Philippe Cardin, maire de Meylan en Isère, est poursuivi pour diffamation par des membres de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX). Ils ont porté plainte contre lui pour les propos suivants :
Ces valeurs, sur lesquelles s’est construite la ville de Meylan, sont bien différentes des messages extrémistes, intolérants et violents portés par la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X qui a déposé un projet de construction d’édifice religieux démesuré pour le quartier du Haut-Meylan. C’est parce que nous refusons que soient accolés à l’image de notre commune des combats qui ne sont pas les nôtres que nous nous opposons à ce projet et appelons au soutien républicain de l’Etat dans sa lutte contre le radicalisme.
Edito du Maire Philippe Cardin dans le journal d’information municipale de Meylan
(avril-mai 2021)
On le voit, pas de quoi s’autoflageller, et les requérants risquent d’avoir bien du mal mardi à convaincre le tribunal du caractère diffamatoire de ces propos. Qu’on en juge :
- Extrémistes ? À l’endroit même où la FSSPX souhaite construire son église, son prieur Jean-Marie Salaün entouré d’enfants a rendu une sorte d’hommage posthume à Jean-Bastien Thiry, officier de l’OAS condamné à mort pour avoir tenté d’assassiner le général De Gaulle.
- Intolérants ? Le site de la FSSPX de Meylan accueille des conférences. Ainsi celle intitulée « Les droits de l’Homme. Pourquoi et comment les combattre ? » donnée par Hugues Petit, professeur d’histoire du droit proche des milieux d’extrême droite, en avril 2018, ou encore celle intitulée « Théorie du genre : la nouvelle offensive contre Dieu et la Famille » donnée par Alain Escada, le président de l’officine d’extrême-droite Civitas1.
- Violents ? Un des prieurs de la FSSPX, l’abbé Xavier Beauvais, a participé à un camp d’entraînement paramilitaire, aux côtés d’Alexandre Gabriac, exclu du FN pour avoir fait le salut nazi.
En fait cette plainte n’est qu’une manœuvre pour intimider et fragiliser Philippe Cardin, qui demande à l’État d’intervenir pour refuser un permis de construire pour une église de 300 places sur le site géré par la FSSPX à Meylan (où il y a déjà un prieuré et une école hors contrat), après un rejet par le tribunal administratif de Grenoble en avril 2021 d’une demande en annulation dudit permis de construire signé par son prédécesseur malgré l’opposition d’une majorité du conseil municipal.
Le 10 mai, le Conseil municipal de Meylan votait à l’unanimité un vœu à l’adresse du Président de la République lui demandant « l’appui des services de l’Etat pour examiner notamment le bien-fondé et la légitimité du financement d’un tel projet, l’agrément d’une telle association et le respect des règles s’appliquant à l’école hors contrat ». Quoi de plus légitime alors que le Parlement était en train d’examiner le projet loi confortant le respect des principes de la République et qu’à la même époque, le Préfet du département voisin de Savoie a déposé un recours gracieux à l’issue positive contre le permis de construire d’une école confessionnelle de la Confédération Islamique Millî Görüş, en déclarant à son propos « On ne peut pas, en France, tolérer des établissements où on tient école de contre-République. C’est le devoir du maire et de l’État de ne pas accepter ce type d’initiative qui participe à un processus d’archipélisation de la société française ».
Le procès intenté à Philippe Cardin illustre la judiciarisation à outrance du débat public, qui est désormais le lot commun des républicains laïques qui s’opposent ou dénoncent les agissements des entreprises intégristes, séparatistes ou anti-républicaines, qu’elles soient le fait des islamistes ou des catholiques traditionalistes. Cette stratégie d’intimidation vise à réduire à l’impuissance et au silence, non pas en gagnant les procès, qui sont le plus souvent perdus, mais en fragilisant financièrement et psychologiquement tous ceux qui osent se mettre en travers de leur chemin de croix.
C’est pourquoi l’Ufal apporte son soutien à Philippe Cardin et à son appel à un « rassemblement républicain », et plus généralement à tous les élus locaux désarmés pour s’opposer au radicalisme et au séparatisme, mais harcelés judiciairement pour avoir osé le faire.