Les propositions de l’UMP pour 2012 en matière d’enseignement sont désormais publiques.
L’UFAL s’élève contre la plupart des mesures envisagées par le parti présidentiel.
La proposition n°2, emblématique, envisage l’allongement du temps de travail des enseignants : deux heures de cours supplémentaires hebdomadaires pour les certifiés et les agrégés. La proposition n°4 y ajoute la redéfinition des missions, donc du statut des professeurs, y incluant en sus des cours, l’orientation, le tutorat, la concertation.
Ces propositions démagogiques partent du principe que les enseignants ne travaillent que 18 heures par semaine. Il convient de rappeler que le temps de travail d’un professeur ne se réduit pas au temps passé devant ses classes. Celui-ci consacre en effet un temps important à la correction des copies et à la préparation de ses cours. Ce temps est pourtant nécessaire à la qualité de l’enseignement.
À titre de preuve,
« En base annuelle, les temps de travail des enseignants est : pour les agrégés, de 38 heures 38, pour les certifiés de lycées de 39 heures 30, pour les PLP de 38 heures 18. Selon une étude comparative élaborée par le ministère de l’Éducation nationale en mars 1998, le nombre d’heures dues par les enseignants français se situerait dans la moyenne européenne. »
(Source : rapport du Sénat, 29 avril 1999).
La conséquence est simple : surcharger de travaux périphériques les enseignants va peser sur la qualité de l’enseignement.
Quel est l’intérêt des élèves et de leur famille ? Nulle mention n’en est faite ! En revanche, cela permettrait « d’économiser 40 000 postes » (Proposition n°2).
La proposition n°4 enfonce le clou : les nouveaux enseignants « doivent être recrutés en CDD ou en CDI », c’est à dire « sous contrat de droit privé. » Exit, donc, le recrutement par voie de concours nationaux. Déjà, la réforme de la masterisation avait eu pour conséquence la constitution d’un vivier de contractuels disponibles pour, sans formation, prendre en charge des élèves. Ce toyotisme a induit une forte diminution des candidats aux CAPES, les meilleurs préférant s’orienter vers d’autres carrières. On a vu ce que cela a donné : un meurtrier embauché en Allemand dans l’académie de Marseille, un vendeur de télévisions sans diplômes mis en poste à GAP pour faire cours à des STI génie électrique (coefficient 9 au BAC…)
Quel intérêt pour les élèves et leurs familles ? Ici encore, l’UMP n’en pipe mot.
La proposition 5, qui introduit le renforcement des pouvoirs du chef d’établissement, donne un élément de compréhension : il ne s’agira bientôt plus d’enseigner dans le respect des programmes nationaux, mais « d’appliquer le projet d’établissement ». Cette destruction du cadre national, garant de l’égalité des candidats aux examens, donnera naissance à des diplômes maison, qui, soyons-en certains, n’auront pas la même valeur qu’on sorte d’Henri 4 ou du lycée des Tarterêts. D’autant que la mort annoncée des ZEP va accroître encore cette tendance au renforcement des inégalités territoriales.
Quel intérêt pour les élèves et leurs familles ? Aucun argument n’est avancé ici encore par l’UMP.
La proposition n°7, enfin, pousse au développement du financement des établissements privés. Cette proposition, qui constitue une entorse au principe de laïcité, est somme toute logique : il s’agit de permettre aux familles qui en auront les moyens de fuir l’enseignement public. Ainsi, les lobbys de la rue de Grenelle auront toute latitude pour pénétrer un marché de l’éducation présidé par la logique de « la concurrence libre et non faussée ».
Quel intérêt pour les élèves et leurs familles ?
Monsieur le Ministre, nous exigeons des réponses !
L’UFAL :
- Dénonce un projet éducatif fondé sur des analyses biaisées de la réalité du système éducatif.
- Demande à Luc Chatel de répondre publiquement à nos questions sur les propositions de son groupe politique dont il est comptable : où est l’intérêt des élèves dans ce projet politicien dont on sent bien que le fonds de commerce est l’anti-fonctionariat primaire.
- Appelle l’ensemble des organisations attachées au service public d’éducation à se mobiliser contre un projet aux antipodes des idéaux de l’école Républicaine.
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