Jean Jaurès, le fondateur du journal l’Humanité estimait que le » socialisme était la République poussée jusqu’au bout « . Pour lui, la République correspondait à l’articulation entre le combat laïc (séparation de la sphère privée de la sphère publique, tant sur le plan religieux, institutionnel qu’économique) et le combat social (lutte contre les injustices et les inégalités) tous deux porteurs des principes républicains.
Que penser aujourd’hui de ceux qui veulent mener l’un des combats sans mener l’autre ?
Qu’ils ont une mauvaise analyse de la phase actuelle du capitalisme, dans la mesure où cette dernière (la mondialisation néo-libérale) organise le processus de marchandisation et de privatisation de la sphère économique publique grâce à l’instrumentalisation du communautarisme.
Soutenir le communautarisme quand on est de gauche c’est se » tirer une balle dans le pied pour mieux avancer ! »
La laïcité, séparation entre la sphère privée et la sphère publique, est la matrice du progrès pour le XXIe siècle dans lequel nous pouvons mener notre combat social. Sur le plan économique, la laïcité est la matrice des services publics dégagée de la loi du marché. Au nom de la laïcité, je suis hostile au secteur privé dans l’hôpital public. Sur le plan idéologique et religieux, la laïcité permet » le bien vivre ensemble » et le respect des choix de chacun (catholique, musulman, juif, protestant, athée ou agnostique) avec un droit à la différence qui ne devienne pas une différence des droits.
Sur le plan institutionnel, la laïcité permet le libre choix des citoyens dans l’État dégagé de la loi des dogmes. Sans le combat laïque, l’émancipation des femmes et l’objectif de l’égalité homme-femme ne seront jamais atteints car la parité, à elle seule, ne résoudra pas toute l’injustice faite aux femmes.
Sur » le bien vivre ensemble « , il est normal de construire des mosquées dans la société civile et que tout le monde enlève ses chaussures pour entrer dans une mosquée, il est tout aussi normal que les élèves suppriment leurs signes ostentatoires (croix, voile, kippa) en rentrant à l’école publique et que la banque CIC arrête de réaliser » les Masters de l’économie » dans l’école publique. Et puis, réfléchissons au 21 avril 2002 et à l’échec de la gauche gouvernementale. Elle est principalement imputable au fait que le dernier gouvernement de gauche a négligé les couches populaires. Et ce sont ces couches-là qui sont aujourd’hui porteuses du lien entre le combat social et le combat laïque.
Vouloir l’alliance des couches populaires et des couches moyennes, c’est commencer par lier le combat social au combat laïque. Les partis de gauche feraient bien de méditer cela s’ils veulent un jour revenir au pouvoir pour faire une politique de gauche en France et en Europe.
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