Édito de l’UFAL Info n°68 :
Après un numéro consacré aux dimensions politiques et juridiques de la laïcité, nous consacrons ce numéro à la bataille culturelle qu’il faut mener pour faire société autour des principes et valeurs de la République laïque et sociale. Non pas parce qu’ils seraient un héritage à préserver par orthodoxie, mais parce que, en conscience, nous considérons qu’ils constituent le ferment d’une société qui permet le progrès social avec comme base le rationalisme, l’universalisme et l’humanisme.
Nous vivons une période de grande confusion. Parmi les confusions, nombreuses sont minutieusement cultivées pour tendre des pièges. Le piège le plus classique est de s’approprier un mot en détournant son sens pour en faire un marqueur qui entraîne l’adhésion ou le rejet, mais en pervertissant le lien avec son origine historique et philosophique.
Parmi les piège qui sont tendus, il y a ceux qu’il faut éviter, et il y a ceux qu’il faut affronter.
Il est ainsi urgent et indispensable de lever la confusion entre le principe de laïcité, qui est applicable exclusivement aux pouvoirs et services publics, et la laïcité comme conviction philosophique. Nous l’avons écrit, la laïcité comme conviction philosophique est une conviction paradoxale, puisqu’en n’en professant aucune, elle les permet toutes.
Le principe de laïcité de la sphère publique est un cadre juridique et non une opinion. Il n’est donc pas soumis à un quelconque relativisme.
En revanche, il existe, dans l’espace civil, des laïques, partisans de la laïcité, et cela est attesté par plus de deux siècles d’expression philosophique et politique. La laïcité ne saurait donc être un monopole d’État qui interdit les convictions laïques. Cela serait d’autant plus ridicule que si la laïcité est devenue un principe juridique dans la sphère publique, c’est bien grâce à l’action des partisans de son inscription dans le droit positif. Si les Républicains ou les laïques cessaient à l’avenir de manifester leurs convictions, les institutions pour lesquelles ils ont agi seraient elles-mêmes en danger.
Au travers de cette confusion, malheureusement entretenue à la fois par ceux qui combattent ouvertement la laïcité et par certains organismes censés la défendre, c’est donc la liberté de conscience qui est menacée et le militantisme des partisans de la laïcité qu’on tente de disqualifier. Les identitaires et les communautaristes de toutes obédiences s’en frottent les mains et sont à la manœuvre, car la liberté qu’offre la laïcité et le levier d’émancipation qu’elle représente sont en contradiction totale avec leur projet politique. Alors ils n’ont rien trouvé de mieux que de l’accuser d’opprimer. S’opposer à cela est d’autant plus important que la laïcité s’en retrouve aujourd’hui paradoxalement rejetée avant tout par ceux qu’elle protège, et revendiquée par ceux qui l’ont toujours historiquement honnie et combattue.
L’affirmation de la légitimité du militantisme laïque représente un nouveau front du combat laïque et nous en ferons la démonstration fin août 2017 à Périgueux à l’occasion de la renaissance de notre Université populaire laïque.