Le Premier ministre a rappelé le 19 juin dernier que le Président de la République et le gouvernement souhaitent favoriser la formation d’un « Islam de France », qui serait l’interlocuteur unique des Pouvoirs publics.
Le Collectif Laïque National dénonce une opération qui, même si le gouvernement déclare se contenter « d’accompagner » les croyants, relève d’une conception concordataire du rapport entre l’Etat et les religions, donc contraire à la laïcité.
Un « Islam de France » n’a pas plus de raison d’être qu’un « christianisme de France » : ce « gallicanisme » n’a pas sa place depuis 1905 dans notre République. Les musulmans vivant en France, dans leur diversité, n’ont pas à se soumettre à une organisation unique à laquelle serait alors déléguée leur « représentation » auprès de l’État. Il en va de la liberté de culte, du principe de séparation — donc de la laïcité elle-même.
Le Collectif met en garde les pouvoirs publics actuels contre le risque pour la République d’offrir sur un plateau cet « Islam de France » à un interlocuteur tout prêt à en prendre les commandes : les Frères musulmans. Ce mouvement politico-religieux qui se pare en France de l’apparence inoffensive d’un « islam du juste milieu » a pour projet, depuis 1928, de rétablir le califat et d’instaurer la charia. Selon les pays, il recourt soit au terrorisme, soit à l’infiltration des institutions — comme en France. Financé par le Qatar, et soutenu par la Turquie, il se pose en rival des salafistes, mais défend un islam tout aussi rétrograde. Doté de plusieurs vitrines légales (« Musulmans de France » — ex UOIF — ; Comité Contre l’Islamophobie en France, etc.), il est présent dans nombre d’organisations musulmanes, notamment l’Association des musulmans pour un islam de France (AMIF), fondée par Hakim El Karoui.
C’est à ces représentants de l’islam politique que seraient confiées la gestion du marché « hallal » et la formation des imams.
Le Collectif Laïque National dénonce cette conjonction périlleuse pour la République entre des Pouvoirs publics uniquement préoccupés par la recherche — bien peu laïque — d’un « interlocuteur musulman unique », et une offre de services concentrée entre les mains de l’islamisme politique des Frères musulmans, auxquels sont ainsi livrés les musulmans de France.