il est générateur de crises économiques et sociales qu’il n’arrive plus à réguler.
Le capitalisme règne depuis 200 ans. Durant cette période il a fini par imposer un modèle individualiste qui détruit toutes les représentations collectives. Quand il détruit la planète, c’est encore son œuvre, quand il détruit le social, l’échange gratuit, la solidarité, c’est également son œuvre. Pour cela il a besoin de détruire aussi la démocratie, afin d’asseoir son pouvoir et au-delà sa structure individualisante.
Le capitalisme a fait dériver la notion de valeur du collectif à l’individu, n’imposant plus ainsi à la collectivité les règles partagées, mais laissant à chacun le soin de s’autodéterminer, c’est en ce sens aussi que la démocratie doit être abattue pour lui. C’est pourquoi les lieux de décisions sont de plus en plus éloignés de chacun et ne sont plus désignés lors de scrutins populaires.
Les FMI, OMC, BM, UE et autres lieux de décisions antidémocratiques vont à l’encontre des populations et sont l’émanation de ce manque de démocratie. Ces structures deviennent alors la « loi » au niveau planétaire avec comme seul objectif l’accroissement des richesses pour quelques-uns.
Les contraintes sociales, écologiques et économiques, qui sont les règles communes pour un partage des richesses d’une manière durable et raisonnable, ne sont pas compatibles avec les objectifs de ces diverses instances internationales. Or le protocole de Kyoto est une contrainte, au même titre que les salaires minima imposés, la législation du travail… pour envisager de nouveaux profits.
A l’issue du sommet de Cancún, nous voilà certains d’une chose, le capitalisme n’est pas conciliable avec l’écologie, mais il ne l’est pas non plus avec le social ni avec une économie régulée. Les prochains sommets concernant la planète, l’avenir de notre société, ou la conception économique du vivre ensemble, ne pourront émaner que des peuples eux-mêmes et devront prendre d’autres voies que celles envisagées par le capitalisme.
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