Les races n’existent pas chez l’homme, au sens biologique qu’a pris ce mot depuis Gobineau (1855), sens dont on connaît les funestes conséquences. Mais, le racisme, paradoxalement, existe toujours.
Le racisme se définit par des propos et/ou des actes. Ainsi le Code pénal définit le propos raciste comme une « injure commise envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » et l’acte discriminatoire « toute distinction opérée entre les personnes physiques sur le fondement de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, […] de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une Nation, une prétendue race ou une religion déterminée ».
Deux caractéristiques sont retenues dans les deux cas : s’en prendre à des personnes, et l’appartenance vraie ou supposée à une catégorie de la population ou à une religion. Le mobile de l’acte raciste peut donc s’ancrer dans un stéréotype, ce qui explique le paradoxe d’un racisme sans race.
Mais le contexte actuel s’avère également important pour saisir les pièges de l’expression. Depuis quelques années, les mouvances islamiste et indigéniste détournent de manière perverse l’esprit de la loi afin d’interdire à terme toute critique de l’islam comme conviction, assimilée à du racisme.
La notion d’« islamophobie » constitue le cheval de Troie de ce retour du délit de blasphème. La mystification consiste ici à essentialiser la croyance, à faire de l’adhésion à une conviction non un choix personnel, mais un trait identitaire intangible assignant le croyant à une catégorie générique déterminée, le « peuple », la « communauté ». Voilà comment fut fabriqué le fantasme d’une « race musulmane », parallèlement à l’imposition du terme « islamophobie » aussi bien pour parler du rejet de l’islam que de la haine envers les musulmans.Faut-il dès lors s’empêcher d’employer le terme « racisme antimusulman » au prétexte que cela reviendrait à entériner ce fantasme de « race musulmane » et donc accréditer que toute critique de la religion serait raciste ?
C’est ce que nous ont reproché certains lecteurs après la publication de notre dernier communiqué qui employait le terme de « racisme anti-musulman ». Que les choses soient claires : un musulman sera toujours pour nous le fidèle d’une religion et jamais le membre d’un « peuple » car nous sommes contre toute réduction à une identité confessionnelle.
D’autant que, comme l’a souligné la LICRA, le « racisme » antimusulman est bien en réalité le faux-nez du racisme anti-Maghrébins de l’extrême droite qui fait actuellement son retour.
La lecture du communiqué ne laissait pas de place au doute, de même que le combat antiraciste de l’UFAL ne fait pas de doute, ni la liberté qu’elle prend de critiquer les idéologies, fussent-elles religieuses, et ce au nom de la liberté d’expression et de débat, essentielle dans une démocratie.
Ces distinctions s’avèrent indispensables aujourd’hui au combat antiraciste comme à la lutte contre l’islamisme.