Le président de la République a annoncé hier soir la modification du financement d’une partie de la branche famille de la Sécurité sociale, par transfert d’une part des cotisations sociales vers la taxe sur la valeur ajoutée, qui sera augmentée de 1,6 points.
Cette décision grave, prise sans débat, sans consultation, sans délibération préalable de la représentation nationale, sous la pression des marchés financiers et du patronat, constitue une double rupture et une double injustice.
Rupture parce qu’il s’agit d’une remise en cause du principe même du financement de la Sécurité sociale par la cotisation, c’est-à-dire par un prélèvement à la source de la valeur ajoutée dédié à la solidarité.
Rupture parce que la fiscalisation de la Sécurité sociale, c’est-à-dire son étatisation, est le préalable nécessaire à sa privatisation, qui est réclamée par le patronat et qui sera imposée demain par les marchés financiers pour réduire les déficits publics si nous avons un gouvernement aussi servile que les précédents. Cette mesure est donc le premier étage d’une fusée qui en comporte plusieurs et qui a pour mission de placer la Sécurité sociale dans l’orbite de la finance pour en faire une nouvelle source de profits.
Injustice parce que la taxe sur la valeur ajoutée est un impôt indirect dégressif, qui impacte proportionnellement beaucoup plus les bas revenus que les hauts revenus (sur lesquels la consommation pèse nettement moins). Encore une mesure qui montre le choix de pouvoir actuel de favoriser toujours plus les privilégiés et de taxer toujours plus les défavorisés.
Injustice parce que les cotisations sociales représentent un salaire socialisé, une part de la richesse créée affectée au travail, et non au capital. Les baisser revient donc à baisser les salaires (puisqu’il n’y a aucune garantie de compensation par une augmentation équivalente des salaires nets), tout en diminuant encore le pouvoir d’achat par la hausse de la TVA. Soit à faire payer deux fois les salariés, pour augmenter d’autant les profits du capital (identifiés trompeusement à la « compétitivité des entreprises »).
Cette remise en cause du fondement même du financement de la Sécurité sociale issue du programme du Conseil National de la Résistance, réclamée par le MEDEF, est donc bien plus qu’un nouveau coup dur porté au niveau de vie des citoyens et leurs familles, plus qu’un ajustement technique prétendant améliorer la situation pitoyable de notre pays après un quinquennat consacré à renforcer les privilèges et accroître les inégalités : c’est la dernière digue qui protégeait la Sécurité sociale des marchés financiers et des appétits revanchards du MEDEF qui vient d’être abattue.
L’UFAL dénonce avec force cette double rupture et cette double injustice. Elle luttera sans relâche pour défendre la cotisation sociale et une fiscalité républicaine équitable en intervenant dans le débat public qui s’ouvre à la veille d’échéances politiques majeures pour les citoyens et leurs familles.
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