La situation économique que l’on impose aux familles, traversée de crises qui sont de la responsabilité des sociétés internationales et en particulier des sociétés financières telles que les banques, donne des responsabilités aux politiques qu’ils se doivent d’assumer.
Les objectifs de plein emploi ayant été abandonnés dans les années 70, une politique de lutte contre l’inflation a été substituée. Il faut redire qu’une telle politique n’est qu’un moyen de valoriser les profits. Or, depuis cette période le débat sur la croissance s’enlise. Il s’enlise pour une simple raison, c’est que dialectiquement il n’a pas été tranché et que pour certains la croissance parle de l’avenir de l’humanité alors que d’autres ne parlent que de croissance financière.
Devinez dans quel camp se situe l’UFAL ? Voici donc un débat qu’il faudra un jour trancher pour saisir les grandes lignes de ce terme.
Le plein emploi n’étant plus un objectif économique et politique, les moyens de réfléchir à la manière d’y arriver sont caducs. Dans ces conditions, la réflexion concernant l’avenir écologique de notre planète, pouvant passer entre autres par une relocalisation des productions, ne peut plus avoir lieu. Elle ne peut plus avoir lieu, car l’entreprise (il est question ici des multinationales, nombre de dirigeants de PME n’ayant que peu de moyens d’agir dans ce schéma) « doit » rationaliser sa production afin de proposer ses produits au meilleur prix dans un environnement de consommation organisé. Se pose là, la question du meilleur prix : lequel, pour qui ?
Certains exemples industriels, comme la faillite de la ville de Détroit entièrement liée à la production automobile et à la politique des avantages concurrentiels, montrent la volonté tentaculaire et prédatrice que ces sociétés peuvent avoir et le mépris qu’elles peuvent afficher des familles, ceci sans parler des questions d’environnement.
Les échecs répétés des sommets internationaux sur les questions écologiques et de développement durable, les séances d’hypnose collective organisées par les différents gouvernements de divers pays sur ces mêmes questions (en France les Grenelle 1 et 2 et dernièrement le débat gouvernemental sur la transition écologique) ne servent qu’à occuper le terrain écologique pour au final ne donner des garanties qu’aux grandes entreprises de la finance et de la production. La subtilité étant de reporter les moyens de la transition sur les familles : à elles l’effort, aux grands groupes le résultat.
Même si les familles doivent effectivement réfléchir à des modifications de comportements vis-à-vis de la planète et de ses ressources, les plus importants pollueurs et exploiteurs des bienfaits de la nature sont encore largement les grandes firmes internationales qui tentent (et réussissent) à s’accaparer l’ensemble des ressources naturelles.
Les sommets, les colloques, les débats ne servent qu’à détourner l’attention de ces monstres internationaux, pour culpabiliser les familles.
Notre rôle en tant qu’association familiale laïque sur ces sujets d’avenir n’est donc pas d’accompagner le mouvement général que les entreprises multinationales, les états et les institutions internationales organisent, mais de préparer les familles à rechercher les solutions d’une relocalisation des productions, à une réappropriation des moyens de production afin de revenir à une politique de plein emploi imposée par le bas et qui mette en œuvre une redistribution des revenus et du patrimoine.
Le cadre local des UFAL, entre autres, peut être un lieu de resocialisation et de réflexion sur la solidarité à mettre en place, et pour réfléchir aux sources d’emplois susceptibles de réorganiser le tissu local en toute indépendance de toutes les forces libérales. Pour ce, la notion de métier doit être revalorisée en contradiction avec l’emploi, recréant ainsi une vie locale. Ceci est un véritable enjeu écologique, car les familles dans leur ensemble ont plutôt tendance à préserver l’avenir d’un territoire pour le transmettre aux générations futures. Un travail d’éducation populaire à cet endroit est certainement très utile à engager et la commission DES (Développement Écologique et Social) de l’UFAL est a même de le mener pour rompre avec ce fatalisme religieux de l’acceptation sans contestation des théories libérales. La laïcité, bien au-delà de la sphère religieuse, est la garantie de pouvoir atteindre d’autres formes de sociétés que celle que l’on nous impose.
Si les membres de l’UFAL ne sont pas en capacité de réagir courageusement aux attaques incessantes que les vagues de politiques libérales sont en train de nous faire subir, alors ce sont les structures entières de notre société qui seront détruites et seuls l’individualisme et la société de consommation seront la loi.