Protestation contre la nomination par la Commission européenne de personnes liées aux religions, de prêtres et de « vierges consacrées » occultant leur qualité de religieux, alors qu’il s’agit de conseiller sur des décisions qui engagent nos droits et notre modèle de société
Le 10 janvier 2011, le Président de la Commission européenne a nommé les membres du Groupe Européen d’Éthique. Celui-ci est chargé d’examiner les questions éthiques liées aux Sciences et aux Nouvelles technologies pour soumettre des avis à la Commission européenne pour élaborer des législations ou mettre en place des politiques communautaires.
Sont concernés des domaines comme celui des embryons humains ; la brevetabilité des inventions impliquant des cellules souches humaines, la recherche clinique dans les pays en développement, les tests génétiques dans le cadre du travail, les banques de sang du cordon ombilical, les implants TIC dans le corps humain, etc.
Le Groupe d’Éthique est une instance composée de quinze personnes issues de différents pays et nommées par la Commission européenne pour leur expertise et leurs qualités individuelles.
Il semblerait que les seules compétences et qualités qui vaillent dans ces domaines touchant à l’Humain soient religieuses puisque parmi les personnes nommées, on trouve 6 membres qui sont des professeurs de théologie dont l’un est un prêtre et une autre… une « vierge consacrée.
C’est par la lecture d’une revue chrétienne qu’Awsa-France a découvert cette information. En effet, la biographie des personnes publiée sur le site du GEE omet de mentionner la qualité religieuse des membres, au mépris du droit à la transparence et à l’information des citoyens européens. Et interdit tout contrôle sur l’obligation de neutralité et d’indépendance que doit remplir le membre.
D’autres membres sont aussi liés aux religions (comme un avocat enseignant à l’Université Catholique de Louvain et opposé par exemple à l’euthanasie). On ignore les liens des autres membres avec les religions.
Cette surreprésentation des personnes officiellement liées à la religion marque une dérive inquiétante, illégale et préjudiciable aux citoyens européens, car notre droit interne est soumis au droit européen, outre la tromperie de ces derniers sur les qualités réelles de certains membres.
Elle remet en cause la liberté de conscience et porte atteinte aux droits des citoyens de l’Union européenne puisque la société et le droit se voient définis à l’aune des religions.
– Elle peut entraver l’évolution scientifique et le progrès social dans les domaines concernés
– Elle laisse croire que l’éthique et la morale ne peuvent ressortir que des religions.
– On nie et on exclut totalement l’existence d’une éthique ou d’une morale laïque. Aucun représentant laïque n’est en effet nommé à cet organisme.
– Cette manière d’opérer est d’autant plus pernicieuse qu’elle est occulte pour les membres religieux qui se dissimulent derrière leur profession.
En effet, les statuts exigent neutralité et indépendance des membres.
La nomination de ces personnes est contraire au règlement en la matière qui dispose que le groupe d’Éthique est neutre et que les personnes qui le composent doivent être indépendantes de toutes influences extérieures. Ici, les personnes nommées n’ont rien de neutre ni d’indépendant à l’égard des influences religieuses.
Bien mieux, certaines d’entres elles ont donc même l’obligation d’agir pour le Christ et porter sa parole dans la société civile ; ce qui est le cas des » vierges consacrées », comme Marie-Jo Thiel, professeur de théologie à la faculté de théologie de Strasbourg, qui a été ainsi désignée alors qu’elle appartient à l’Ordre des Vierges Consacrées du diocèse de la Moselle.
Qu’est-ce qu’une « vierge consacrée » ?
Ce sont des religieuses en civil parmi nous. On pourrait dire des « infiltrées » dans la société. Elles sont reconnues par le droit canon, aux côtés des moniales, religieuses, etc. Elles sont épouses mystiques du Christ et dédiées au service de l’Église. Elles sont consacrées à Dieu par l’évêque du diocèse.
Voir par exemple le site du diocèse d’Arras : http://arras.catholique.fr/page-10290-vierges-consacrees-dans-diocese.html. En France, elles sont autour de 500.
L’engagement solennel pour toute une vie instaure un lien spécial d’ordre spirituel et canonique avec l’évêque du lieu. Les vierges consacrées vivent dans le monde « sans être du monde », elles doivent rayonner, l’Evangile selon ses appels personnels dans la société et la communauté chrétienne.
La vierge consacrée est donc chargée de promouvoir la religion dans la société et de référer de ses actions à l’Évêque. Autrement dit, il s’agit d’un genre d’agent infiltré dans la société civile dont elle estime ne pas faire partie, pour le compte de l’Église et qui prend ses ordres auprès de l’Évêque.
Les autorités européennes ne sont donc pas mises à même d’obtenir de tels membres l’avis neutre et indépendant auquel elles ont droit, dans l’intérêt de leurs missions et des citoyens européens
En conséquence :
Vu l’absence de transparence, vu les textes relatifs aux obligations à remplir par les membres, vu la surreprésentation des membres liés aux religions ou religieux, protestons tous auprès de nos Parlementaires Européens et auprès du Président de la Commission Européenne, M. José Manuel Barroso pour :
– exiger la démission de Marie Joe Thiel, vierge consacrée, qui ne répond pas aux critères de neutralité et d’indépendance exigés pour le poste
– de même, celle du Révérend Emmanuel Agius, religieux
– exiger que soient nommées également des personnes laïques auprès de cet organisme
Paris, le 16 mars 2011