En complément du trimestriel Ufal INFO revue de convictions laïques qui explore les thématiques actuelles en les reliant aux activités militantes de notre association et des diverses émissions de baladodiffusion d’actualité (Laïcidade), littéraire (I Tréma), cinématographique (Laïkino), scientifique (Scientia), voici une nouvelle publication appelée Cause républicaine.
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Défendre la Cause républicaine requiert la réinstitution continue de la République. Mais notre longue histoire politique, constitutionnelle et sociale nous avertit à la fois de la fragilité de l’association politique mais aussi de la solidarité entre tous nos concitoyens. Réinstituer la République, c’est travailler à l’unité vivante de toute la Nation. C’est pourquoi, par la diversité des contributions, ce premier Dossier de notre revue prend le temps de définir les mots, d’indiquer les défis à relever et les problèmes à poser, tout en s’appuyant sur les leçons du passé. C’est toute une culture républicaine qu’il nous faut reconstituer tout en innovant.
Dans ce Dossier, nulle prétention à l’exhaustivité : chaque contribution est à lire pour elle-même mais dans un souci partagé de reconstruire la République, grâce à l’instruction mutuelle, aux débats sereins et à la collégialité démocratique des initiatives. Nous entendons remplacer l’incantation par l’argumentation. Nous contribuons ainsi à la traversée de nos crises institutionnelles, politiques, sociales et sanitaires, avec toujours le souci des individus précarisés. Il s’agit bien de tout faire pour que la justice sociale soit notre horizon, comme le prône l’Ufal et toutes les associations républicaines et laïques.
La tradition des Lumières et de la Révolution française
Tout d’abord, avec Charles Coutel, Philippe Foussier et Catherine Kintzler, reconnaissons notre dette envers la tradition des Lumières et de la Révolution française. Le républicanisme français se veut un universalisme exigeant, un humanisme émancipateur, tout en suivant une méthodologie autocritique et perfectible. Ayons en tête la belle formule de Camille Desmoulins qui, dans le numéro 3 de son journal Le vieux Cordelier, écrit : « L’avantage des républiques est de s’améliorer. »
La République sociale
C’est ce même souci de vérité émancipatrice et de justice sociale que l’on retrouve dans les contributions de Samuël Tomei sur la politique sociale de Clemenceau, d’Olivier Nobile sur l’histoire de la Sécurité sociale ou encore de Nicolas Pomiès sur les conditions de l’instauration d’une République sociale. Tous trois insistent sur les acquis des Seconde et Troisième Républiques, filles des Lumières et de la Révolution française ; toutes ces Républiques, malgré les drames et régressions de notre histoire, surent harmoniser les exigences de laïcité et de justice et le respect scrupuleux des libertés individuelles. Relisons de près, notamment, Pierre Leroux, Clemenceau, Jaurès et Léon Bourgeois (voir notre 3e partie qui cite aussi le Programme de Belleville (1869), si important dans l’histoire républicaine).
La rationalité scientifique
Puis, grâce à Guillaume Lecointre et Jean Levain, nous comprenons mieux que la volonté de réinstituer la République et de rendre effective la reconquête républicaine, passe d’abord par une revalorisation de la rationalité scientifique. Celle-ci semble parfois contestée au sein même des institutions de recherche, d’enseignement et de formation, mais aussi dans les médias et les réseaux sociaux. Vigilance donc à l’égard des mots et comme l’affirme notre Manifeste : « Laïcisons notre vocabulaire ! »
Faisons nôtre cette remarque de Guillaume Lecointre : « La science est un universalisme de la connaissance, mais un universalisme non dogmatique. » in Le fait en question, Fondation Jean Jaurès, Édition L’Aube, 2019, p. 67. Enfin, revenant sur le souci d’être clair et précis avec les mots, Jean Levain se demande : « Quelle politique pour notre langue ? » ; car c’est grâce à des mots maîtrisés que nous pensons, débattons et agissons ; exactement ce que ne veulent pas faire tous les fanatiques et les obscurantistes.
Toutes ces contributions sont réinstituantes, car elles se veulent à la fois remémoratives, critiques et prospectives. À n’en point douter, elles se reconnaissent dans cette remarque de Jean Jaurès qui exprime le projet de tous ceux qui entendent contribuer à la réinstitution de la République aujourd’hui, contre tous les exploiteurs et les obscurantistes :
« La République doit être laïque et sociale, mais elle restera laïque, parce qu’elle aura su être sociale. »
Charles Coutel