Les principes du développement durable ont été une fois de plus torturés pour mettre d’accord les intérêts particuliers nationaux et les marchés du carbone. Cela donne un accord qui répond aux intérêts des dirigeants et possédants du présent sans compromettre la capacité des générations futures à se débrouiller avec les changements climatiques à venir !
Après l’échec de Copenhague il y a 2 ans, la sauvegarde des apparences à Cancun l’an dernier, Durban devait impérativement se conclure par un accord pour éviter le grand vide qui se profilait avec la fin du protocole de Kyoto prévue pour fin 2012.
Comme pour toute série à succès (nous en sommes au 17e épisode de la Conférence des Parties, CP-17, et au 7e épisode de la Réunion des Parties au Protocole de Kyoto, RP-7), le scénario est toujours le même, il n’y a que le casting qui change. Annonce des données scientifiques, exposé des enjeux, puis dramatisation de la situation, affirmation des intransigeances, mise en scène de l’éventualité d’un échec, crises de nerfs, prolongations, renoncements, nuits blanches, et au final un semblant d’accord, coquille presque vide annoncée au petit matin avec soulagement et à grand renfort de cris de victoire et d’auto-congratulations pour avoir sauvé la planète. « Comment faire semblant » annoncions-nous avant l’ouverture de la conférence.
Ces grands négociateurs persistant à prendre les citoyens pour des imbéciles gobant tout ce que leur racontent leurs dirigeants, voyons donc ce que contient cet accord qui soi-disant « représente une percée pour l’avenir de la communauté internationale en réponse aux changements climatiques ».
La principale mesure consiste en l’engagement d’adopter un pacte global de réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui aura force légale mais… juridiquement non contraignant, au plus tard en 2015 pour entrer en vigueur en 2020. Pour montrer leur détermination, les participants ont décidé qu’un groupe de travail sera constitué au plus vite, c’est qu’il y a urgence à masquer l’impéritie de nos gouvernants ! En fait, aucun engagement de réduction supplémentaire des émissions de GES n’a été fait par aucun pays alors qu’il est établi que les promesses actuelles, qui restent à tenir, ne permettront pas d’atteindre l’objectif principal de tout ce capharnaüm, à savoir la limitation à 2 °C du réchauffement climatique global à l’horizon 2050.
Le Protocole de Kyoto est prolongé au-delà du 1er janvier 2013. Seul texte juridiquement contraignant sur les émissions de GES, il n’a jamais été signé par les plus gros émetteurs de la planète. L’important était de sauver les « outils » du protocole, en premier lieu celui des MDP (mécanismes de développement propres), source de profits pour les pays industrialisés qui payent pour des projets qui réduisent ou évitent des émissions de GES dans des pays en développement et récupèrent en contrepartie des crédits d’émissions de GES qui leur permettent d’atteindre leurs propres objectifs d’émissions sans modifier leurs structures productives ou leur mode de vie. Les procédés de captage et de stockage des GES ont été introduits dans les technologies relevant des MDP, les multinationales ont donc enfin trouvé un terrain d’expérimentation pour imposer leur technologie aux peuples réticents des pays du Nord.
Au final, parmi les pays industrialisés, seule l’Union européenne s’est engagé dans la voie d’une suite au protocole de Kyoto.
Le Fonds vert pour le climat annoncé depuis 2 ans pour aider les pays pauvres à faire face aux changements climatiques a été officialisé, mais la question de son financement n’a pas été réglée au-delà du démarrage, une coquille vide de plus pour l’instant donc.
Comme nos gouvernants sont incapables d’imaginer d’autres moyens que de faire appel aux marchés financiers pour tendre vers les objectifs affichés, et donc utiliser la menace climatique pour faire du profit, ils ont convenu d’élaborer un nouveau mécanisme de marché pour aider les pays développés à remplir une partie de leurs objectifs ou de leurs engagements. Quelle louable intention qui doit aiguiser les appétits des rapaces de la finance carbone qui voyaient leur bulle spéculative sur le point d’exploser !
Tout le reste n’est que catalogue de bonnes intentions qui n’engagent que ceux qui y croient.
Bien que l’audience soit nettement en baisse, crise oblige (les menaces planétaires ne font pas l’objet d’une notation par une quelconque agence), la 18e saison de la Conférence des Parties et la 8e saison de la Réunion des Parties du Protocole de Kyoto sont d’ores et déjà annoncées pour le 26 novembre 2012 à Doha (Qatar).