Le canular estudiantin n’a pas de limites : encore doit-il assumer les messages qu’il entend faire passer. Les écervelé(e)s qui ont organisé à Sciences-Po une « journée du Hidjab » avaient paraît-il l’intention de répondre aux propos officiels (du Premier ministre, et de Laurence Rossignol) contestant le port du voile, et de provoquer au libre débat. C’est raté.
Cette mascarade est bien apparue comme une propagande pour la banalisation d’un signe, certes religieux, mais avant tout stigmatisant pour la femme et manifestant sa mise à l’écart dans les sociétés patriarcales. Peut-on plaisanter de tout ? Ca dépend au détriment de qui ! Il y a plus que de « l’impudeur » à oublier que pour des millions de femmes, le port du voile est une obligation, sous peine des pires châtiments. Où à ne pas comprendre que chez nous, bien des femmes et des filles, dans certains quartiers, n’ont pas le choix si elles veulent avoir la paix !
A côté de ces tristes réalités, qui éclairent bien la portée symbolique du voile, que valent les arguties sur la prétendue « liberté de se voiler » ? À peu près autant que celles des femmes qui disent « se prostituer librement » ou « aimer être battues ». Voilà un épisode de plus de la campagne prosélyte qui cherche à imposer, dans notre société très majoritairement sécularisée, la visibilité d’une seule religion dans un but de contrôle politique. Cette offensive vise très précisément toutes celles qui sont supposées, à tort ou à raison, appartenir à la « communauté des croyants » (musulmans), en les STIGMATISANT comme indécentes, voire mécréantes. Oui ! Parlons-en, de la stigmatisation !
On attend dans la foulée la « slave pride » (fierté esclave), qui verra chacun arborer fièrement les chaînes de l’esclavage, au nom du slogan orwellien (George Orwell, 1984) « la liberté, c’est l’esclavage ». Se moquer des opprimé(e)s depuis Sciences-Po, c’est d’un chic…