Le ministre de l’Intérieur dit s’interroger sur la subvention versée par l’État à la Ligue des Droits de l’Homme, invitant les collectivités locales à faire de même. Depuis 125 ans, la LDH, pilier de la République démocratique créé pour la défense du capitaine Dreyfus (injustement accusé par pur antisémitisme), veille sur la défense des droits et liberté de tous.
Quelles atteintes à l’ordre républicain aurait commises cette association ? Elle a osé dénoncer des violences policières commises à l’occasion des manifestations — certes elles-mêmes violentes — de Sainte-Soline. C’est-à-dire qu’elle a joué son rôle de corps intermédiaire veillant à la démocratie — raison même des subventions publiques versées. Qu’elle le fasse en toute indépendance, et quitte à critiquer les Pouvoirs publics, est son objet même. Que le pouvoir politique en soit mécontent se comprend : mais ce n’est pas en mettant sous le tapis la poussière (et plus que cela) des excès de la « violence légitime » que l’on protège la démocratie. Au contraire : il s’agit ni plus ni moins de museler une critique politique, même quand elle est fondée.
L’UFAL considère inacceptable et dangereux ce dérapage autoritaire.
Il est vrai que ces dernières années, à maintes reprises (depuis notamment l’affaire Baby-Loup), la LDH a pris des positions contraires à la laïcité, que l’UFAL a réprouvées. Mais le désaccord politique est l’essence même de la démocratie : on ne coupe pas les vivres à qui n’est pas « dans la ligne » du pouvoir en place (en place pour le moment… en attendant pire ?). Comme n’a pas dit Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ».