Le congé paternité va-t-il enfin être allongé ? Cela semble possible après l’annonce du Président de la République qui souhaite le doublement du congé actuel pour le porter de 14 à 28 jours avec 7 jours obligatoires1. Si cette mesure va dans le bon sens, l’UFAL ne peut qu’inviter les parlementaires qui vont délibérer sur ce projet à aller plus loin pour que cela ait un véritable impact sur la vie des jeunes familles.
En effet, toutes les études le montrent, il est primordial que les deux parents soient aussi présents que possible dans les premiers mois de l’enfant : chaque parent doit pouvoir profiter de ces premiers moments, avoir du temps pour développer un lien avec son enfant et pouvoir faire face sereinement à tous les aspects de la vie familiale. Ces premières semaines sont aussi primordiales pour la répartition des tâches au sein du foyer : on sait que cette répartition, qui s’installe rapidement, sera pérennisée et qu’actuellement elle est très défavorable aux mères.
C’est pourquoi l’UFAL défend un congé paternité de 6 semaines, durée qui serait en totalité obligatoire.
On sait en effet qu’une partie de l’écart salarial entre les femmes et les hommes au sein des entreprises est due à l’anticipation par les employeurs d’un « risque » d’absence pour naissance, qui le conduit, soit à préférer une candidature masculine (à l’embauche ou pour une promotion interne), soit à intégrer le risque sous forme de baisse de salaire. Allonger le congé paternité permettrait de rendre moins évident ce calcul sexiste.
En outre, son caractère obligatoire le rapprocherait des 8 semaines incompressibles du congé maternité. Il permettrait également à tous les salariés de le prendre sans risque vis-à-vis de leurs collègues et employeur. Cet allègement de la pression sociale bénéficiera en particulier aux salariés les plus précaires : la moitié seulement des salariés en CDD prennent le congé paternité actuel ((Rapport de l’IGAS en 2018)), contre plus de 80 % des salariés en CDI (et plus de 90 % des fonctionnaires).2
Le rendre totalement obligatoire, c’est aussi faire entrer ce droit dans les mœurs beaucoup plus rapidement, sans avoir à attendre une ou deux décennies pour qu’il se banalise.3
Pour ces raisons, la proposition du Président de la République nous semble devoir être musclée par le Parlement pour que soit encore amélioré le bien-être des enfants et de leurs parents.
En complément, l’Ufal rappelle que cette amélioration du congé de paternité devra s’inscrire dans une réforme plus large qui concerne aussi le congé parental, sinistré par le fiasco de la PreParE, et le comblement, toujours annoncé et jamais réalisé, du fossé entre l’offre en accueils collectifs du jeune enfant et les besoins des familles.
Après le rapport de l’IGAS (2018), le rapport du HCFEA (2019), le rapport de la mission d’information sur l’adaptation de la politique familiale française aux défis de la société du XXIe siècle (2020) et le rapport de la Commission sur les 1000 premiers jours (2020), les besoins et les enjeux sont connus de tous, il est temps d’agir.
- Actuellement le congé est de 14 jours, 3 jours de congés de naissance obligatoire et 11 jours de congés de paternité [↩]
- Le président de la République en a conscience puisqu’il justifie les 7 jours obligatoires de son projet ainsi : « C’est une mesure qui est favorable à l’égalité entre les femmes et les hommes (…) : lorsqu’un enfant arrive au monde, il n’y a aucune raison pour que seule la maman s’en occupe et il est important que, dans un couple, les deux aient cette charge (…) Sept jours obligatoires, ce sera la garantie que tous les pères pourront prendre ce congé, quelle que soit leur situation ». [↩]
- Le coût de ce progrès social a été estimé à 1,2 milliard d’euros par l’IGAS en 2018, coût qui serait à la charge, en très grande partie, de la CNAF. Ce chiffre est à mettre en regard des près de 4 milliards d’euros annuels perdus par le budget de la politique familiale sous l’ère Hollande à cause des différentes réformes, réformes qui ont conduit à une chute de la natalité qui s’approche des 10 % à ce jour. [↩]