Un rapport de l’inspection générale de l’Education nationale de juillet 2010 pointe les conséquences désastreuses de la politique scolaire de Luc Chatel. Ce rapport émane de hauts fonctionnaires de l’Education nationale et aurait dû rester confidentiel. Contrastant avec les propos lénifiants du Ministre de l’Education Nationale, il tire la sonnette d’alarme. Ce cri d’alarme est assez rare et argumenté pour que ses conclusions invitent tous ceux qui refusent que l’éducation soit sacrifiée de la sorte à agir.
Le rapport montre très clairement que les choix budgétaires du MEN induisent des incohérences et mènent à une dégradation du service public d’éducation.
« Les restrictions budgétaires préparent assez peu l’avenir. »
Le rapport met fortement l’accent sur le manque de moyens d’enseignement. Alors que les recteurs doivent accueillir 25000 élèves supplémentaires dans le premier et le second degré, aucune création de postes n’est prévue. Il manquerait ainsi 1300 postes dans le primaire et 2700 postes dans le secondaire. Pire, le budget triennal voté par le parlement prévoit 16000 suppressions de postes/an dans les trois prochaines années. Contrairement à ce que le Ministre avait assuré à plusieurs reprises, les suppressions de postes vont donc affecter le taux d’encadrement des élèves. Pour gérer la pénurie, l’administration n’a d’autres choix que de supprimer certaines options ou bien des postes de remplaçants.
Les principaux efforts budgétaires portent sur le remplacement.
Autre démenti aux promesses du ministre : à la lecture de ce rapport, on voit mal comment les professeurs absents pourront être remplacés. En effet, « beaucoup d’académies font porter l’économie sur les remplaçants. Ainsi Versailles supprime 127 postes, Bordeaux 152 ». La situation est d’autant plus critique qu’un grand nombre de postes de TZR sont transformés, depuis quelques années, en postes fixes et que la réforme du recrutement des enseignants induit mécaniquement un besoin accru en remplaçants pour pallier aux absences des stagiaires qui seront en formation. « Quelque chose n’est pas cohérent dans ce schéma d’emplois » constatent les auteurs du rapport qui vont encore plus loin : « ces choix budgétaires sont insincères et coûteux ». La solution préconisée Luc Chatel, qui consiste à recourir à des étudiants en master 2 ou à des « néo retraités » s’étant d’ores et déjà avérée inefficace, les recteurs sont contraints de faire appel à des non-titulaires. Cela se traduit par une hausse de 31 % du recours aux vacataires et aux contractuels, personnels non formés et payés sur le budget de l’Etat. Le recours à ces derniers est un « «artifice » comptable puisqu’il coûte aussi cher à la collectivité tout en laissant croire que le gouvernement ne remplace pas un fonctionnaire sur deux et qu’il fait des économies.
L’impact est catastrophique sur la formation des personnels.
Autre conséquence désastreuse de la politique du Ministre de l’Education Nationale : l’impossibilité d’assurer une formation initiale et continue de qualité. « Le cri d’alarme est général dans toutes les académies ». En effet, « les budgets de fonctionnements sont en grande difficulté ( – 15 à – 18 %), impactant par là même les dépense de fonctionnement et affectant insidieusement la qualité du service éducatif ». Ainsi , « les autorités académiques s’apprêtent à annuler de nombreux stages de formation continue faute de ne pouvoir payer les formateurs et les déplacements, notamment en direction des nouveaux enseignants – stagiaires ».
Enfin, « les crédits pédagogiques aux écoles et aux EPLE seront vraisemblablement fortement diminués ».
Le rapport, sur tous ces sujets, pointe les injonctions contradictoires du Ministère de l’Education Nationale : remplacer les professeurs absents alors que l’Education Nationale de dispose plus de titulaires remplaçants ; garantir la formation des personnels alors que les recteurs n’ont plus assez de financements pour rémunérer les formateurs ; maintenir un taux élevé d’encadrement des élèves, alors que le nombre d’élèves augmentent et que celui des postes diminue de façon drastique ; diversifier « l’offre » des enseignements d’exploration en classe de seconde et les options au lycée dans un contexte de fortes restrictions budgétaires ; assurer un service public de qualité alors qu’on recourt massivement à des personnels non formés et précaires. On comprend pourquoi Luc Chatel s’est efforcé de minimiser l’importance de ce rapport : sans le vouloir, ses trois auteurs apportent à ceux qui n’étaient pas encore convaincus les preuves de l’échec de sa politique et réduit ses promesses et ses déclarations à de la pure et simple communication.
L’UFAL rappelle que l’école publique n’est pas un service public comme les autres : elle constitue la pièce maîtresse de la République. En conséquence, l’UFAL :
- Dénonce avec vigueur la politique du ministère de l’éducation nationale.
- Appelle le Ministre de l’Education nationale à revenir à la raison et les parlementaires républicains à s’opposer à ce déni de l’intérêt général.
- Encourage les familles à refuser que la politique irresponsable du gouvernement ne mette en péril l’avenir de leurs enfants.
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