Un cléricalisme cupide
Les avantages extravagants accordés à l’enseignement privé sous contrat, à 97 % confessionnel, ne rassasieront jamais ses responsables.
Le « toujours plus » est leur cheval de bataille depuis la sinistre loi Debré promulguée le 31 décembre 1959.
Dernière offensive en date, profiter de la réforme de l’éducation prioritaire en faisant bénéficier les établissements privés des moyens déployés pour l’expérimentation des CLA (contrats locaux d’accompagnement) dans trois académies.
Tout cela bien entendu au détriment de l’enseignement public, car les moyens alloués n’étant pas extensibles, on déshabille Marianne pour habiller Saint Paul.
On retiendra que ce nouveau coup de poignard porté à l’école républicaine laïque se sera déroulé sous le ministère de Jean-Michel Blanquer, avec sa laïcité à géométrie variable.
Un dualisme scolaire qui vire au séparatisme
La loi confortant le respect des principes de la République a soigneusement écarté toute mesure contrariante pour l’enseignement privé sous contrat, puisqu’elle prévoit seulement la vérification de la capacité des établissements à dispenser un enseignement conforme aux programmes de l’enseignement public — quelle audace ! — et une vague incitation à l’amélioration de la mixité scolaire.
Lors de sa conférence de presse du 23 septembre 2021, le secrétaire général de l’Enseignement catholique a présenté aux journalistes la formation à la laïcité conçue par l’Enseignement catholique pour les personnels de ses établissements.
« L’École catholique défend vigoureusement le principe de laïcité, tout comme celui de la neutralité de l’État. Mais cette neutralité ne peut être celle de la société, ni de nos écoles, ni des personnels qui y travaillent, qu’ils soient salariés ou enseignants. Nos personnels ne peuvent pas suivre la formation sur la laïcité proposée aux enseignants du public simplement car nous avons une manière différente de vivre la laïcité dans nos établissements. »
L’Enseignement catholique participe au service public d’éducation et ses enseignants ont comme employeur l’État, qui les rémunère. Il ne saurait donc être question que ces agents publics dérogent à l’objectif de formation
de la totalité des agents publics à la laïcité d’ici 2025. Dans la mesure où il n’y a qu’une et une seule laïcité en France, « une manière différente de vivre la laïcité » ne peut-être interprétée que comme un rejet de la laïcité qui, s’il était accepté, représenterait un véritable séparatisme au sein du service public d’éducation.
En conséquence, l’Ufal demande au Ministre de l’Éducation nationale de clarifier de toute urgence la situation et de rappeler au secrétaire général de l’Enseignement catholique la célèbre formule de Victor Hugo : « l’État chez lui, l’Église chez elle ».