Dans la nuit de samedi 11 juin 2016, un individu a perpétré un massacre dans une boîte de nuit gay d’Orlando en Floride causant la mort de 49 personnes et de nombreux blessés. Le bilan de cette tuerie en fait l’attentat le plus meurtrier depuis le 11 septembre 2001 sur le sol américain. Le procédé rappelle évidemment celui du massacre du Bataclan à Paris lors des attentats de novembre 2015. Le tueur a indiqué avoir fait allégeance à Daesh, et l’attentat a été effectivement revendiqué par l’EI quelques heures après le massacre.
Au-delà du profil psychologique du tueur qui visiblement fait débat, ou de son ralliement de la dernière heure à Daesh, cet attentat nous dévoile une nouvelle fois le visage monstrueux du totalitarisme religieux de l’Etat Islamique ou de ceux qui s’en revendiquent. Plus largement, ce massacre nous rappelle à quel point les homosexuels demeurent une cible privilégiée des fondamentalistes religieux, et sur ce point, reconnaissons que l’Islam politique est loin d’avoir le monopole de la haine. Pour tous les tenants d’un discours social et politique assis sur l’interprétation du texte religieux, les homosexuels continuent d’être considérées comme des dégénérés à éliminer, et leur pratique sexuelle un choix déviant remettant en cause la puissance viriliste de la figure masculine au sommet de l’édifice social. Sans faire de comparaisons en termes de violence et de traumatisme, ce nouvel épisode homophobe doit nous rappeler que la France est, elle-aussi, le théâtre de nombreux épisodes homophobes, dont le l’un des sommets a été atteint avec la charge haineuse proférée par les manifestants les plus réactionnaires anti-mariage égalitaire en 2013.
Le plus surprenant dans cette affaire est le traitement politico-médiatique du massacre d’Orlando dans notre pays. Surprenant en effet de ne voir qu’un seul quotidien français titrer sur le fait que les victimes ont été choisies précisément parce qu’elles étaient homosexuelles. Au traumatisme du massacre vient donc s’ajouter l’ignominie d’une tentative d’invisibilisation des victimes que l’on n’ose nommer pour ce qu’elles sont. Celle-ci atteste avec acuité que l’homosexualité demeure un sujet dérangeant, y compris dans l’esprit de notre Président de la République, qui l’a qualifiée de « choix d’orientation sexuelle ». Non, Monsieur le Président, l’homosexualité n’est pas un choix et les homosexuels vivent leur orientation sexuelle de manière aussi naturelle que les hétérosexuels. L’homosexualité n’est que l’un des visages les plus normaux de l’humanité, celui de l’amour et de l’affection entre deux individus de même sexe. C’est parce que l’homosexualité remet en cause les schémas d’assignation sexuée des rôles au sein du couple et au sein de la la société plus généralement, en particulier la prétendue dichotomie « sexe fort » / « sexe faible », que les réactionnaires et fondamentalistes du monde entier ne peuvent supporter l’homosexualité ; celle-ci dévoie en effet les schémas de domination masculine au cœur de toute les idéologies religieuses, traditionnelles et patriarcales.
L’UFAL, association républicaine laïque et progressiste, a toujours mené le combat pour une égalité des droits de tous les citoyens quels que soient leurs croyances, leur origine ethnique, leur pratique religieuse, leur sexe ou leur pratique sexuelle. Elle s’est engagée sans ambiguïté et depuis toujours dans le combat pour la reconnaissance égalitaire des droits des homosexuels vis-à-vis des institutions républicaines. A tous ceux qui opposent au véritable discours laïque et républicain les solutions émollientes du dialogue inter-religieux mâtiné d’une sympathie coupable à l’encontre des revendications des minorités religieuses (réelles ou supposées) doivent désormais assumer les conséquences de leurs prises de position. Et seraient bien inspirés d’observer à quel point les homosexuels, au même titre que les femmes ou les athées sont des victimes aussi nombreuses qu’invisibles du projet sociétal et communautariste de l’Islam politique et plus globalement de tous ceux qui entendent imposer à tous les thèses réactionnaires issues de l’idéologie religieuse, quelle qu’elle soit Et aucun besoin d’aller aux États-Unis pour trouver le vrai visage du totalitarisme religieux à l’égard des homosexuels. Il suffit de se rendre dans de nombreux quartiers de notre république pour se rendre compte à quel point affirmer son homosexualité est autrement plus périlleux que pratiquer sa religion.