La veille de l’ouverture du sommet de Copenhague Ban Ki-Moon, secrétaire général de l’ONU, pronostiquait un accord signé de la part de tous les Etats
Ils sont arrivés à une déclaration commune, sans photo de famille, car les résultat ne méritent même pas la photo… au moins de ça ils sont conscients.
Il fallait bien une déclaration au minimum… mais pour quel contenu ?
Vous pouvez toujours consulter la déclaration finale, fruit de la négociation entre 26 Etats et rédigée par 5 (Etats-Unis, Chine, Inde, Afrique du Sud et Brésil) de ces Etats.
En fin de compte les débats peuvent se résumer ainsi, en reprenant les propos d’Emmanuel Guérin, de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) : « Wen Jiabao (Chine) a fait une petite ouverture sur la question des vérifications, Lula (Brésil) a fait preuve d’un volontarisme politique sur le financement, Obama (Etats-Unis) n’a pas bougé d’un iota et Singh (Inde) a fermé le bal en disant que cela se jouerait en 2010. »
Un document interne à l’ONU souligne que « d’autres solutions sont possibles et nécessaires pour combler cet écart. » On pourrait par exemple demander aux pays riches
- de réduire leurs émissions cumulées d’au moins 30 %,
- inciter plus fortement les pays en développement (comme la Chine et l’Inde) à réduire leurs émissions d’au moins 20 % par rapport à leur moyenne
- limiter la pollution liée aux activités de déforestation
- limiter la pollution liée et aux transports maritime et aérien
Pour prendre conscience de cet échec annoncé il fallait lire les communiqués précédant le sommet de Copenhague émanant du G7, du G20, du Fonds monétaire international (FMI) ou de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Tous reprenaient la même formule magique : « il est indispensable, pour soutenir la reprise économique en cours et accélérer le développement des pays moins industrialisés, de conclure le cycle de Doha au plus tôt, afin de faciliter les échanges internationaux ». Tout le monde a pu constater à l’issue de la 7e Conférence ministérielle de l’Organisation réunissant à Genève 153 membres (pays) qu’aucune volonté de négocier n’était présente tout au moins en ce qui concerne la planète et son exploitation.
La priorité est le cycle de Doha, qui est la libéralisation du commerce, bien aux antipodes d’une régulation du marché et donc de l’utilisation de matières issues de la terre…
Ce postulat avancé il était malgré tout nécessaire pour les dirigeants des pays industrialisés de donner un signe fort en direction de la population mondiale sur la prise en compte de la problématique environnementale. C’est fait. Ils ont construit un texte qui ne dit pas autre chose que : « nous savons, mais nous ne pouvons pas faire grand chose ». Ici il faut comprendre : « nous savons, mais nous ne ferons pas grand-chose ». Et ils l’envoient à la face du monde. Désespérant !
Et pendant tout ce temps, parce que ce sommet était important à plusieurs titres, et en particulier pour faire entendre les intérêts des grands groupes dans le concert de la mondialisation, tous les lobbyistes du monde entier étaient présents pour défendre leurs intérêts d’entreprises : les producteurs de nucléaire, de pesticides, d’OGM, d’énergie, les transporteurs, les pétroliers, etc. expliquant que grâce à chacun d’eux la planète sera plus propre et le réchauffement en recul.
Si certains ont pu constater l’absence des industries dans les sujets de conversation, il faut bien constater que celles-ci étaient bien présentes pour peser sur le cours des décisions, à travers un lobbying forcené. Les grands groupes industriels savent bien où se trouve la fracture écologique entre les pays émergents et les pays industrialisés… la bataille entre les Etats-Unis et la Chine en est l’exemple parfait.
Convaincre l’industrie de collaborer aux solutions à apporter pour la sauvegarde de la planète aurait été un exemple de défi pour ce sommet.
Raté !
Malgré ce triste constat quel est le résultat, que vont-ils faire et quel chemin reste-t-il à parcourir ?
Les problèmes sont reportés sur les générations futures.
Différents dossiers devaient être traités et pour ne prendre que les plus importants, il était question :
- de limiter la hausse moyenne des températures de 2°C,
- de tenir les promesses prises dés Kyoto,
- de rediscuter justement du protocole de Kyoto,
- de sauver la forêt tropicale
- du financement par les pays du Nord de ces différents points afin d’atteindre les objectifs.
Les résultats ?
