Les conséquences du tremblement de terre au Japon et du tsunami qui l’a suivi sont dramatiques pour la population et la société japonaise. Les autorités peinent à dénombrer les victimes et les disparus, même 72 heures après la catastrophe. Les destructions d’infrastructures sont colossales et leurs conséquences sociales, économiques, environnementales et écologiques seront très importantes. La destruction des raffineries et des usines chimiques a provoqué la dispersion du pétrole et de produits chimiques qui vont polluer les eaux dans les sols côtiers du Japon (espaces précieux dans un pays si montagneux) pour des dizaines, voire des centaines d’années. Rappelons que contrairement à la radioactivité, la pollution chimique ne diminue pas avec le temps et les conséquences de la catastrophe de Bhopal en Inde sont aujourd’hui encore dramatiques pour les populations (mutations, cancers, contamination de l’eau et des sols) malgré le silence dont fait l’objet cette catastrophe industrielle induite par les enjeux financiers.
Concernant l’état des réacteurs nucléaires japonnais de Fukushima, l’UFAL ne peut que s’inquiéter de la situation qui est très critique. Précisons tout de même que la dose rejetée dans l’atmosphère l’a été par contrôle des opérateurs, et non de manière accidentelle, et qu’elle correspond à la dose limite annuelle légale établie pour la population civile, c’est-à-dire 1 mSv (soit ~ 5 à 8 radiographies). On est très loin des discours alarmistes que l’on peut entendre de la part de Greenpeace, mais surtout du Réseau Sortir du Nucléaire. La situation n’est donc absolument pas celle de Tchernobyl à l’heure actuelle comme trop de voix, espérant surfer sur le traumatisme et l’impact médiatique, le laissent entendre !
Bien entendu, la situation peut se détériorer et il est à espérer que la qualification du personnel ainsi que les installations qui ont résisté au double impact (celui du plus fort tremblement de terre de toute l’histoire du japon suivi du déferlement de vagues de plus de 10 mètres sur les installations nucléaires) permettront d’éviter la fonte du coeur et, pire, la fonte de la cuve ; car alors (mais alors seulement), le scénario prendrait les mêmes directions que Tchernobyl.
Mais dans ce climat, où il est d’autant plus important d’être précis et responsable, l’UFAL s’inquiète de la montée et de la banalisation en France – au sein de la gauche écologiste – d’un discours jouant de plus en plus sur l’irrationnel, l’impulsivité, l’émotionnel brut et l’approximatif dans les informations données et ce dans le seul but d’effrayer les citoyens. Un discours qu’il est peu surprenant de voir chez des activistes du Réseau Sortir du Nucléaire, mais qui est très dérangeant de la part de personnalités publiques qui se présentent comme des personnes aptes à assumer des responsabilités électives.
Réagir de manière impulsive et émotionnelle afin de profiter de l’effet de peur, c‘est exactement ce que fait le gouvernement actuel avec la sécurité, l’islam ou les étrangers. Il est surprenant de voir certaines personnalités de gauche, qui ont dénoncé avec raison et vigueur ce comportement, le reproduire aujourd’hui avec la catastrophe japonaise et se contenter de suivre les mots d’ordre des activistes du Réseau Sortir du Nucléaire ou demander un référendum à chaud.
Respecter le drame qui se joue au Japon, c’est d’abord ne pas l’instrumentaliser !
En organisant une veillée anti-nucléaire à Paris, au Trocadéro dimanche soir, le Réseau Sortir du Nucléaire fait insulte à un peuple qui, de par son histoire, n’a pas de leçon à recevoir sur les risques que représente le nucléaire. Cette initiative est, de plus, maladroite : elle réduit le drame qui a lieu au Japon au seul accident de la centrale, alors que les morts dûs au séisme se comptent par milliers et que ces écologistes n’ont eu aucun mot à propos des pollutions déjà effectives sur le sol japonais. Elle est, enfin, injustifiée : l’accident nucléaire majeur n’a heureusement pas eu lieu à ce jour.
L’UFAL entend réaffirmer que si le débat sur les énergies doit avoir lieu (y compris sur la sortie programmée de l’électro-nucléaire !), il doit être l’objet d’une réflexion démocratique, posée et construite sur la rationalité, la responsabilité et la connaissance ; qu’une catastrophe n’a pas à être instrumentalisée à des fins médiatiques et politiques.
L’UFAL rappelle que face à la catastrophe et aux risques, le premier des devoirs est de faire preuve de sérieux, de précision et de responsabilité, pour permettre un débat démocratique et des choix rationnels. L’histoire a suffisamment montré que la culture de l’émotionnel et de la peur entraîne les pires dérives politiques.