On disait l’Arabie Saoudite embarrassée. Elle avait même arrêté les coups de fouet preuve de sa bonne volonté à l’égard du blogueur Raef Badaoui, 31 ans, condamné à dix ans de prison et à une vingtaine de séance publiques de flagellation (50 coups de fouet chacune) pour "insulte à l’islam". Mais le quotidien a-t-il réellement changé pour le jeune homme depuis son arrestation il y a trois ans ?
Pas vraiment. Ah si ! Raef Badaoui a reçu, cette semaine, « le prestigieux prix Sakharov pour la liberté de l’esprit du Parlement européen. »
La France a quant à elle annoncé, il y a quelques semaines à peine, le 13 octobre dernier, une deuxième vague de contrats (très juteux) signés avec le royaume saoudien et son prince, le roi Salman, un – « partenaire exceptionnel et privilégié » – pour un montant de 10 milliards de dollars supplémentaires. (ndlr 10 milliards avaient déjà été annoncés en juin sur les 50 milliards promis par l’Arabie Saoudite pour « redresser » l’économie française.)
Or voici que sous le règne de ce même roi Salman, Raef Badaoui a « récemment été transféré » dans « une prison isolée » nous apprend l’épouse du blogueur, Ensaf Haidar, aujourd’hui réfugiée avec ses trois enfants au Canada, dans une interview accordée à Paris Match quelques heures avant de recevoir le prix.
« La prison Shabbat Central, où Raif est aujourd’hui incarcéré, explique-t-elle, est faite pour les individus dont le verdict a été confirmé par un dernier jugement. Autrement dit, un verdict final. Comment garder espoir dans ces conditions ? La peine va être appliquée, Raif va rester dix ans en prison et sera à nouveau flagellé… il lui reste à subir 950 coups de fouet ! Depuis son transfert, je n’ai eu aucune nouvelle de lui. La dernière fois, il me disait qu’il commençait une grève de la faim. »
En « mauvaise » santé, moral « au plus bas », Raef Badaoui risque donc d’être mort lorsque la France, patrie des Droits de l’homme, signera la prochaine salve de contrats.
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