Chers amis crématistes,
Je suis ici pour vous apporter les salutations fraternelles des membres de l’Union des Familles Laïques (UFAL).
L’Union des FAmilles Laïques est une association familiale au sens de l’article L211-1 du Code de l’action sociale et des familles et l’un des sept mouvements à recrutement général de l’Union Nationale des Associations Familiales (UNAF).
L’UFAL est une association agréée :
– Jeunesse et Éducation populaire, par le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative.
– pour la représentation des usagers du système de santé dans les instances hospitalières ou de santé publique, par le ministère de la Santé.
– Certaines UFAL départementales possèdent l’agrément « Association de consommateurs ».
Le rôle de l’UFAL est de :
– définir et de défendre les droits et les intérêts matériels et moraux des familles, de les représenter en toutes circonstances, d’agir en leur nom et d’intervenir, notamment auprès des pouvoirs publics, des organismes semi-publics, des collectivités et des institutions publiques ;
– d’agir avec tous les partenaires constitutifs de la vie sociale, en vue de garantir les droits matériels et moraux des familles et de l’enfant, dans le respect de la laïcité, de l’État et de la société.
Les principes défendus par l’UFAL :
L’UFAL considère la famille comme une construction sociale qui regroupe des personnes en fonction de leurs désirs, de leur histoire et des contraintes de leur environnement économique et social. De ce fait, l’UFAL entend s’intéresser à toutes les familles et aider toutes celles qui en ont besoin, sans discrimination et dans la diversité des choix librement consentis.
Pour l’UFAL, la laïcité est certes un cadre juridique, applicable à tous et garantissant la liberté de conscience. Elle assure le respect de la pluralité du paysage familial et de la réalité des modes de vie, garantissant ainsi l’égalité en droit de tous les citoyens.
Mais rafraîchissons les mémoires républicaines : bien avant d’être appliquée à l « sphère publique », la laïcité est apparue comme une conviction philosophique, fille des Lumières (Condorcet, 1743 – 1794). Le dictionnaire Littré, en 1873, accueille « laïcité » et « laïque », qui désignent à la fois une « conception politique et sociale » et le modèle d’organisation qui en dérive. « Les laïques » sont, depuis plus de 150 ans, les citoyens qui luttent pour deux principes essentiels : la « séparation des églises et de l’État » (Victor Hugo, 1850) et l’instruction publique obligatoire et neutre religieusement (Jean Macé, 1851). La laïcité constitue dès l’origine une « conviction paradoxale » : elle n’en professe aucune pour les permettre toutes.
C’est bien pour cela que les militants de l’UFAL savent que la fin de vie et le droit de mourir dans la dignité est un combat laïque comme que le sont les modalités d’organisation des obsèques.
Sous la pression de l’Eglise, depuis Charlemagne en 789, l’Europe avait abandonné la crémation au fur et à mesure des conversions au christianisme, dont les adeptes souhaitaient être inhumés « à l’image du Christ ».
C’est seulement en 1880 que la première « Société pour la propagation de la Crémation » a été créée en France. Un an plus tard, elle comptait 420 membres parmi lesquels des noms illustres : Léon Gambetta – Casimir Périer – Alfred Nobel – Paul Bert – Ferdinand De Lesseps – Victor Schoelcher – Edmond About…
Les esprits éclairés, les scientifiques soucieux de l’hygiène et du respect de l’individu, mais aussi les Francs-Maçons, les Libres Penseurs et tous les militants ayant des convictions laïques, avaient décidé d’agir en faveur de la reconnaissance de ce choix d’obsèques. Vous êtes le produit de cette histoire militante, l’UFAL n’oublie pas ce les familles laïques vous doivent.
La IIIe République a mise en place un cadre juridique assurant un principe d’« égalité » face à la mort, tout en garantissant aux croyants, et notamment aux catholiques majoritaires de l’époque, la possibilité d’être inhumés selon leurs rites.
Dans le contexte des lois de séparations des églises et de l’État, la loi du 28 décembre 1904 portant abrogation des lois conférant aux fabriques et consistoires le monopole des inhumations a attribué aux communes le service extérieur des pompes funèbres.
Sous la pression de la mutualité ouvrière et grâce à l’Europe, la loi de 1993 a ouvert ce secteur à la concurrence et le monopole des services funéraires a été aboli.
La politique de délégation de service public utilisée par les communes avait malheureusement abouti à la création de fait d’un monopole qui livrait les familles aux Pompes funèbres générales (PFG). Cette ex-filiale de la Lyonnaise des eaux revendue en 1995 au leader mondial des services funéraires, l’américain SCI (Service Corporation International), était la grande bénéficiaire du système de concession puisqu’elle organisait à elle seule 30% des obsèques en France.
C’est pourquoi parallèlement au combat politique contre l’obligation de suivre les dogmes religieux, se sont constitués des formules de financement solidaires des obsèques afin d’assurer l’égalité dans les funérailles. Ce fut le rôle et le combat des caisses de secours mutualistes ouvrières, des caisses de solidarité maçonniques ou de libre-penseurs.
Aujourd’hui grâce à votre action opiniâtre, la possibilité d’obtenir la crémation dans la dignité est devenue plus facile.
Mais à l’UFAL nous savons bien que les acquis peuvent être très rapidement mis en cause surtout lorsqu’il vont à l’encontre des dogmes religieux. C’est pour cela que je suis ici aujourd’hui pour affirmer notre solidarité et fraternité dans votre action.
Beaucoup reste à faire.
Il reste beaucoup de crématoriums à faire sortir de terre.
Il faut continuer à nous battre pour que la Loi du 15 novembre 1887 sur la liberté des funérailles soit effectivement suivie de créations des conditions pleines et entières de l’exercice de nos libertés dans la dignité.
C’est pour cela que nous revendiquons la mise à disposition d’une liste de salles funéraires adaptées à des cérémonies funéraires non religieuses à moins de 50 kms de chaque commune.
De même nous restons vigilants pour que la loi du 14 novembre 1881 instituant la neutralité des cimetières, dans lesquels se trouvent aussi les columbariums, soit respectée.
Car les cimetières sont des lieux publics civils, où toute marque de reconnaissance des différentes confessions est prohibée dans les parties communes. Seules les tombes peuvent faire apparaître des signes particuliers propres à la religion du défunt.
Voila beaucoup de combats à partager. Retrouvons nous car ensemble nous serons plus forts pour promouvoir nos convictions laïques donc crématistes.
Nicolas Pomiès
Membre du bureau national de l’UFAL