En pleine période électorale, le Gouvernement a annoncé qu’il distribuera à certaines familles une aide financière pour lutter contre l’inflation : après le chèque énergie, le chèque inflation !
Le plus grand flou accompagne cette déclaration. Qui en bénéficiera ? Nul ne le sait avec précision. Avec quelles conditions de revenu ? Élisabeth Borne n’en a rien dit. Et pendant combien de temps ? On sait simplement qu’il faut que l’aide soit « ponctuelle » pour éviter que « les gens s’habituent ». Enfin, quel sera le montant de l’aide ? On parle d’une centaine d’euros… Voilà. Est-ce donc avec cet appât sous forme de baquechiche que Macron espérait gagner avoir une majorité absolue à l’Assemblée Nationale ?
En outre, M. Le Maire prétend que l’inflation forte perdurera jusqu’au début de l’année 2023. Les économistes estiment quant à eux une croissance mondiale révisée aux alentours de 2% en lieu et place des 4% annoncés. Doit-on comprendre que cette « aide inflation » est ponctuelle alors que la situation va durer ? On peut toujours croire en l’« innovation » défendue par Macron qui lui permettrait de concilier « croissance » et « sobriété »… Le fameux « en même temps » oxymorique ? En attendant, est-ce en siphonnant les budgets de la recherche et en recrutant les professeurs par « job dating » que l’on favorise une « innovation » ?
Bien évidemment, il n’y a aucune raison de refuser l’argent tant la situation est dramatique pour bien des familles. Pour autant, nous en refusons le principe. L’UFAL s’est prononcée pour une hausse des salaires et des prestations sociales. Une hausse qui serait par définition universelle (pour tout le monde) et solidaire (puisqu’elle augmenterait le produit des cotisations sociales), et non pour une aide consentie ponctuellement par le fait du prince. C’est pour cela que UFAL milite pour le retour à une sécurité sociale gérée à 100 ℅ par de représentants élus par les salariés. En bref, nous opposons une solidarité universelle contre cette charité ciblée, au mode d’attribution gazeux, et en plus, de parfaite aubaine ! A quelques jours des élections législatives, la ficelle était évidement énorme, elle ne trompait personne.
Mais l’UFAL va plus loin dans son analyse : et si la crise était structurelle ? L’inflation est présente, c’est indéniable. Si la guerre entre l’Ukraine et la Russie n’a rien arrangé, force est de constater qu’avant la crise, déjà, le prix des matières premières carbonées (et pas seulement) a sensiblement augmenté. C’est ce qui a agi comme déclencheur de la crise des « gilets jaunes »… A la lecture du document de synthèse du « Shift Project », lui-même basé sur les sources les plus fiables, la raréfaction du pétrole (comme tout stock physique) est inéluctable. Ce qui favorisera probablement, et par ricochet, une contraction économique si la transition vers une décarbonation de l’économie ne passe pas à la vitesse supérieure. Autrement dit, les prix à la pompe, passés de nouveau au-dessus de 2€, risquent de grimper encore et encore… Dès lors, un simple chèque-énergie ou chèque-inflation apparaissent comme des réponses électoraliste et dérisoires.
C’est pourquoi l’UFAL appelle à prendre au sérieux les crises écologiques à venir : dérive climatique et raréfaction énergétiquepour engager immédiatement les priorités vers la transition de nos sociétés modernes vers la décarbonation. Cette dernière comprend tant la sauvegarde de conditions de vie dignes pour les familles, toutes les familles, qu’une modération consentie sur les produits carbonés et superflus.
Cette transition passe inévitablement par une augmentation des salaires pour pallier immédiatement la crise, mais également par la défense sans aucune concession de toute ce qui participe à l’intérêt général, de tout ce qui peut amortir les crises : l’école, les hôpitaux, les transports en commun, l’électro -nucléaire, le protectionnisme écologique, la recherche et bien évidement sécurité sociale.
Dernier constat : le chèque inflation, s’il voit le jour, sera financé par l’impôt, que l’on redistribuerait en taxes et en rente pour les compagnies pétrolières. Prendre au peuple pour donner aux riches, Macron 2 est et reste Robin des Bois à l’envers.