Rififi dans la majorité gouvernementale : l’examen par l’Assemblée Nationale de la proposition de loi du PRG sur l’extension de l’obligation de neutralité pour les structures privées accueillant des mineurs, sera finalement reporté au 11 mai. Mais nullement abandonné ! Explication : le PS lui reproche d’être susceptible de nuire à la majorité en « période préélectorale », car… trop laïque ! Comble de l’hypocrisie quand on connaît le contenu de la proposition, au contraire résolument anti-laïque ! »
Rappelons que, sous couleur d’« étendre l’obligation de neutralité » et d’« assurer le respect du principe de laïcité », ce texte introduit en son article 2 l’autorisation légale de verser des fonds publics aux crèches confessionnelles ! Soit une violation supplémentaire de l’art. 2 de la loi de 1905 interdisant le subventionnement des cultes. L’UFAL a clairement démonté cette « mécanique infernale » et appelé les Parlementaires à ne pas voter la proposition en l’état.
Pour une fois, on relèvera que le communiqué ad hoc de l’Observatoire (gouvernemental) de la Laïcité1 est en gros fondé juridiquement : il rappelle en particulier, comme l’UFAL l’a fait, qu’une loi n’est plus nécessaire depuis l’arrêt de la Cour de cassation Crèche Baby-Loup du 25 juin 2014. Alors, pourquoi cet acharnement à déposer ce texte, si ce n’est pour introduire subrepticement la violation de la laïcité que nous avons relevée ?
D’où le brevet de laïcité que cherchent à lui attribuer des protestations aussi vertueuses qu’intéressées -pur rideau de fumée. Les cléricaux d’abord : la Conférence des évêques de France : « On veut (…) promouvoir une société vidée de toute référence religieuse » ; l’Observatoire contre l’islamophobie au Conseil français du culte musulman : « Une politique d’intolérance religieuse systématique et spécifiquement dirigée contre les musulmans ». Et, toujours soucieux d’en faire plus, le Président de l’Observatoire (gouvernemental) de la Laïcité soi-même, Jean-Louis Bianco, sonne carrément l’alarme : « J’y vois un énorme danger pour la cohésion même du pays. » Rien de moins !
En réalité, si (par malheur) cette proposition de loi était adoptée, tous les cultes pourraient recevoir des subventions publiques leur permettant d’endoctriner les bébés ! Ils sont donc malvenus de se plaindre ! Les flonflons de ce bal de faux-culs n’ont pour objet que de couvrir la petite musique des espérances cléricales.
Si la « cohésion même du pays » est bien menacée, c’est par l’abandon de la laïcité et l’incitation financière publique à la ségrégation sociale et culturelle que constitue tout établissement confessionnel. Mais ne vivons-nous pas sous un gouvernement qui prône le développement de l’enseignement confessionnel ? Voilà que la gauche au pouvoir ressuscite la loi Debré : avec l’UFAL, les laïques ont toujours bien des combats à mener.