La proposition d’aide ciblée de la part de l’Australie, la France, le Japon, la Norvège, le Royaume-Uni et les Etats-Unis de 3.5 milliards de dollars sur trois ans pour « enrayer et si possible inverser la déforestation dans les pays en développement », bien que la protection de la forêt constitue l’un des enjeux importants de la conférence climat de Copenhague pour des pays comme le Brésil, l’Indonésie ou ceux du Bassin du Congo notamment, mais aussi d’une manière planétaire car la déforestation (près de 15 millions d’hectares par an) est responsable de près d’un cinquième des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, il faut considérer cette annonce comme un simple cataplasme dans la mesure où aucune règle coercitive n’est associée pour interdire la déforestation, ou tout au moins la contrôler.
Des chiffres en dizaines voire en centaine de millions de dollars par an ont circulé pour venir en aide aux pays développés ou pour réparer l’exploitation faite sur leurs territoires. Peu de propos avancent le fait de changer de fonctionnement, et ceux prononcés sont tournés en ridicule ou étouffés, en particulier par la presse. La crise organisée au sein de la conférence n’a servi qu’à masquer le fond de la discussion que les pays industrialisés en majorité ne veulent pas aborder.
Des annonces spectaculaires de mise en place de contrôle ont été faites, et sont jugées par tout le monde nécessaire. Le sauvetage de la forêt est au cœur de toutes les discussions…
Mais concrètement voici les 5 points envisagés lors des discussions et qui ont accouché d’une souris :
- La hausse des températures
Une limitation du réchauffement planétaire à 2ーC d’ici 2050 par rapport aux niveaux préindustriels a été prévue.
Tuvalu, les Maldives, la Grenade et en fait les petits Etats insulaires et bon nombre de pays d’Afrique et d’Amérique du Sud (102 nations) préconisent une hausse maximale de 1.5ーC en prenant la même valeur de départ. Cette préconisation est vitale pour eux puisque le risque est la disparition d’îles, la sécheresse, la famine,… - La réduction des émissions de gaz à effets de serre
Il n’y a aucun objectif chiffré de réduction des émissions de CO2 dans le document.
Il est demandé pour plus tard (2010 ?) aux pays industrialisés de fournir leurs objectifs chiffrés de réduction de CO2.
L’addition des promesses faites à l’heure actuelle nous conduirait sans faillir à 3ーC de réchauffement planétaire.
En l’état actuel cela veut dire que même les objectifs du traité de Kyoto ne seront pas respectés… ce que craignaient beaucoup d’États lors des discussions. - L’aide aux pays en développement
Un budget international vise à consacrer 100 milliards de dollars par an d’aide aux pays en développement à partir de 2020.
Les Etats se donnent le temps d’examiner le type de financement innovant qui permettrait d’alimenter ces 100 milliards annuels.
L’addition des promesses faites par État à ce jour laisse les 100 milliards annuel très loin comme objectif à atteindre. - L’Organisation Mondiale de l’Environnement (OME)
Il était question de mettre en place un organisme de contrôle des décisions prises et de leur application, qui aurait put être l’OME.
L’accord ne prévoit aucun contrôle en se retranchant sous la garanti du respect de la souveraineté nationale.
Les discussions sur ce point sont renvoyées à un calendrier étalé sur plusieurs mois, voir plusieurs années - La protection des forêts
Bien que le texte reconnaisse « l’importance de réduire les émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts, et la nécessité d’améliorer l’élimination de gaz à effet de serre par les forêts », il ne prévoit que des mesures « incitatives ».
Les contraintes sur les grandes entreprises destructrices de forêts ont été là aussi écartées.
Le calendrier
Une rencontre est prévue à Bonn « dans les six mois » à venir pour préparer la conférence sur le climat qui aura lieu à Mexico fin 2010 (Cop16).
En attendant la mise en place de ce calendrier l’ONU, en bout de course sur ce dossier, devra proposer un agenda plus complet avec des objectifs à remplir impérativement. Les déclarations faites par différents chefs d’États sur le fait que l’ONU est dépassée ne laisse augurer rien de bon.
Le chemin à parcourir
Plusieurs pays industrialisés renâclent, avec un argument : si tous les pays occidentaux sont concernés par Kyoto, un seul y échappe, les Etats-Unis, qui ne l’ont pas ratifié. Mais, comme vu précédemment, les décisions prises lors de Copenhague viennent de mettre à bas le traité de Kyoto, qui n’a plus aucune force.
Alors signature ou pas ?
