Les 25-26 mars prochain, le Conseil européen de printemps fera le bilan de la stratégie de Lisbonne (2000-2010). Il s’agit d’une stratégie globale de réforme de l’économie européenne qui comprend plusieurs volets : libéralisation des services publics, flexibilisation du marché du travail, « assainissement » des finances publiques, augmentation du taux d’emploi, contrôle du coût des retraites, entretien d’une évolution saine de l’économie…
Une composante fondamentale de cette stratégie concerne la réforme des universités européennes et des organismes de recherche publique. A travers l’élaboration d’un « espace européen de la connaissance », il s’agit de mettre les activités éducatives et scientifiques au service de la compétitivité d’une Europe intégrée au marché mondial et de les soumettre à des méthodes de gestion managériales. Dans l’esprit de l’AGCS et au même titre que pour l’électricité, le gaz, la poste et les transports, le remplacement du service public par un système marchand se met en place par étapes pour l’enseignement supérieur et la recherche.
Partout en Europe, c’est le modèle du remplacement du soutien de l’État par le crédit aux étudiants que l’on cherche à imposer, avec des pressions simultanées vers la hausse des frais de scolarité ; ce sont des suppressions de filières peu « rentables » en termes d’ « employabilité » ; ce sont les libertés académiques et l’indépendance de la recherche publique qui se dissolvent dans divers modes de pilotage par objectifs chiffrés, d’évaluation comparative des « performances », de financements par des agences opaques ou des fonds privés ; etc.
Cette réforme des systèmes d’enseignement supérieur et de recherche provoquent des mobilisations d’ampleur dans la plupart des pays européens.
Le collectif Printemps 2010 regroupe à l’échelle européenne différentes organisations syndicales et associatives. Il organisera le 25 mars prochain, au parlement européen à Bruxelles, un sommet alternatif au moment du Conseil européen de mars 2010 afin de faire entendre un autre projet pour défendre et développer en Europe un service public de l’enseignement et de la recherche, démocratique et émancipateur, d’abord au service des intérêts humains à court, moyen et long termes.
Dans cette perspective, le collectif français Printemps 2010 a été créé pour favoriser l’information, la réflexion et la mobilisation autour de la stratégie de Lisbonne, de l’Université et des résistances européennes qui se sont multipliées ces dernières années.
Il est important de faire connaître les tenants et aboutissants de cette réforme, et de débattre des enjeux, des conséquences, des alternatives, ainsi que des opportunités de se mobiliser au-delà de nos frontières.
C’est pourquoi le collectif Printemps 2010 invite toutes les organisations – militantes, associatives, syndicales – de l’Enseignement supérieur, de la Recherche publique et au-delà, à participer à cette campagne en se rassemblant sous la forme de collectifs locaux, à mêmes d’organiser des actions dès mars 2010. Ces regroupements locaux pourront également apporter une contribution spécifique « enseignement supérieur – recherche » aux initiatives de convergence de l’ensemble des services publics.
A l’heure où les chefs d’État et de gouvernement s’attacheront à « évaluer les résultats » de la stratégie de Lisbonne, nous marquerons ainsi notre refus d’un projet de société inégalitaire, injuste et bafouant le principe de liberté intellectuelle, et nous exprimerons notre solidarité avec les autres mouvements de résistance en Europe.
Collectif Printemps 2010 : Attac, Fac verte, FERC Sup-CGT, Fondation Sciences Citoyennes, SLR, SLU, Sud éducation, Sud étudiants, Sud recherche, SNCS-FSU, SNESUP-FSU, SNTRS-CGT, UNEF, UFAL