Toutes les familles ne le savent que trop, il y a un écart important entre le beau principe de la gratuité de la scolarisation des élèves et la réalité : la rentrée scolaire a bien un coût et il ne cesse de croître.
L’Allocation de rentrée scolaire (ARS), versée chaque année à la mi-août par les CAF, est donc une prestation familiale essentielle pour faire face au coût de la rentrée. Mais cette allocation doit être améliorée.
Une première proposition mettrait fin à une incohérence flagrante : l’instruction ayant été rendue obligatoire à partir de l’âge de 3 ans depuis la rentrée 2020, il est anormal que l’ARS ne soit versée que pour les enfants de 6 ans et plus. Pour les enfants scolarisés dans un établissement scolaire dès 3 ans, la rentrée scolaire engendre des frais non négligeables pour les familles. Ceux-ci avaient été estimés, par le ministère de l’Éducation nationale lui-même, à 520 euros en 2015. Ce montant est sûrement bien supérieur aujourd’hui avec l’inflation.
Notre deuxième proposition concerne les montants de l’ARS — qui vont de 416,40 € par enfant de 6 à 10 ans à 454,60 € pour les 15-18 ans — et leur indexation. La priorité est de revaloriser l’ARS pour rattraper les dernières années de hausse des prix. En effet, s’il y a bien eu des revalorisations, et celle de cette année a été de 4,6 %, l’inflation cumulée a été plus importante. Il faut non seulement compenser cet écart, mais aussi indexer l’ARS sur l’évolution des prix. Il faut également élargir le nombre de familles bénéficiaires. Les plafonds de ressources à respecter pour percevoir cette prestation sont trop bas et excluent, par exemple, un couple avec un ou deux enfants dont chaque parent gagne le Smic. Si, par principe, nous défendons l’universalité des prestations de la Sécurité sociale financée par la cotisation sociale, les plafonds devraient a minima intégrer les classes populaires dans leur ensemble.
Notre troisième proposition concerne les élèves en lycées professionnels dont les coûts de scolarité sont les plus élevés du fait de fournitures spécifiques, supérieurs de 70 % à ceux des autres lycéens d’après les chiffres du ministère. À cela s’ajoute la surreprésentation d’élèves issus de familles modestes : il est donc urgent de prendre en compte cette situation pour mettre fin à cette injustice avec un complément spécifique que nous estimons à au moins 50 % du montant de l’ARS.
Loin d’être une prestation superfétatoire comme le pense une partie de la classe politique, l’ARS doit être revalorisée et élargie pour devenir déterminant essentiel de la scolarisation de tous dans de bonnes conditions, et donc de l’avenir de nos enfants.
L-Humanite_20240903