Les grands pays émergents tels que la Chine, l’Inde ou le Brésil sont également épargnés. Ils étaient avec les Etats-Unis et l’Afrique du Sud dans le dernier carré des négociateurs, ceux qui ont posé tous les filtres. Cela pouvait se justifier en 1997, c’est moins vrai aujourd’hui. Surtout pour la Chine. «Ce pays est vraiment limite» pour se revendiquer du bloc des moins développés, reconnaît un négociateur.
Il est apparu clairement à Copenhague que l’affrontement entre les Etats-Unis et la Chine pour consolider un avantage économique se jouait aussi sur le refus des avancées en terme d’environnement (il n’est même pas abordée la question sociale)…ou que tout au moins ils sont d’accord sur un point à savoir que les « contraintes » environnementales ne doivent pas entraver leur essor économique respectif.
Dans cette approche restrictive il faudra aussi bientôt entendre la voix de l’Inde et du Brésil, qui prennent le même chemin que la Chine, sachant que dans cette partie de poker menteur l’Union Européenne est restée bien sagement assise faisant quelques annonces de principe vagues pour l’aide aux pays en développement en laissant l’affrontement Etats-Unis – Chine aller à son terme, permettant ainsi qu’aucun accord raisonnable ne soit signé.
Le chemin à parcourir est bien sombre et nous pouvons regarder les choses en face, le sommet de Copenhague est une déclaration de guerre ouverte.
Quelques éditorialistes, responsables d’organisations le disent depuis quelques temps : « nous sommes entré dans la troisième guerre mondiale » le sommet de Copenhague en a officialisé l’organisation.
Les dirigeants des « grands Etats » de notre monde préserveront uniquement les intérêts industriels et financiers, les relais qu’ils obtiendront pour cela nous surprendront parfois, mais leur objectif est de continuer à produire et à enrichir les plus riches.
La crise financière a été résolue provisoirement à coups de milliards de dollars, le mal être des citoyens du monde, l’exploitation effrénée de la Terre, ne rentrent pas en ligne de compte.
Les crises climatiques, sanitaires, alimentaires, sociales vont pouvoir se succéder, une pincée d’euros sera dispensée, une organisation policière et militaire est en train de se mettre en place pour juguler les soulèvements.
Le comportement des forces de police à Copenhague et le retrait des accréditations aux ONG en ont été un exemple frappant.
Et du côté du Klimaforum ?
La kyrielle des organisations était présente sous le haut patronage de quelques figures vertes, politiques, et altermondialistes.
Certains avaient passé des accords avec quelques entreprises multinationales, ce qui enlevait du crédit au Klimoforum.
Les responsables de Cop15 avaient appréhendé les choses autrement en terme de sécurité qu’à Seattle… l’effet de surprise n’était pas là, la puissance policière était organisée. Le rapport de forces ne s’est fait que peu entendre. Les propositions sont restées en deçà du véritable enjeu, les propos sur le nécessaire changement de société ont été retenus par les professionnels de la communication ONG. Il faut bien faire bouillir la marmite et ne pas prendre le risque de perdre quelques subsides !
Malgré ce constat il faudra retenir le discours d’Henry Saragih, coordinateur général de la Via Campesina- discours qui a su simplement faire la jonction entre les différentes crises que nous traversons et plus particulièrement en liant la production industrielle alimentaire au réchauffement climatique. Dans son introduction au Klimaforum, Henry Saragih remet bien en question le modèle dominant.
Heureusement quelques représentants de pays du Sud, d’Amérique du Sud ou d’îles en voie de disparition, au sens propre du terme, comme Tuvalu, ont réussi à faire émerger les véritables problématiques et c’est de ce côté-là que le discours a enfin pu être relevé au sein du Klimaforum tant qu’au sein de la conférence officielle.
A coup de suspensions de séances, de départ en nombre, ou de déclarations fracassantes et censées ils ont mis la pression sur les discussions permettant ainsi de désigner comme véritables responsables les pays qui épuisent la planète. Et ça c’était primordial. Le discours de Chavez a su remettre en place les choses, en dehors de la langue de bois, en nommant le vrai responsable, le capitalisme : «Si le climat était une banque, vous l’auriez déjà sauvé!»
Il y a aussi ce passage de son discours qui vaut le récit : « … 7 % de la population font 50 % des émissions mondiales, 50 % de la population font 7 % des émissions… le changement climatique n’est pas le seul problème dont souffre l’humanité… » ou le fait de nommer Hervé Kempf à la tribune de la conférence en parlant de son livre « Comment les riches détruisent la planète » ; Hervé Kempf qui a certainement été le meilleur journaliste français sur cet événement.
