L’UFAL se félicite qu’enfin, au plus haut niveau de l’État, une prise de conscience officielle se manifeste du danger pour la République que représentent les menées de l’islam politique. Il était plus que temps de sortir du déni, sans confondre une religion avec ceux qui l’instrumentalisent pour embrigader les musulmans au service d’une idéologie rétrograde et mortifère.
Il est bon que le discours des Mureaux évite le terme piégé d’« islamophobie », et dénonce les idéologues racialistes et décoloniaux. Le Président se livre à une autocritique bienvenue des politiques publiques, notamment en matière d’urbanisme, d’abandon des services publics, de persistance des discriminations : comme l’UFAL le dit depuis toujours, le vide laissé par la République dans les « quartiers » est comblé par les associations communautaristes. Le rôle fondamental de l’école publique est souligné — mais nous ne suivrons pas le Président quand il lui assigne « d’inculquer les valeurs de la République », sorte de catéchisme d’État. L’école doit d’abord, grâce à l’acquisition des savoirs, permettre à l’élève de construire sa liberté.
La « reconquête républicaine » annoncée ne doit pas rester un mot d’ordre creux. Malheureusement, les propositions en matière d’urbanisme sont absentes, et le rétablissement des services publics paraît bien loin. Certes des mesures fortes sont prévues, qui seront connues le 9 décembre. Mais leur efficacité, voire parfois leur légalité, paraissent incertaines.
- Si l’on ne peut qu’approuver l’interdiction des menus confessionnels dans les cantines scolaires, ou des créneaux réservés aux femmes dans les piscines, on s’étonne que l’obligation de neutralité des agents exerçant une délégation de service public soit présentée comme une novation… alors qu’elle est déjà solidement établie en droit.
- Soumettre les subventions publiques aux associations à la signature d’une « charte de la laïcité », même dépourvue de valeur normative, ne nous paraît pas respecter la liberté associative, surtout s’il est assigné aux associations « d’unir la nation » — ce qui n’est l’objet que de celles qui le souhaitent.
- Quant à l’introduction de l’obligation scolaire dès 3 ans, elle est vraisemblablement anticonstitutionnelle, car contraire à la liberté d’enseignement. Aujourd’hui, seule l’instruction est obligatoire, ce qui permet l’enseignement à domicile, ou dans des établissements privés. L’UFAL dénonce, non l’existence de l’enseignement privé, mais son financement public depuis la loi Debré — sans compter le « séparatisme social » qu’il entretient.
- En outre, le Président contredit clairement l’engagement qu’il avait pris de ne pas toucher à la loi de 1905, dans laquelle il entend durcir le statut des associations cultuelles, tout en étendant les mêmes contraintes aux associations de la loi de 1905.
Cependant, la contradiction la plus grave vient de la volonté présidentielle de favoriser la création d’un « islam de France » qui serait « l’interlocuteur des pouvoirs publics » — situation quasi concordataire — donc contraire à la laïcité.
Le pire est que cette construction inclura notamment des personnages issus ou proches des Frères musulmans. Ce mouvement extrémiste international vise le rétablissement du califat et l’instauration de la charia, avec l’aide des milliards du Qatar aussi bien par le terrorisme que par le prêche. En France, ils dissimulent leur violence fondamentale derrière une apparence « d’islam du juste milieu ». Les salafo-wahhabites financés par l’Arabie saoudite les rejoignent : même islam fondamentaliste moyenâgeux, antisémite, homophobe, minorant systématiquement les femmes, et violent.
Or l’organisation de l’islam de France, et en particulier la formation des imams, serait confiée notamment à l’AMIF (association des musulmans pour un islam de France) — laquelle comporte dans ses organes dirigeants des personnages proches ou issus des Frères musulmans. De loin les mieux organisés grâce à une multitude d’associations, ils pourront imposer à tous les musulmans ainsi qu’aux pouvoirs publics leurs redoutables conceptions théologiques, et accroître ainsi leur pouvoir politique. L’UFAL alerte depuis longtemps sur ce danger, que le précédent ministre de l’Intérieur a purement et simplement nié devant nous (entrevue du 27 février 2020 avec les associations laïques).
Certes, l’on ne peut que souscrire aux fortes paroles du Président quand il affirme : « l’adhésion [de chaque individu]à l’universel républicain, c’est cela qu’il faut défendre ». Malheureusement, en ouvrant la porte aux salafistes et aux frères musulmans, il s’engage dans le chemin inverse.