Le jeudi 1er avril, le ministre de l’éducation nationale, Luc Chatel, est venu en personne devant le Conseil Supérieur de l’Éducation défendre sa réforme des séries STI et STL de la voie technologique, présentée par lui-même comme le parachèvement de la réforme des lycées commencée par celle des voies professionnelle et générale.
Le ministre a annoncé que la mise en œuvre de la réforme sur la mobilité des fonctionnaires allait entraîner un « plan de formation d’envergure et ambitieux » destiné aux enseignants. 10 000 professeurs sur les 18 000 de la voie technologique devront s’adapter ou se reconvertir. À cette fin de 7 à 8 millions d’euros seraient débloqués.
Il s’agit donc d’un véritable plan social. Il produirait s’il allait à son terme les mêmes effets dans l’Éducation nationale que ses homologues dans les entreprises du privé. On doit rappeler à ce propos que la loi sur la mobilité dans la Fonction publique permet maintenant le licenciement des fonctionnaires.
Pour l’UFAL, les réformes de l’enseignement technique et professionnel nuisent aux élèves et à leur famille. En effet, après avoir réduit de 4 ans à 3 ans les parcours de BEP et de BAC professionnel (filière formant des élèves en difficulté qui ont besoin de temps et de pédagogie lente et adaptée), le gouvernement s’apprête à reconvertir plus de la moitié des professeurs du technique. Cette nouvelle coupe semble davantage dictée par la volonté d’économies budgétaires que par le souci d’encadrer et de former les élèves de ces filières.
10 000 enseignants certifiés et agrégés sortis de leurs classes : quelle perte de compétences pour les élèves ! Ces filières vont-elles devenir surchargées ? Les professeurs titulaires vont-ils être remplacés par des vacataires comme c’est de plus en plus le cas dans l’Éducation Nationale ? Les élèves seront-ils ainsi mieux préparés à la poursuite d’études vers les BTS, les IUT, voire l’Université et les grandes écoles ?
La réforme de M. Chatel a été largement rejetée par le C.S.E.. Le résultat est sans appel : 12 pour, 41 contre, 1 abstention et 4 refus de vote ; le ministre ne recueillant que les voix des organisations patronales (MEDEF, CGPME…) et du syndicat UNSA des chefs d’établissement. FO, la CGT, la FSU, le SNALC, SUD, l’UNSA votant contre, le SGEN-CFDT refusant de voter. Ce vote est uniquement consultatif mais montre l’inadéquation entre la volonté du ministère de saigner l’éducation nationale et les besoins du terrain, à l’heure où pourtant le ministère est dans l’incapacité chronique de remplacer les enseignants.
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