Emmanuel Macron a fixé au 9 décembre le deuil national rendant hommage à Valéry Giscard d’Estaing. Malencontreuse initiative, puisque c’est le jour-même du 115ème anniversaire de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat !
Célébrer le 9 décembre une journée de la laïcité est d’ailleurs une obligation officielle pour les établissements scolaires. Action symbolique, mais bien nécessaire au regard de la méconnaissance, et parfois de l’hostilité, des élèves, dont témoignent de récents sondages. Or, tout aussi symboliquement, cette journée sera effacée.
De la part d’un Président de la République qui annonçait, précisément pour le 9 décembre, une loi « renforçant la laïcité » (laquelle a finalement disparu de son intitulé final, notons-le), c’est au moins contradictoire. Ignorance, provocation, ou acte manqué ? Emmanuel Macron, pur produit de l’enseignement catholique, n’a jamais été à l’aise avec la laïcité : se rend-il compte de la signification symbolique de ce « deuil national » le 9 décembre ?
Quant à la mémoire du défunt, elle n’en sera pas grandie. Voilà qui nous rappelle en effet que c’est sous son septennat qu’a été votée la redoutable loi Guermeur (1977), aggravant la loi Debré de financement public de l’enseignement confessionnel. Sans compter de nombreuses autres gentillesses aux cultes. Révérence gardée, ce n’est certes pas en matière de laïcité que s’illustra le Président Giscard d’Estaing, à l’actif duquel on peut en revanche mettre plusieurs véritables avancées sociétales.
Cette superposition calendaire est aussi fâcheuse pour le défunt, honoré ainsi à titre superfétatoire, que pour la laïcité, qui devait l’être seule. Elle augure mal, en tout cas, de la loi à venir « confortant les principes républicains ».