Il y a malgré tout eu des propositions qui vont marquer les débats à venir :
- le devoir pour les pays développés de consacrer 6% de leur PIB aux pays en développement, en apportant une contribution mesurable, en vue du paiement total de la dette climatique
- la mise en place d’un tribunal climatique mondial
- la tenue au sein de la communauté internationale d’un débat en profondeur pour une vie plus harmonieuse et plus respectueuse de l’environnement
- ou encore la proposition d’un référendum mondial sur le climat
Cela a permis ainsi à la présidente de ce sommet, Mme Hedegaard, devant la difficulté des débats, de se retrancher vers les négociations de couloirs, en prétextant un défaut d’organisation, dont elle n’est pas la seule à avoir la responsabilité. Mais ceci est anecdotique et ne fait que tenter de camoufler les profonds désaccords qui ont pu s’exprimer, sachant que le but du jeu à cet endroit était bien de défendre la partie du plus fort économiquement.
Ces discours, ces propositions, ont permis de relever le niveau des interventions des représentants de pays riches, avec des propos aussi vagues que celui d’Hillary Clinton pour le compte des Etats-Unis annonçant qu’ils « contribueront » à une enveloppe globale de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour la lutte contre le réchauffement dans le cadre d’un accord impliquant les principales économies (?) ou les effets de manche du président français, mais aussi des représentants des pays européens, essayant de créer un climat d’urgence, sans trop avancer de propositions concrètes, bien « embusqués » derrière les Etats-Unis, à une heure où tout le monde savait déjà que les décisions ne seraient plus prises à Copenhague, mais au mieux un an plus tard, au pire jamais… sans oublier la Chine qui a proposé d’ouvrir le livre de compte de ses émissions de gaz à effet de serre aux observateurs internationaux (?).
Dans ces conditions il est préférable de reprendre l’excellent article d’Eduardo Galeano diffusé en plein milieu du sommet de Copenhague, « les données cachées sous le baratin révèlent que 20 % de l’humanité commet 80 % des agressions contre la nature, crime que les assassins appellent « suicide », mais c’est l’humanité tout entière qui paye les conséquences de la dégradation des sols, de l’intoxication de l’air, de l’empoisonnement de l’eau, de l’emballement du climat, de la dilapidation des richesses naturelles non renouvelables. » et rapportant ce que Mme Harlem Bruntland, Premier Ministre du gouvernement norvégien, a déclaré récemment : « que si les 7 milliards d’êtres humains qui peuplent notre planète consommaient autant que les pays développés d’Occident, « il leur faudrait 10 planètes Terre pour subvenir à tous leurs besoins ». Une exigence impossible à satisfaire. »
Que sont des déclarations imprécises face au constat de la dégradation ? N’est-il pas question d’égoïsme dans tout cela ?
Car le fond du problème est bien que les 20 % les plus riches de la planète ne veulent pas abandonner le niveau de consommation atteint, alors que les 80 % autres veulent justement atteindre le niveau de consommation des premiers.
Comme le signalait justement Mme Bruntland : impossible !
Cet espace de débat en latence est celui à venir dans la décennie qui s’annonce : quelle production, pour quelle consommation ?
Ne doutons pas que les extrêmes se retrouveront pour se battre et poursuivre dans la voie du productivisme. Déjà les discours s’affinent !
Les gros mots seront lâchés, le débat sur la décroissance, sur le partage des richesses, sur la solidarité aura bien lieu, qui renverra à des années lumières les soi-disants discours sur l’identité nationale.
Ces questions seront abordées quand il sera trop tard, hélas.
En attendant il pouvait être entendu à Copenhague de la part de certains écologistes et/ou altermondialistes : « Changer le système, pas le climat »
Il reste de l’espoir et une certaine lucidité.
Bien qu’il faudra à un moment écrire quel sera le nouveau système, car les incantations ne font pas tout.
Cet état d’esprit est à rapprocher de ceux qui militent fermement dans les couloirs du Klimaforum comme du Bella Center pour abattre le productivisme, sans toutefois toucher au capitalisme. Il faudra un jour qu’ils expliquent à leurs électeurs comment ils font, sans se cacher derrière un faiblesse intellectuelle retournée à leurs contradicteurs, telle que : « quelle alternative vous proposez ? » lourde de sens. Avec eux, Capitalistes de tous pays, restez unis et dormez tranquille !
Les aller-retour entre le Klimaforum et le sommet ont eu lieu, par des voies parfois détournées; de fait, les dirigeants des « grands pays » ont tout fait pour atténuer les propositions faites.
Il faut enfin considérer la déclaration des peuples faite lors du Klimaforum 09, avec beaucoup d’éléments à retenir et pour cela il faut lire la déclaration en détail. Voici ce qu’il en est des points essentiels :
- La souveraineté alimentaire et l’agriculture écologique
- La propriété et le contrôle démocratique des économies
- La souveraineté énergétique
- La planification écologique des zones urbaines et rurales
- La réorientation de la recherche publique et de l’Éducation
- Mettre fin au militarisme et aux guerres
- La suppression progressive des combustibles fossiles
- La réparation et la compensation de la dette et des crimes médiatiques
- L’interdiction immédiate de la déforestation des forêts primaires
- Le refus des solutions basées sur l’économie de marché
- Une taxe équitable sur les émissions de carbone
- La réorganisation des institutions internationales
Dans cette liste il y a deux points à regarder de plus près, qui laissent quelques interrogations, deux solutions qui semblent irréalisables et qui du coup font que ce texte semble moins sérieux qu’on aurait pu l’espérer :
- Un abandon complet des carburants fossiles dans les trente prochaines années, avec des objectifs chiffrés contraignants dans un délai de cinq ans. Nous demandons une réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre (GES) des pays industrialisés d’au moins 40 % par rapport aux niveaux de 1990, d’ici 2020.
- Le rejet des fausses solutions techniques et des solutions basées sur le marché, qui représentent un danger, telles que l’énergie nucléaire, les agros-carburants, la capture et le stockage du carbone, les mécanismes de développement propre, le ‘charbon vert’, les graines « génétiquement adaptées » au climat, la géo-ingénierie et le mécanisme REDD (Réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation forestière), qui aggravent les conflits sociaux et environnementaux.
Si on s’en tient à ces deux préconisation, il apparaîtra difficile de faire quoi que soit en terme d’énergie dans le siècle à venir, ou bien il faudra faire confiance à la science dans ses capacités à trouver des solutions immédiates, ou alors il faut tout arrêter… mais alors pour qui ?.
Si l’objectif est de développer un débat, alors peut-être ces deux points peuvent-ils être considérés comme des postulats de départ.
La couverture médiatique
Le plus étrange dans tout cela ? La couverture médiatique telle qu’elle a été effectuée. Elle fut un parfait relais des politiques visant à l’échec annoncé. Les médias ont pris comme ligne directrice, relayés en cela par les Etats et les ONG d’une manière générale, de responsabiliser les individus rendant de facto caduque les prévisibles « non » décisions politiques générales et cette décision finale.
Tout est de la faute du consommateur. Certes le consommateur n’est pas exempt de critique, mais faut-il du coup oublier le rôle de l’industrie et du capital dans les orientations voulues ?
Car il ne faut pas se leurrer, c’est bien de changement de société dont il est question en ce moment, point soigneusement évité à Copenhague, comme à Genève.
Nous voici au milieu du gué, et ce n’est pas parce que les philosophes ont failli, comme l’a si bien noté Michel Serres, que les organisations non gouvernementales jouent du coude pour être sur la photo, que les ténors de la politique cherchent à inscrire leur nom dans des manuels d’histoire qui disparaissent des écoles, qu’il ne faudra pas réfléchir à la manière de s’en sortir.
La crise climatique accompagne avec certitude une crise systémique majeure. Les dirigeants refusent le changement. Nous, simples citoyens, sommes en attente de ce changement, nous le savons inéluctable. Nous sommes dans un de ces nœuds de l’histoire qui font les grands basculements. Le pouvoir s’y prépare, qui affûte ses outils répressifs, qui tente de maintenir l’ordre dans la perspective d’une possible crise sociale.
Un nouveau monde est en train de naître sous nos yeux. Il sera ce que nous déciderons d’en faire, sinon les forces répressives nous tiendront sous le joug.
La jonction des contraintes environnementales, sociales et économiques va finir par s’opérer. De nouveaux choix vont apparaître qui finiront peut être par mettre l’Homme et la Terre au centre des décisions à venir et qui fera émerger des théories en partie déjà écrites, et si mal lues.
Gageons que ce sommet de Copenhague est un des derniers de ce type et que la prochaine fois, l’urgence étant devenue encore plus urgente, la donne aura changé.
Alors en désespoir de cause les politiques s’entoureront de personnes aptes à prendre les bonnes décisions… le chemin n’est peut être pas aussi long qu’on le pense.
par Dominique Mourlane
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